lundi 20 juin 2011

Fuir ou danser au cinéma (Pina et Essential Killing)


-          Cette semaine, deux films exceptionnels : le premier film d’auteur réalisé en 3D, « Pina », et une chasse à l’homme comme on n’en a jamais vue racontée dans « Essential Killing ».
-          « Pina » de Wim Wenders propose de la danse et rien que de la danse. C’est sa principale qualité…
-          … mais aussi son principal défaut ! On aurait aimé que le film, présenté comme un documentaire, en soit vraiment un. Or, on y découvre qu’une alternance de scènes de danse, extraits de quatre œuvres de Pina Bausch. C’est évidemment très beau mais ça manque de sens pour le spectateur novice en danse contemporaine.
-          Ce qui est notre cas. Dans le film, rien ne vient nous expliquer l’importance du travail de la chorégraphe pour la danse contemporaine. On est juste convié à plonger au cœur de son œuvre à travers de scènes de danse spectaculaires, captées avec une 3D impressionnante, pour la première fois bien utilisée au cinéma depuis… la sortie d’ « Avatar » fin 2009.
-          Il en aura fallu du temps pour voir un film pensé pour la 3D utiliser convenablement ce procédé !
-          Le défaut de « Pina » est qu’il montre sans expliquer. En guise de rares commentaires, des danseurs prononcent tour à tour quelques phrases sur le regard que portait la chorégraphe sur leur travail. Mais ces propos sont si laudateurs qu’ils en deviennent répétitifs et lassants, et surtout ne nous permettent absolument pas de comprendre qui était vraiment Pina Bausch.
-          Si on ne s’en tient qu’au film, ce serait une déité, un ange, une grâce…
-          … mais certainement pas une mortelle. Ce dont on doute moins à propos de Mohammed, l’homme pourchassé dans « Essential Killing », prix d’interprétation masculine à Venise pour Vincent Gallo. « Essential Killing » est un film-concept : il raconte la fuite d’un homme, sûrement un terroriste, pourchassé par l’armée américaine, à travers la nature gelée d’un pays d’Europe du Nord, et ne s’en tient qu’à la narration de cette fuite.
-          Le film est très épuré : l’intrigue est réduite au strict minimum, très peu d’informations sont offertes au spectateur, et les dialogues inexistants. Seule compte l’urgence de la fuite. C’est donc forcément un peu exigeant pour le spectateur, mais le résultat est magnifique. Les péripéties s’enchaînent, imprévisibles et toujours résolues de façon surprenantes, entrecoupées de rêveries du personnage perdu dans une nature qui lui est aussi hostile que les hommes qui le poursuivent.
-          Un vrai voyage, beaucoup mieux filmé et prenant que les pérégrinations sans âme des « Chemins de la liberté » sorti au début de l’année.
On retiendra…
L’intrigue minimale de « Essential Killing » et l’alliance de la danse et de la 3D dans « Pina ».

On oubliera…
L’absence d’informations sur ce qui nous est montré dans le film de Wenders.

« Pina » de Wim Wenders et « Essential Killing » de Jerzy Skolimowski.

Par Miltiade

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