jeudi 6 décembre 2018

Immersion (First man, le premier homme sur la Lune)

Pourquoi être allé le voir ?
Après l’impressionnant mais discutable « Whiplash », Damien Chazelle a fait sensation en ressuscitant la comédie musicale classique avec « La la land » (autre réussite imparfaite) il y a deux ans. Jouissant depuis du statut de « super auteur » à Hollywood, il retrouve Ryan Gosling pour raconter, à quelques mois du cinquantième anniversaire du premier alunissage, le parcours de Neil Armstrong de 1961 à 1969.


Pourquoi le voir ?
Damien Chazelle nous fait vivre au plus près d’Armstrong les différentes missions qui l’ont conduit à être sélectionné pour Apollo 11. L’immersion est totale. Ça tremble, ça grince, ça tourne, à vous donner littéralement des sueurs froides. Chaque mission est un moment de tension d’une intensité folle, où l’on retrouve le talent du réalisateur déjà exprimé lors des séquences musicales de « Whiplash » pour mettre en apnée ses spectateurs. Face à ces épreuves, un homme mutique qui semble obsédé par la poursuite d’un mystérieux objectif, Neil Armstrong, joué par un Ryan Gosling une fois de plus impressionnant d’émotion dans le registre minimaliste.
Le film a l’intelligence de laisser une place à la critique de la conquête spatiale et d’éviter toute référence patriotique américaine à cet événement  qui a marqué l’humanité toute entière.
La dernière scène du film, où Armstrong est séparé de sa femme par une vitre, dit tout du mystère de l’expérience, ineffable, vécue par cet homme, qui nous sera à jamais inaccessible. « First man » rappelle ainsi le caractère inouï d’un moment d’Histoire – comme l’a fait récemment, dans un registre très différent (et avec une toute autre réussite…) Pierre Schoeller en reconstituant la décapitation de Louis XVI dans « Un peuple et son roi ».

« First man » de Damien Chazelle, avec Ryan Gosling, Claire Foy,…