lundi 22 octobre 2012

* (Astérix et Obélix, au service de sa majesté)



-          Les adaptations d’ « Astérix » au cinéma, confiées chaque fois à des réalisateurs et producteurs différents, ont à peu près balayé tout le spectre de la comédie française, au point qu’après le sommet d’ « Astérix et Obélix : mission Cléopâtre » et l’abîme d’ « Astérix aux Jeux Olympiques », on ne savait vraiment plus à quoi s’attendre de la part du nouvel épisode de cette série qui ne cartonne qu’en Europe.
-          Ah bon, ça ne cartonne qu’en Europe ?
-          Quand même ! Les films, avec leur kitsch qui à la longue passe pour étudié, ne peuvent faire rire que les lecteurs de la bande-dessinée ! Qui sont bien plus nombreux ici qu’outre-Atlantique.
-          C’est le paradoxe des aventures d’ « Astérix » au cinéma : les quatre films ont disposé des plus gros budgets du cinéma français, mais ressemblent tous à des productions en carton-pâte. La faute aux cachets des acteurs, puisque chaque casting rassemble tous les comiques du moment en France.
-          Non, ne te plains pas du casting, car sans celui-ci, la potion magique serait bien dure à avaler pour ce quatrième film décevant.
-          Décevant : forcément ! Le référentiel qu’est l’épisode réalisé par Alain Chabat, peut-être insurpassable, ne pourra qu’écraser tous les futurs « Astérix » réalisés au cinéma. Les spectateurs sont maintenant bien plus exigeants.
-          Oui, mais exigeants ou pas, tu dois quand même reconnaître que le film n’est pas si drôle que ça. En fait, il ne décolle jamais, et ne comporte que de loin en loin quelques vrais gags.
-          C’est le défaut des réalisations de Laurent Tirard (« Molière », « Le petit Nicolas ») qui travaille trop son scénario et sa réalisation, au point que ces films peinent à surprendre. Trop calculés, les gags ne déclenchent pas les cascades de rires espérées. Laurent Tirard a retenu  les leçons du succès d’ « Astérix et Obélix : mission Cléopâtre » et de l’échec d’ « Astérix aux Jeux Olympiques » mais ne s’est pas écarté d’un pouce de cette recette : il redonne les rôles principaux à Astérix et Obélix, sans pour autant négliger la galerie de second rôle, multiplie les anachronismes et les références cinématographiques, reste très fidèle à la BD d’origine.
-          Avec son cadre trop rigide, cet épisode n’a pas su ménager des espaces de liberté aux acteurs. Même si Edouard Baer est épatant en Astérix, il a été comme tous les autres acteurs bien plus drôles ailleurs. Idem pour les anachronismes et les références (de « Orange mécanique » à « 300 »), qui paraissent plaquées.
-          Seule véritable nouveauté : la 3D ! Et qui est une très bonne surprise, car elle est de très bonne facture et n’est pas utilisée pour envoyer des menhirs sur la tête des spectateurs.

On retiendra…
Edouard Baer en Astérix, la diction des personnages anglais, quelques gags, la 3D.

On oubliera…
Trop calculé, presque trop travaillé, cet épisode ne fait pas rire autant qu’attendu. Il manque une certaine liberté. C’est dommage, car les idées étaient pourtant là.

« Astérix et Obélix : au service de sa majesté » avec Edouard Baer, Gérard Depardieu,…

lundi 15 octobre 2012

Dans la critique (Dans la maison)



-          Aïe !
-          Ah ! Tu ne t’y habitueras jamais, à cette entrée. Mais vu comme tu es grand, aussi, ce n’est pas étonnant que tu te cognes à chaque fois la tête en entrant dans ma maison.
-          Aïe… Je vais avoir une belle bosse sur le front… Enfin, heureusement, ça a été bien moins douloureux de rentrer dans le film de la semaine, « Dans la maison ». Bien moins douloureux mais quand même difficile.
-          C’est vrai qu’on a un peu de mal au début à accepter ce que nous propose François Ozon dans ce nouveau film : on ne la trouve pas du tout captivante la prose de cet élève de première, qui termine chacune de ses rédactions par un « à suivre… » amenant son professeur de français à lui demander inlassablement, semaine après semaine, de continuer à écrire… Sans compter que ce que raconte les rédactions de l’étudiant est systématiquement montré au spectateur, et au début on se passerait bien de cette voix-off si illustrative.
-          Mais cette redondance finira par prendre sens… Le film est un jeu qui finit par nous emporter, et on prend alors un grand plaisir à se laisser manipuler par cette histoire dont on oublie l’invraisemblance. Passé le début, l’exploit du réalisateur est de réussir à raconter une histoire de plus en plus troublante et inquiétante sans ne jamais mettre mal à l’aise le spectateur ! Le rythme du film est parfaitement mené. Alors que les liens entre réalité et fiction se resserrent, la mise en scène se fait plus inventive, et offre à Luchini un formidable espace où dérouler son numéro de comédien dont on ne se lassera peut-être jamais.
-          Dommage que le film se termine ainsi ! A force de nous manipuler, le réalisateur semble s’être pris à son propre piège. Il n’arrive plus à terminer son film, préférant balayer une multitude de fins possibles diluant le sens de son film, pour finalement en choisir une aussi invraisemblable que l’amorce du film. Mais cette fois-ci, le spectateur n’aura pas le temps d’y croire…
-          Vraiment regrettable. La baisse de niveau finale remet au premier plan l’artificialité du dispositif développé par le film, qu’on avait alors si plaisamment oublié ! Ce retour était peut-être incontournable, mais aurait dû être adouci… On se rend compte aussi que « Dans la maison » a un fond bien moins original que sa forme, et se fait parfois beaucoup trop démonstratif. De plus, le film est constellé de petites erreurs, de son générique d’introduction à un gag final mal placé.
-          Heureusement, la semaine prochaine nous vous parlerons d’un film complètement différent.
-          Ah, celui-ci j’ai hâte de le voir !
(A suivre…)

On retiendra…
Un dispositif captivant, Fabrice Luchini dans son rôle archétypal, le scénario astucieux et bien construit.

On oubliera…
Un dispositif trop artificiel : on a autant de mal à entrer dans le film qu’à en sortir.

« Dans la maison » de François Ozon, avec Fabrice Luchini, Ernst Umhauer, Kristin Scott Thomas,…

lundi 8 octobre 2012

Mon cerveau m’a été enlevé (Taken 2)



-          Je ne compte plus le nombre de fois où j’ai entendu des gens se plaindre du cinéma français. Trop ennuyeux, trop psychologique, trop triste, trop compliqué…
-          Ah ! Si seulement ces adjectifs pouvaient s’appliquer à « Taken 2 » ! Cette superproduction nationale, disposant de l’un des plus gros budgets réunis par le cinéma français, n’est pourtant pas identifiée par bon nombre de spectateurs comme un film bien de chez nous.
-          Mais comment les spectateurs peuvent-ils ne pas s’en apercevoir ? Bon, il est vrai que le film a été tourné en anglais sans acteurs français, en Turquie et aux Etats-Unis, que la réalisation imite celle des derniers films d’action américains, mais quand même : il y a écrit Luc Besson sur l’affiche et le nom du réalisateur ne sonne-t-il pas français : Olivier Megaton ?
-          J’espère que ces interrogations étaient rhétoriques. Avec ce mode de production, Luc Besson (à travers sa société Europacorp) réussit à générer les plus hauts profits du cinéma hexagonal à l’étranger. Sorti en 2008, « Taken » avait connu un grand succès à travers le monde malgré la démolition critique de la presse. C’est rare qu’un film oppose à ce point critiques et spectateurs. Pour moi, ce succès est un mystère : « Taken », ce n’est vraiment pas terrible. Avec un scénario capable de toutes les invraisemblances pour rester simple et linéaire et des scènes d’action pas du tout palpitantes, le film n’avait de mon point de vu rien pour plaire.
-          Allez, maintenant que tu as vu sa suite, tu as un début de réponse… Ce que recherchaient les spectateurs de « Taken », c’était le plaisir régressif d’un scénario débile mais aux allures de drame. « Taken 2 » contient encore plus d’énormités que « Taken ». Passons sur toutes les coïncidences ménagées par l’histoire et les raccords honteux entre deux actions qui n’ont absolument pas la même cohérence temporelle. Voir ce qui deviendra assurément la scène culte du film procure ce genre d’ébahissements qui nous ont conduits à hausser la note du film de une à deux étoiles : l’héroïne du film balance à la demande de son père et sans aucun scrupule des grenades dans les rues bondées du bazar d’Istanbul, et ce sans que cela ne choque qui que ce soit.
-          Alors même qu’un dialogue rappelait qu’Istanbul était la jonction entre l’Orient et l’Occident ! Mais ne vous inquiétez pas : malgré les apparences, il n’y a aucune idéologie abjecte cachée derrière « Taken 2 ». Juste de la bêtise : Liam Neeson agissait aussi impunément dans le Paris de « Taken ».
-          En mettant en images ce bijou scénaristique, Olivier Megaton prouve qu’il est aussi bourrin que son nom d’artiste le laissait entendre. Imitant la réalisation stroboscopique de Paul Greengrass, Megaton multiplie jusqu’à l’écœurement les points de vue pour filmer une scène, et obéit quel que soit son sujet à ce qui doit être sa règle d’or : plus un plan est court et meilleur il est. On met au défi quiconque de comprendre la mise en scène de la première scène de dialogue du film, absolument illisible. Lorsque Paul Greengrass filmait ainsi les courses-poursuites de Jason Bourne, on justifiait sa mise en scène par une exacerbation de la paranoïa ambiante. Dans les deux « Taken », le héros, un ex-militaire mal réinséré dans la société civile, est effectivement paranoïaque… sauf que les scénaristes lui donnent toujours raison.

On retiendra…
La débilité du scénario et de sa morale finale. Deux scènes d’action très réussies. Le décor stambouliote.

On oubliera…
Quand donc Luc Besson le comprendra-t-il ? Imiter Hollywood ne doit pas signifier prendre ses spectateurs pour des imbéciles.

« Taken 2 » d’Olivier Megaton, avec Liam Neeson, Maggie Grace, Famke Janssen,…

lundi 1 octobre 2012

Vrai ou faux ? (Wrong)


Vous ne supportez plus de remplir les grilles de mots croisés ou de sudoku du 20minutes en amphi ? Tentez de répondre à ce « Vrai ou faux ? » !


1.       Le titre du film de la semaine est « Right ».
2.       J’aime les petits pois.
3.       Après « Steak » et « Rubber » (épisode 7), c’est le troisième film de Mr Oizo.
4.       Ce long-métrage m’a permis de mieux comprendre la guerre des Boers.
5.       Il s’agit de son meilleur film.
6.       Les hommes barbus peuvent communiquer par télépathie avec les chiens.
7.       On y découvre Eric Judor (mais pas Ramzy) parler sa langue maternelle, l’anglais.
8.       Aujourd’hui, Météo France prévoit de la pluie dans les amphis.
9.       Arctan (exp (sin (ln Pi) ) ) = 5.
10.   Un palmier laissé sans surveillance se transforme en sapin.
11.   Utopia Toulouse diffuse le film gratuitement jusqu’au 6 novembre. Alors faites-vous plaisir, allez le voir.

Réponses :
1.       Wrong. The title is « Wrong ».
2.       Vrai. Surtout quand il neige dehors.
3.       Faux. Ou presque vrai : Mr Oizo signe la musique. Quentin Dupieux réalise. Mais il s’agit de la même personne.
4.       Faux. « Wrong » a un tout autre sujet, mais je serai bien incapable de le citer. « Wrong » n’a aucun sens : c’est du nonsense. Mais on ne peut s’empêcher, tout au long du film, de se demander si le réalisateur-scénariste n’a quand même pas caché quelque chose derrière tout ça. C’est justement la question qui empêche ce non-sens de lasser, et qui évite au réalisateur de devoir se lancer dans une escalade de l’absurdité pour maintenir l’attention du spectateur.
5.       Indécidable. La carrière cinématographique de Quentin Dupieux vient juste de commencer. Il est maintenant en train de préparer le tournage du premier scénario qu’il a écrit, « Réalité », avec Alain Chabat.
6.       Pas que je sache, mais n’ayant ni barbe ni chien je ne peux me prononcer.
7.       Faux. Eric Judor est français, et ça s’entend quand il parle anglais. Ça se ressent aussi dans son interprétation. Qui n’en est que plus drôle.
8.       Faux. Comme ça ne surprendra personne, j’ajouterai très à-propos que la photographie de « Wrong » est très belle. Comme pour « Rubber », le film a été tourné avec un appareil photo Canon. Dupieux sait s’en servir comme personne au monde. Cet appareil lui permet d’apporter une touche légèrement irréelle à son image, par exemple il ne corrige pas ses très légère saccades.
9.       Faux. Les MIC auront déjà calculé un résultat proche de 46. Par contre, 5 est bien la note accordée au film. « Steak » nous avait déjà beaucoup fait rire. C’était encore mieux avec « Rubber », qui avait confirmé que Quentin Dupieux était un réalisateur ovni. « Wrong » dépasse ses deux prédécesseurs.
10.   Faux. D’après mon expérience personnelle.
11.   Hélas, faux. Ce n’est pas gratuit. Mais allez-y quand même. Et une fois vu, essayez de nouveau de répondre à ce Vrai/Faux. Il se peut que ce soit beaucoup moins évident…

« Wrong » de Quentin Dupieux, avec Jack Plotnick, Eric Judor, William Fichtner,…