dimanche 18 septembre 2011

L'été américain 9 : Les séquelles de l'été


-          Alors, qu’as-tu fait cet été ?
-          Mmh… Comme tu le sais, ma peau est trop sensible pour le soleil, alors je me suis enfermé dans les salles obscures. Mais la lumière des projecteurs m’a quand même sérieusement tapé sur le crâne.
-          Hein ?
-          J’ai fait un malaise devant l’IMAX 3D de « Transformers 3* », c’était pire que des montagnes russes. En fait, j’ai eu du mal à me convaincre que je n’étais pas dans un parc d’attractions, tant l’intrigue était inexistante face aux scènes de destruction massives.
-          C’est avant la projection que tu as dû te sentir mal, pour oser aller voir ce film.
-          Oh, ce n’était pas la pire de mes erreurs. J’ai aussi assisté à un match de catch de presque deux heures, où les pugilistes en costumes kitschissimes rivalisaient de ridicule, et qui m’a dramatiquement abruti. C’est peut-être pour ça que je n’ai toujours pas réussi à comprendre une chose : pourquoi ce match était-il intitulé « Conan le barbare » ?
-          Ah. J’avoue avoir mésestimé l’impact de tes vacances sur ton encéphale.
-          Toi, les vacances ne t’ont apparemment pas ôté tes mauvaises habitudes. Mais rassure-toi, pour me préparer à la rentrée, il fallait que je pensasse à faire quelques mathématiques…
-          Tes blagues sont consternantes.
-          … et s’il y a une chose qu’on ne pourra pas reprocher aux américains, c’est de ne pas mettre assez de moyens dans l’apprentissage de la numération : du mauvais « X-Men -1* » et du très bon « La planète des singes -1* » à « Destination finale 5* » jusqu’au médiocre « Harry Potter 8 » il y avait de quoi faire ! L’Amérique ne produit plus des films, mais des franchises.
-          Tu aurais dû aller voir « Super 8 ». Ça, c’était un film original. Ce n’était ni une suite, ni une préquelle, ni un remake et non plus un reboot, encore moins un spin-off : un excellent film, et le meilleur blockbuster de l’été.
-          Arrêtons de fustiger les longs-métrages estivaux américains : heureusement que pour relever leur niveau il y avait le cinéma commercial français. Avec « Colombiana », Luc Besson a encore montré que dans la production de navets, c’était lui le plus fort.
-          Il serait peut-être temps que tu annonces quels films t’ont plu cet été, ou tu vas passer pour un difficile.
-          Heureusement que certains films cannois n’ont pas attendu la rentrée pour sortir au cinéma. « Pater » d’Alain Cavalier, « Melancholia » de Lars von Trier, « La piel que habito » de Pedro Almodóvar, et dans une moindre mesure « This must be the place » de Paolo Sorrentino sont des merveilles et compteront assurément dans les meilleurs films de l’année. Sans oublier « Les contes de la nuit » de Michel Ocelot et surtout « Balada triste » d’Álex de la Iglesia, un film espagnol fou furieux, une véritable tuerie passée un peu trop inaperçue.


*A noter :
Pour tous les films marqués d’un astérisque *, une suite est en préparation...

mercredi 7 septembre 2011

L'été américain 8 : E.T chez les Dalton (Cowboys et envahisseurs)

Le projet semblait intéressant : mélanger western et SF avec sérieux aurait pu donner un blockbuster atypique et réussi. Mais il s’avère que la mayonnaise ne prend jamais, et malgré tous les efforts réalisés, c’est plutôt avec ennui que l’on suit cette histoire finalement pas si originale que ça. Un semi-échec plus dû à une réalisation passable qu’aux difficultés supposées de mélanger cow-boys et extra-terrestres.


Mauvais western + SF banale
« Cowboys et envahisseurs » est adapté d’un roman graphique. Dans l’univers de la bande-dessinée, la rencontre entre des aliens et des cow-boys doit bien fonctionner. Mais au cinéma, celle-ci est beaucoup plus difficile : pour réussir son pari, le réalisateur Jon Favreau doit réaliser un western, genre ultra-exploité possédant sa propre mythologie. Chaque image qu’il livrera se confrontera forcément à celles des chefs-d’œuvre du genre. C’est évidemment le cas avec n’importe quel film, de quelque genre qu’il soit, mais le western ayant été si exploité et usé jusqu’à plus soif qu’il occupe désormais une place particulière. Le passé du western est si lourd que pour rester dans les mémoires, un western aujourd’hui ne peut se permettre la médiocrité. Or, c’est malheureusement le cas ici : le volet western du film est d’une banalité affligeante. Les situations ont déjà été vues et revues des milliers de fois, le scénario accumule les poncifs du genre sans grande conviction. Et la réalisation échoue à donner un tour vaguement original à l’ensemble.
Quant à la partie science-fictionnelle de l’histoire, on aura du mal aussi à s’émerveiller, même si il est indubitable que celle-ci est plus réussie. Les extra-terrestres sont conformes aux modèles des séries B, ni plus ni moins. Le personnage joué par Olivia Wilde, par contre, est complètement raté. Il est si imparfaitement traité qu’on voit à travers lui les coutures reliant à grande peine l’histoire western avec l’histoire d’aliens.

L’or, une énorme erreur
Que les deux aspects du film soient si dissociables est peut-être déjà un problème. Ce qui est sûrement le plus gros échec du film est le lien entre les deux parties : si les aliens attaquent la Terre, c’est pour exploiter ses mines aurifères. Hommes de l’Ouest et extra-terrestres et sont donc atteints du même vice envers le métal doré. Pour les premiers, c’est un cliché. Pour les seconds, c’est extrêmement dur à avaler. Comment une civilisation capable de voyager dans l’espace peut-elle encore avoir besoin d’exploiter les pauvres mines d’or terrestres ? Il aurait fallu plus d’explications pour rendre la chose crédible.
Le film en prend un sacré coup, alors que jusqu’ici malgré le côté série Z apparent du sujet, Jon Favreau s’était appliqué à réaliser quelque chose de sérieux (le film est plutôt sombre et comporte très peu d’humour). Mais l’erreur semble encore plus grande lorsqu’on imagine des extra-terrestres venus sur Terre non pas pour exploiter l’or… mais le pétrole. Le film aurait alors pris un tour complètement inattendu et excitant dans une telle superproduction ; malheureusement, les scénaristes n’y pas pensé, ou les producteurs ont refusé cette idée qui aurait tout changé.

Réalisation en demi-teinte
          On ne pourra qu’ajouter que la réalisation de Jon Favreau semble parfois légèrement bâclée, comme lors de la bataille finale où le montage maladroit n’hésite pas à recourir aux incohérences pour faciliter la narration. Malgré tout, le film se suit facilement, la curiosité initiale ne s’évanouissant pas dès les premières maladresses. Le film se contente de remplir son contrat de blockbuster estival, de divertissement à faible persistance mémorielle, sans aller au-delà. Ce qui est bien dommage, car l’originalité apparente du sujet aurait pu donner bien plus.

On retiendra…
Des cow-boys se battant contre des extra-terrestres, c’est quand même inhabituel. Daniel Craig et Harrison Ford sont convaincants.

On oubliera…
La réalisation n’est pas à la hauteur et le scénario commet une lourde erreur. Olivia Wilde est nulle.

« Cowboys et envahisseurs » de Jon Favreau, avec Daniel Craig, Harrison Ford, Olivia Wilde,…