lundi 20 juin 2011

Quelque part (Somewhere)


-          Quelle serait la réplique que tu retiendrais de ce film ?
-          Laisse-moi réfléchir… Non, c’est bizarre mais rien ne me vient à l’esprit.
-          Ne cherche pas plus loin : cette question était purement rhétorique et ne servait qu’à débuter cet article.
-          Je me disais aussi : qu’est-ce que tu essayais de faire avec cette interrogation ? Me déstabiliser ? Il m’avait bien semblé que les paroles n’ont presque aucune importance dans « Somewhere », Lion d’Or à la Mostra de Venise. On y parle peu, et pour ne rien dire.
-          Je dirais aussi qu’on y bouge peu, et pour ne rien faire. Ou plutôt si : Johnny Marco, personnage principal du film, est une vedette hollywoodienne, et avant tout un occidental qui comble ses journées d’activités que tout le monde rêverait de faire : fêtes, balades en Ferrari, voyages dans les plus grands palaces... Logeant dans l’hôtel du Château Marmont, lieu emblématique des stars d’Hollywood, il vit luxueusement et dans une oisiveté presque totale. Et pourtant, rien ne nous attire dans son existence.
-          C’est que nous sommes dans le quatrième film de Sofia Coppola. Johnny Marco s’ennuie, bien qu’il ait tout, pour exaucer tous ses désirs. Il est aussi désespérément seul, alors qu’il est en permanence entouré des autres locataires de l’hôtel, ce que la mise en scène et l’acteur Stephen Dorff nous font parfaitement ressentir. Bref, on est bien loin de l’image que l’on a habituellement de la vie de ces acteurs richissimes et célébrissimes.
-          RRzzz… Tu n’aurais pas une blague, plutôt ? Je crois bien que nous sommes en train d’endormir tout le monde, là. Pas de dialogues, pas d’action, de l’ennui et de la solitude : un programme qui doit faire rêver tous nos lecteurs.
-          C’est malin, ton intervention vient de gâcher tout mon effet. Et bien, justement : le film est, malgré son sujet, passionnant et fascinant. Du début à la fin, on se demande s’il est possible d’être autant décalé avec la réalité, aussi enfermé dans son monde ?...
-          Tu devrais me remercier, je viens juste de t’en sortir.
-          …  « Somewhere » multiplie les métaphores de l’isolement et de l’enfermement. On ne peut qu’être saisi par le plan qui introduit le film, et celui de la séance de maquillage pour les effets spéciaux d’un film dont Johnny Marco est le héros. Plans fixes, longs, mais qui nous emportent dès le début. Et qui parfois décrivent des choses si ahurissantes…
-          Je vais arrêter de faire l’avocat du diable : « Somewhere » est bien plus qu’un très bon film. Sofia Coppola filme le vide et le silence comme personne. J’exprimerais juste une légère déception quant à la musique du groupe français Phoenix, qui est tellement bien qu’on aurait aimé l’entendre plus souvent, ou alors ne pas l’avoir déjà découverte dans la bande-son du film-annonce.
-          Tu as frappé fort, là : « le seul défaut c’est que c’est trop bien »… Pitoyable.

On retiendra…
L’atmosphère du film. Son rythme lent calme et donne envie d’y assister de nouveau.
On oubliera…
Les derniers instants du film. On aurait pu s’attendre à plus d’originalité, au vu de la qualité de ce qui précède.

A noter :
Le Lion d’Or décerné à « Somewhere » comme le reste du palmarès a suscité quelques polémiques : Quentin Tarantino, président du jury, a aussi été le compagnon de Sofia Coppola. Selon nous, elle reste méritée.

« Somewhere » de Sofia Coppola, avec Stephen Dorff, Elle Fanning,…

Par Imer et Miltiade.

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