dimanche 6 septembre 2020

Le hameau a des yeux (Dachra)

 

 

Pourquoi être allé le voir ?

« Dachra » est le premier film d’horreur tunisien. Il a connu un grand succès au box-office local en 2018. C’est aussi le premier film de son réalisateur, Abdelhamid Bouchnak. Son titre signifie « hameau ».

 

Pourquoi le voir ?

Au risque de me répéter, « Dachra » est le premier film d’horreur tunisien (et le deuxième du cinéma maghrébin). Le film a donc une indéniable importance historique pour le cinéma tunisien, et pour le genre du cinéma d’horreur. Il est plus ou moins inspiré de légendes horrifiques locales.

 

Pourquoi ne pas le voir ?

Pour le reste, force est de constater que la nationalité de « Dachra » est sa seule originalité. Le film est surtout inspiré par « Le projet Blair witch » (mais sans jamais, heureusement et curieusement, en reproduire le procédé du found footage). Une fois les étudiants arrivés dans le fameux hameau, le film traîne en longueur et s’échine à ménager des surprises éventées depuis longtemps et des rebondissements téléphonés. « Dachra » souffre beaucoup de son scénario pas très bien construit et qui sacrifie à plusieurs reprises à des énormes invraisemblances, et un peu de sa qualité de « premier film » de son réalisateur (sophistication pouvant virer au tape-à-l’œil des cadrages).

 

On retiendra...

L’horreur fait maintenant frissonner en tunisien au cinéma.

 

On oubliera...

Le scénario qui accumule tous les clichés du cinéma d’horreur.

 

« Dachra » d’Abdelhamid Bouchnak, avec Yasmine Dimassi, Aziz Jebali, Bilel Slatnia,...

vendredi 4 septembre 2020

Le sel du formol (Le sel des larmes)

 

 

Pourquoi être allé le voir ?

Philippe Garrel fait partie de ces auteurs que l’on a plaisir à retrouver régulièrement au cinéma : depuis 1967, il tourne un nouveau long-métrage tous les deux, trois ans. Comme un symbole de cette inaltérable régularité, son 28ème film, « Le sel des larmes », en compétition à Berlin cette année, a fait partie des premières nouveautés françaises à oser être distribuées dans les salles de cinéma réouvertes.

 

Pourquoi le voir ?

Rares sont les cinéastes qui restent aussi fidèles à eux-mêmes comme Philippe Garrel. Le temps ne semble avoir aucune prise sur son cinéma – que ce soit sa forme ou son fond. Garrel joue sciemment avec cette constance. Il fait en sorte que son film soit difficile à dater et donc « atemporel » : par l’image noir et blanc en noir et blanc par exemple, ou l’utilisation exclusive de décors dépouillés (souvent des intérieurs anciens) sans trace de modernité. « Le sel des larmes » aurait ainsi pu sortir il y a dix ans (depuis que Jean-Louis Aubert signe la musique des films de Garrel).

 

Pourquoi ne pas le voir ?

Si Philippe Garrel est très régulier dans sa façon de fabriquer des films, ses films sont pourtant irréguliers en qualité. Les meilleurs jouent de leur « atemporalité » pour atteindre à l’universel et à l’éternel. Les plus mauvais, dont celui-ci en fait partie, paraissent juste anachroniques. Le problème de « Le sel des larmes » est qu’il est sorti en 2020, dans un monde « post-Weinstein » (et même post-Covid) et qu’il apparait en complet décalage avec son époque. La plupart des dialogues censés être tenus par des jeunes d’aujourd’hui sur les femmes sonnent totalement faux. Autre problème, André Wilms est trop vieux pour son rôle, comme ce film l’est pour notre présent.

 

On retiendra…

L’extrême régularité d’un cinéma qui semble en-dehors du temps.

 

On oubliera…

Plutôt qu’intemporel, ce film-ci semble anachronique.

 

« Le sel des larmes » de Philippe Garrel, avec Logann Antofuermo, Oulaya Amamra,…

dimanche 12 avril 2020

Uchronie indienne (Le tigre du Bengale et Le tombeau hindou)

             L’avant-dernier film de Fritz Lang est un diptyque sorti en 1959,  « Le tigre du Bengale » et « Le tombeau hindou ». Ce découpage en deux parties d’une heure et demie semble avoir été motivé uniquement par des raisons commerciales puisqu’il n’y a aucune rupture narrative entre les deux parties. Ce diptyque est devenu depuis sa sortie un classique d’entre les classiques du film d’aventure. « Le tigre du Bengale »/« Le tombeau hindou », outre son bizarre découpage en deux parties, ressemble à une anomalie dans la filmographie de Lang, connu pour ses films muets et ses films noirs : or ici il s’agit d’une grande fresque (en partie) tournée en Inde, dans un Technicolor splendide.
 
 
Flamboyance chromatique
Soixante ans après sa sortie, la première chose qui frappe encore à la découverte de « Le tigre du Bengale »/« Le tombeau hindou », c’est ce Technicolor. Les couleurs sont ultra vives, avec des teintes qui font que certains plans sont à la limite de l’hallucination – c’est vraiment sublime. Il est rare de voir une photographie à ce point dominer un film.
L’autre élément qui résiste toujours aussi bien au passage du temps est la sensualité du film (qui découle d’ailleurs aussi du Technicolor), qui culmine dans les séquences où danse Debra Paget, d’un érotisme inoubliable (même si ces danses sont complètement fantaisistes par ailleurs, et le serpent de la dernière extrêmement ridicule).
Le scénario, s’il souffre de longueurs dans sa première partie (peut-être due à un rallongement artificiel pour obtenir deux films), offre un final magnifique dans les souterrains du palais d’Eschnapur, où tous les fils de l’intrigue se retrouvent soudainement rassemblés : du grand art, lisible, ludique et dramatique.

Un film quasi uchronique
Mais ces éloges ne sauraient faire oublier que par bien d’autres aspects, « Le tigre du Bengale »/« Le tombeau hindou » a pris un sacré coup de vieux. Ce qui surprend au début c’est de voir que tout le monde s’exprime en allemand – du maharadjah au sage vieillard d’un village reculé. Pour un film se déroulant en Inde, c’est bluffant ! L’explication est pourtant évidente – le film est destiné d’abord au public allemand et la quasi-totalité des acteurs sont germaniques – mais ce qui est évident n’est pas pour autant facile à accepter. Jusqu’à la fin du film, on ne s’y habitue jamais vraiment. Il subsiste toujours l’impression bizarre de regarder un film doublé – et en allemand…
A ce malaise de la langue, se rajoute le malaise de voir des occidentaux se grimer en indien. Avec la pauvreté de la plupart des décors, qui ne font guère illusion sur leur nature de carton-pâte (et souffrent encore plus, par contraste, avec les scènes d’extérieur qui n’ont pas été tournées en studio à Berlin, mais en Inde), la nature artificielle du film saute aux yeux et complique l’immersion. Le rythme laborieux de l’ensemble (jusqu’à l’accélération du finale), qui n’est guère rehaussé par les quelques scènes d’action atones, donne l’impression d’assister à un grand moment d’anachronisme.
Les défauts de ce diptyque irrémédiablement daté expliquent sûrement que, soixante après sa sortie, cette troisième (!) adaptation cinématographique du roman « Le tombeau hindou » (paru en 1921) soit toujours la dernière en date. S’ils ne prétendent pas au statut de chef-d’œuvre, pour ses couleurs et sa sensualité, « Le tigre du Bengale » et « Le tombeau hindou » n’en méritent pas moins celui de classique.
 

On retiendra…
Les couleurs flamboyantes de la photographie, l’érotisme de Debra Paget.
 
On oubliera…
Les décors en carton-pâte, le malaise de l’appropriation culturelle, la lenteur de la première partie…
 
« Le tigre du Bengale » et « Le tombeau hindou » de Fritz Lang, avec Debra Paget, Paul Hubschmid, Walter Reyer,…

dimanche 5 avril 2020

Un grand voyage vers la nuit (Sortilège)


Pourquoi être allé le voir ?
« Sortilège » faisait partie de la sélection de la Quinzaine des réalisateurs au festival de Cannes 2019. Je l’ai donc vu sans rien en savoir… et pour un tel film il n’y a pas de meilleures conditions pour le découvrir.
 
Pourquoi le voir ?
Un grand voyage vers l’inconnu : c’est ce dans quoi s’embarque le spectateur de « Sortilège ». Il s’agit d’un film à l’intrigue insaisissable, qui se défile en permanence. Une errance, qui ne se préoccupe pas de construire un sens mais de le déplacer, sans cesse. Signe le plus manifeste de sa singularité, « Sortilège » est un film muet : s’il y a bien du son (et même une superbe bande son d’Oiseaux-Tempête), les personnages principaux ne parlent jamais. Le seul fil narratif solide du film est celui de la fuite de son personnage principal, qui quitte d’abord l’armée, puis la société, la civilisation, et enfin l’humanité (?). Cette fuite ressemble d’ailleurs à celle du sens de cette œuvre, qui se dérobe séquence après séquence à la compréhension du spectateur.
Privé de repère narratif élémentaire, « Sortilège » pourrait plonger ses spectateurs dans un ennui mortel. Mais il est d’une telle beauté visuelle que cette errance réussit à se suffire à elle-même. Ala Eddine Slim a un grand talent de composition de ses plans (tous sont ouvragés à l’extrême) et déborde d’idées de mise en scène. La meilleure démonstration de cette inventivité visuelle est la manière dont il réussit à introduire des dialogues dans son film – qui est pourtant muet ! La découverte de ce procédé justifie à elle seule l’existence et l’expérience de visionnage de ce film.
« Sortilège » s’affirme avec audace comme un ovni (et s’en revendique même), un « 2001 : l’odyssée de l’espace » tunisien. Une telle confiance dans la puissance visuelle du cinéma est rare et précieuse.

Pourquoi ne pas le voir ?
A force d’aligner les idées sans s’arrêter pour dérouter ses spectateurs, Ala Eddine Slim finit par les perdre. « Sortilège » s’approche dangereusement de la frontière séparant « cinéma expérimental » de « délire ».
Une scène est une citation trop explicite de « 2001 : l’odyssée de l’espace ». L’influence du chef-d’œuvre de Kubrick étant déjà suffisamment palpable tout au long du film, cette scène-là apparaît comme une redite.
 
On retiendra…
La beauté des images, l’imprévisibilité du scénario, l’audace de cet ovni cinématographique.
 
On oubliera…
Le film frôle le grand n’importe quoi… à se demander si tout cela ne serait-il pas totalement vain ?
 
« Sortilège » d’Ala Eddine Slim, avec Abdullah Miniawy, Souhir Ben Amara,…

vendredi 3 avril 2020

L’étrange affaire Richard (Le cas Richard Jewell)


Pourquoi être allé le voir ?
Clint Eastwood réussit à maintenir le cap d’un film par an. Après un dur passage à vide de 2014 à 2018 (dont l’atterrant « Le 15h17 pour Paris »), il a retrouvé le sommet avec « La mule » l’année passée, en repassant aussi devant la caméra. « Le cas Richard Jewell » allait-il confirmer ce regain de forme ?

Pourquoi ne pas le voir ?
« Le cas Richard Jewell » est un portrait d’un héros « ordinaire » de l’Amérique… comme les quatre derniers films de Clint Eastwood ! Année après année, le réalisateur continue d’alimenter ce que l’on pourrait presque considérer comme un sous-genre du biopic qu'il a lui-même créé, inlassablement. Mais ses spectateurs, qui ne sont pas tous des patriotes américains, ont par contre de quoi se lasser. Une fois de plus, ce qui dérange dans ce film est ce qu’il laisse transparaitre des opinions politiques d’Eastwood. L’histoire racontée est certes inspirée de faits réels, mais elle coche toutes les cases propre à l’Amérique de Trump : des américains (aimant les armes à feu) ordinaires persécutés par les instances fédérales, des journalistes menteurs, une femme manipulatrice (un personnage honteux à l’ère post-Weinstein)…

Pourquoi le voir ?
Et pourtant, malgré son ancrage à droite très marqué, « Le cas Richard Jewell » est un super film ! En premier lieu grâce à ses acteurs, et particulièrement Paul Walter Hauser, qui est fascinant de bout en bout – une véritable révélation. Il apporte dès la première séquence de l’ambiguïté au personnage de Richard Jewell, ambiguïté sur laquelle repose toute la dramaturgie du film (son obsession étrange pour les forces de l’ordre). La mise en scène est virtuose sans ostentation, et le scénario est si bien construit que l’histoire est, en permanence, passionnante. Le trio principal, malgré sa bizarrerie, a une force irrésistible et devient vite émouvant, sans qu’Eastwood ait besoin de forcer ses effets (dommage qu’il n’ait pas été aussi subtil avec le FBI et les journalistes).
En somme ce trente-huitième long-métrage de Clint Eastwood… est un nouveau grand film.

On retiendra…
La prestation de Paul Walter Hauser, l’art de la conduite du récit d’Eastwood.

On oubliera…
Les accents trumpistes du film.

« Le cas Richard Jewell » de Clint Eastwood, avec Paul Walter Hauser, Sam Rockwell,…

dimanche 22 mars 2020

Le top 20 des années 2010

 
 
   Etablir un classement des meilleurs films de la décennie qui vient de s’achever : l’exercice est inédit sur ce blog. Etant déjà difficile à mener sur une année, ce travail, lorsqu’il est étendu à dix ans, est évidement encore plus délicat. Garde-t-on le même souvenir d’un film vu il y a huit ans qu’un autre vu il y a deux ans ? Les films, une fois rentrés dans la mémoire, continuent d’évoluer. Le souvenir que l’on en garde change. Et le film nous change aussi : chaque film vu affine peu à peu (mais pas tous dans la même proportion…) le regard que l’on porte sur le cinéma en général, et sur le film suivant en particulier. Un classement est donc tributaire de l’ordre des projections… mais la règle s’applique aussi aux cinéastes qui ont fabriqué ces films : on peut supposer qu’un cinéaste sortant un film en 2019 aura vu les films marquants du début de la décennie lorsqu’il préparait le sien. D’où l’importance de voir les films au présent, à leur sortie en salles. Dix ans, c’est aussi une longue période, pendant laquelle on a grandi, ce qui modifie autant sinon plus l’appréciation des œuvres.


1.      La vie d’Adèle
2.      Interstellar
3.      Boyhood
4.      Holy Motors
5.      Oncle Boonmee qui se souvient de ses vies antérieures
6.      Under the skin
8.      Burning
9.      The tree of life
11.   Faust
12.   Tabou
13.   P’tit Quinquin
18.   Elle
19.   Le guerrier silencieux
20.   Black swan

Malgré toutes ces difficultés, des évidences s’imposent. Elles sont ici au nombre de trois : « La vie d’Adèle », « Interstellar » et « Boyhood »[1]. Pour la suite de la liste, le classement est beaucoup plus flou, à tel point que je n’ai pas réussi à en retenir moins que 20… ce qui est déjà trop peu et laisse en-dehors de cette liste d’excellents films (mais qui figurent dans les classements de chaque année publiés sur ce blog) ! Notons que ce classement est dominé par les cinémas américain et français, puisque huit des films retenus viennent des Etats-Unis, et cinq de la France. Le festival de Cannes a mis en lumière la moitié de ces films lors de ces différentes éditions. Un seul film de la liste est un premier long-métrage (« Le fils de Saul »), mais trois sont issus de cinéastes ayant émergé durant cette décennie (Xavier Dolan, Nicolas Winding Refn, László Nemes). Enfin, trois de ces films sont des blockbusters.

Le cinéma en dix ans a bien changé. D’abord par ses conditions de projection : il est devenu quasi-exclusivement numérique, la pellicule étant maintenant réservée aux cinémathèques, festivals et à de très rares sorties événements (« Once upon a time in Hollywood » est le dernier exemple en date). L’euphorie de la 3D, qui battait son plein en 2010 dans le sillage de la sortie d’« Avatar », est lentement retombée mais s’est installée dans les usages – malheureusement, pour les blockbusters hollywoodiens seulement ou presque (parmi les rares exceptions, qui datent plutôt de la première moitié de la décennie, l’exemple le plus marquant est sans conteste « Adieu au langage » de Jean-Luc Godard).
Les salles de cinéma elles-mêmes ont changé, elles tendent désormais à être plus petites, pour répondre à l’augmentation incessante du nombre de sorties, et plus luxueuses (jusqu’à l’excès : l’aberration du format de projection 4DX).
Quand les films sortent encore en salles : les modalités de sorties des films aussi ont changé. L’une des évolutions majeures de la décennie, liée à la numérisation du cinéma, est la dématérialisation du film, qui a permis la montée en puissance des séries (qui ne sont donc plus forcément télévisées). En prenant en compte les plateformes numériques, le nombre de films et de séries proposés au public a explosé – mais pas leur qualité ! La dématérialisation brouille les frontières auparavant claires entre ce qui relève ou non du « cinéma » – à l’image, dans mon classement, de « P’tit Quinquin » de Bruno Dumont (d’ailleurs la seule comédie de la liste).
En dix ans, le cinéma hollywoodien a aussi évolué, et plutôt en mal. Les super-héros dont les histoires répétitives se déploient dans des constellations de films plus ou moins interconnectés se sont imposés sur les écrans du monde entier grâce aux formidables retombées économiques qu’ils génèrent. Le film n’est désormais plus que le produit de lancement d’une marque qui se déclinera en série télévisée, jeux, jouets et autres produits dérivés, à l’image de ce qui est arrivé à la saga « Star Wars » reprise par Disney. Dans ce contexte, la concentration des studios hollywoodiens (l’absorption par Disney de la 20th Century Fox) fait craindre toujours plus pour la créativité des blockbusters.
La manière dont on regarde les films est aussi en train de changer. La chute d’Harvey Weinstein à la fin de l’année 2017 est en train de bouleverser la manière dont on fabrique et juge un film[2]. Ses répercussions (qui s’étendent bien au-delà du cinéma) sont encore loin d’être absorbées...
Réussira-t-on à atteindre la parité à l’écran et dans la chaîne de fabrication des films ? Quelles conséquences cela aura-t-il sur les films produits ? Comment les salles de cinéma vont-elles résister aux plateformes de SVOD ? Des questions passionnantes dont on a hâte de voir les prochains développements dans cette nouvelle décennie 2020 !



[1] Et au-dessus de tous, « 2001 : l’odyssée de l’espace », grâce à sa ressortie en 70 mm à l’été 2018 – mais il reste hors catégorie puisqu’il ne date pas vraiment des années 2010…
[2] Alors que la tolérance de la société à l’égard des comportements déviants est en train de se réduire, la décennie 2010 aura paradoxalement été aussi celle durant laquelle ont été projetés les films réalisés dans les conditions les plus monstrueuses qui soient, comme « Il est difficile d’être un dieu » et « DAU »…