lundi 20 juin 2011

Film porté disparu des mémoires (Immortel (ad vitam))


-          Enki Bilal est reconnu comme l’un des meilleurs auteurs de bandes-dessinées européenne, grâce à la trilogie Nikopol et la tétralogie du Monstre, mais sa carrière cinématographique est complètement méconnue. Il a réalisé trois long-métrages et serait en train d’en préparer un quatrième, l’adaptation de « Animal’z ». Le dernier est sorti au cinéma en 2004 et a sombré dans l’oubli depuis : « Immortel (ad vitam) ».
-          Ce qui est quand même dommage, mais très compréhensible aussi : « Immortel » est un film étrange, comme on n’en a jamais vu, qui ne ressemble à rien de connu. Ce n’est pas vraiment un film expérimental puisqu’il avait de grandes ambitions commerciales – qui ont été frustrées, vu la bizarrerie du résultat. Ce n’est donc pas vraiment un bon film, mais une réelle curiosité cinématographique.
-          Au cinéma, « français » et « science-fiction » sont deux mots qui ne se sont jamais entendus, si l’on excepte « Le Cinquième Elément » (mais quelle exception !). Le film de cette semaine n’a pas démenti cette assertion, mais est néanmoins remarquable par sa forme, qui restera peut-être à jamais sans suite.
-          En effet, une des plus grandes particularités du film est qu’il mélange film d’animation 3D avec des acteurs réels. Si le film devait sortir aujourd’hui, il serait soit entièrement tourné en motion capture à la manière d’ « Avatar », soit un film d’animation. Pour restituer à l’écran l’univers incroyable imaginé par l’auteur dans « La Foire aux Immortels » et ses suites, et sans la puissance numérique visuelle développée depuis, Bilal fit le choix de n’utiliser presque que des décors virtuels et de mêler acteurs réels avec personnages animés, ce qui est assez déroutant maintenant.
-          Même si esthétiquement le film est très beau, on est quand même loin des planches de Bilal. Il me semble que la manière de dessiner de l’auteur est trop particulière pour pouvoir être retranscrite de façon lisible dans un film qui ne soit pas un dessin animé… Le New York futuriste de « Immortel » est donc beaucoup plus lisse que celui de la BD, et a finalement plus à voir avec les cités vertigineuses du « Cinquième Elément ».
-          Et Enki Bilal n’est pas aussi efficace à la réalisation que Luc Besson, surtout lors des scènes d’action. C’est l’autre élément perturbant de ce film bizarre : le cadrage et le rythme sont anormaux, maladroits, comme si Bilal avait oublié qu’il n’était pas en train de faire une bande dessinée mais un film.
-          Il est quand même dommage qu’aucun réalisateur français n’ait osé prendre la relève. On espère qu’un jour ce coup d’essai sera transformé.
On retiendra…
Des images très belles dans un mélange d’une facture désormais unique de prises de vue réelles et d’animation. Le film possède une étrangeté qui n’est pas sans charme.

On oubliera…
Le rythme du film et la maladresse des scènes d’action.

« Immortel (ad vitam) » de Enki Bilal, avec Linda Hardy, Thomas Kretschmann,…

Par Miltiade

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