samedi 16 février 2013

La course aux Oscars 4 : opéra (Les misérables)



-          Et pour cet ultime article sur les Oscars
Nous allons vous parler de « Les Misérables »,
C’est un long-métrage au parcours incroyable :
Des cinq romans au musical, quel grand écart !
-          « Comédie musicale » ne convient guère
Puisqu’on y rit peu, ce n’est pas vraiment joyeux
Mais tous y chantent tout le temps, c’est somptueux :
Ils chantonnent qu’ils meurent ou fassent la guerre.
-          Irréel mais absolument original
Aussi puissant qu’un opéra, on est ému.
-          Ce long-métrage pour moi tout sauf attendu
Déçu que j’étais par le succès mondial
Du réalisateur appelé Tom Hooper.
Malgré mes préjugés sur « Le discours d’un roi »
Je me dois reconnaitre que pour cette fois
Ce projet était risqué, pouvait faire peur :
Exiger de stars de cinéma de chanter
Leurs terribles malheurs dans la France d’antan.
-          Mais Hugh Jackman et Hathaway sont épatants !
Et bien qu’il finisse par un peu s’essouffler
Au moment des barricades de Saint-Denis,
Par la représentation que n’aurait osée
Aucun cinéaste à Victor Hugo lié
Par sa nationalité, on est saisi :
Le cadre dans lequel évoluent les acteurs
Est une France aussi rêvée qu’anhistorique
Où la misère montrée est cinégénique.
-          La vitesse du film qu’exige l’épaisseur
Des événements de l’œuvre hugolienne
Ne dessert pas cette réalisation :
Sidérant est par sa précipitation
le déclin de Fantine. Mais est plus moyenne 
la mort de Gavroche qui est là trop rapide.
-          Un défaut aussi issu du « Discours d’un roi »
Vient des cadrages, toujours autant adroits,
Mais dont pourtant la diversité est trop fine.

On retiendra…
Un film incroyable par sa forme : tout est chanté dans des décors dépeignant une France mythologique. Hugh Jackman joue si bien qu’on ne le reconnait plus, Anne Hathaway est bouleversante.

On oubliera…
Après une première partie extraordinaire, arrive l’idylle entre Cosette et Marius qui convainc moins. Le film perd alors un peu de sa puissance, mais le final est extraordinaire.

A noter :
Le film est uniquement distribué en VOST – on comprend rapidement pourquoi.

« Les misérables » de Tom Hooper, avec Huhg Jackman, Russel Crowe, Anne Hathaway,…

dimanche 10 février 2013

Le ruban blanc (Möbius)



-          Un an après son Oscar, Jean Dujardin est de retour au cinéma avec un ambitieux film français : « Möbius » d’Eric Rochant. Ambitieux car c’est un thriller, genre rarement exploré dans le cinéma français.
-      Plus qu’ambitieux, je dirai qu’Eric Rochant est audacieux. Son scénario est impeccable, l’histoire de « Möbius » est très ingénieuse. Surtout, il ose : son scénario comporte des scènes extraordinaires… mais qui représentent aussi un défi à mettre en scène.
-          Sauf que la fortune ne sourit pas toujours aux audacieux. Eric Rochant ne se révèle pas aussi bon réalisateur que scénariste. Les prises de risques de son scénario sont mis en scène avec un bonheur inégal. Lorsque c’est réussi, c’est formidable et d’une rare intensité – mais certaines scènes laissent aussi dubitatives, voire donne envie de ricaner.
-       J’ai comme l’impression que cette critique sera légèrement sibylline… Mais vous dévoiler l’intrigue d’un thriller ne serait pas une récompense pour vous qui nous lisez !
-          On ne trahira personne en vous parlant d’une de ces erreurs qui interloquent : le personnage joué par Jean Dujardin est… russe. Mais Jean Dujardin n’est pas (ou alors pas encore) un acteur capable de se transformer pour un rôle. On ne croit pas une seule seconde à sa nationalité russe, même en le voyant parler russe !
-       En effet, Jean Dujardin n’est pas Gérard Depardieu. Dommage pour l’acteur, car sinon il est très bien ! Malgré ses erreurs, et notamment une dernière partie bien moins réussie qui tire le film vers le bas, « Möbius » est un film extrêmement intéressant, parce qu’il ose au risque de se rater.

On retiendra…
Sur un scénario formidable, Eric Rochant tente beaucoup de choses…

On oubliera…
… mais ses essais ne convainquent pas toujours.

« Möbius » d’Eric Rochant, avec Jean Dujardin, Cécile de France, Tim Roth,…

Le tour de Gaule (Vive la France)



-          Incroyable. Je n’en reviens toujours pas. Michael Youn est… intelligent.
-       Attention, ce sujet est sensible. Notre crédibilité risque d’en prendre un coup ! Tu veux faire quoi ? Défendre Michael Youn ? Te fâcher avec tes lecteurs ?
-          J’en suis le premier surpris ! Mais au cinéma, tout peut changer du jour au lendemain : qui aurait pu deviner le parcours de Jean Dujardin à la sortie de « Brice de Nice » ? Michael Youn représentait pour moi le pire du cinéma comique hexagonal. Rarement un comédien aura enchaîné autant de bides publics…
-          « Rarement » en effet, car je crois que Clovis Cornillac doit maintenant détenir le record.
-         … et beaucoup de ces films doivent être irregardables. Jusqu’à la sortie de sa première réalisation en 2010 : « Fatal ». Les critiques positives m’avaient intrigué. Le film était extrêmement drôle et beaucoup moins bête que je ne le pensais.
-          Malgré tous leurs efforts pour nous faire convaincre du contraire, les comiques sont intelligents. Le même doute planait dans mon esprit à propos d’Eric et Ramzy jusqu’à ce qu’ils tournent « Steak » (2007) de Quentin Dupieux.
-        Dans sa deuxième réalisation, « Vive la France », Michael Youn continue de surprendre avec cette nouvelle comédie, qui, bien qu’un peu moins drôle que « Fatal », est toujours aussi satirique et subversive  Incroyable aussi de le voir s’émouvoir des paysages de la France et du Sud-Ouest…
-    Si on doute que sa carrière en tant qu’acteur décolle un jour, on espère qu’il acquerra une vraie reconnaissance comme réalisateur de comédie. Notre regard sur Michael Youn a bien changé !

On retiendra…
Cette deuxième réalisation de Michael Youn se révèle très drôle et subversive dans ce portrait satirique de la France.

On oubliera…
Quant à Youn, il se laisse un peu trop attendrir par le Sud-Ouest…

« Vive la France » de et avec Michael Youn, José Garcia,…

samedi 9 février 2013

La course aux Oscars 3 : chasseur de députés (Lincoln)



-          Qu’est-ce qui t’arrive ? Pourquoi est-ce que tu marches comme ça ?
-          Ah, je ne sais pas ce qui se passe, mais depuis que j’ai vu « Lincoln » je n’arrive plus à marcher correctement. Inconsciemment, j’adopte la même démarche que celle de Daniel Day-Lewis lorsqu’il interprète le plus célèbre des présidents américains.
-          Pourtant, tu n’as pas pris son accent – ton anglais est toujours aussi pitoyable !
-          Il y a des limites au pouvoir du cinéma… Mais ça faisait longtemps qu’un acteur ne m’avait pas autant impressionné ! Depuis Natalie Portman dans « Black swan », en fait. Même si les onze rôles de Denis Lavant dans « Holy motors » l’an dernier n’étaient pas moins excellent…
-          Tu dévies un peu du sujet, là. Daniel Day-Lewis est un acteur très rare au cinéma (vingt films en quarante et un ans de carrière !), peut-être parce qu’il s’investit jusqu’au fanatisme dans chacun de ses rôles. Une fois de plus, il s’est complètement transformé pour jouer Lincoln. Voix, stature, démarche : dès son apparition à l’écran, on est immédiatement saisi par sa présence, sa stature hors du commun. Surtout, le jeu de Day-Lewis, l’éclairage, la mise en scène apportent une aura indéfinissable au personnage, qui intrigue jusqu’à la fin du film…
-          Et qu’on ne retrouve pas chez les autres personnages – voire même ailleurs au cinéma ? Cette aura qu’a su donner Spielberg à Day-Lewis donne immédiatement la sensation de se retrouver face à une figure historique, et explique sans peine l’incroyable charisme du président. Une réussite totale.
-          « Lincoln » est aussi une première dans la conséquente filmographie de Spielberg : pour son vingt-septième long-métrage, Steven Spielberg n’a jamais donné autant d’importance à sa direction d’acteurs. Contrairement à ce à quoi il nous avait habitué, « Lincoln » n’est pas un nouveau film de guerre. La guerre de Sécession n’est montrée que dans les premières minutes du film – elle sera ensuite vécue à travers les messages télégraphiques (!). « Lincoln » se déroule presqu’entièrement dans des espaces fermés, de la Maison Blanche à la chambre des députés, et l’action n’y progresse que par les dialogues.
-          Un peu comme cette critique ?
-          Oh non : longues et complexes – parfois mêmes difficiles à suivre, les conversations de « Lincoln » sont hautement passionnantes. Bien plus qu’un film sur Abraham Lincoln, c’est un film sur l’exercice politique, qui soulève nombre d’interrogations. Pour parvenir au vote de l’abolition de l’esclavage, Lincoln n’hésitera pas à se jouer des lois démocratiques – jusqu’à la corruption, à maquiller la vérité - jusqu’à mentir ou se renier, et à exploiter l’état de guerre. De telles manœuvres, montrées dans toute leur complexité, n’ont pas perdu de leur actualité…
-          Mais au fait, n’as-tu pas été déçu que Spielberg ne raconte que les quatre derniers mois de la vie d’Abraham Lincoln ? C’est dommage de passer ainsi sous silence son combat contre les vampires.

On retiendra…
La transformation de Daniel Day-Lewis : on a rarement vu un tel charisme chez un personnage au cinéma. La forme inédite pour un film de Spielberg, la complexité des dialogues.

On oubliera…
La mise en scène se fait peut-être un peu lourde à la toute fin.

« Lincoln » de Steven Spielberg, avec Daniel Day-Lewis, Sally Field, Tommy Lee Jones,…