Pourquoi être allé le voir ?
Benoît
Jacquot est un des réalisateurs français contemporains les plus réguliers – un
long-métrage tous les un ou deux ans. Sa filmographie est en dents de
scie : « Les adieux à la reine » (2012) et « Journal d’une
femme de chambre » (2015) étaient des sommets, « A jamais » (2016) et
« Eva » (2018) des gouffres. Son nouveau film est adapté d’une pièce de
théâtre de Marguerite Duras, « Suzanna Andler », et réunit deux des
meilleurs talents du cinéma français : Charlotte Gainsbourg et Niels
Schneider. De quoi l’aider à sortir du gouffre ?
Pourquoi le voir ?
Pour la
très belle photographie du film, qui s’apprécie d’autant mieux sur grand écran.
Et parce que les cinémas sont rouverts, et qu’après ces longs mois de
fermeture, il faut absolument soutenir le cinéma en salle.
Pourquoi ne pas le voir ?
Mais
peut-être vaut-il mieux soutenir les cinémas en allant voir un autre film… Je
pensais que Benoît Jacquot avait touché le fond avec son dernier film,
« Eva ». Mais non, il a réussi à faire pire. « Suzanna
Andler » est une pièce méconnue de Duras, et on comprend pourquoi en
regardant le film. Suzanna Andler est immensément riche, mais ne sait pas si elle
aime son amant, son mari ou la villa qu’elle compte louer pour un million (de
francs ? d’euros ? Voilà bien l’un des rares suspenses du
long-métrage), et en est malheureuse. Il est déjà difficile de se projeter dans
de tels problèmes de riches… Les dialogues interminables et répétitifs n’aident
pas à se concentrer sur cette ombre d’histoire.
Comme il ne
se passe quasiment rien, et qu’il n’y a rien à raconter, Benoît Jacquot
multiplie les plans et les mouvements de caméra, contrant aussi sûrement sa
crainte de faire du « théâtre filmé ». Las : on ne voit que ses
efforts, et ceux des acteurs, pour rendre intéressante cette histoire.
Difficile de blâmer Charlotte Gainsbourg et Niels Schneider : ils font ce
qu’ils peuvent avec des dialogues aussi mauvais, et des costumes aussi hideux.
En bref, le
film est d’un ennui d’une intensité rare. Fallait-il absolument sortir ce film
à la réouverture des salles ? Peut-être que oui, pour rappeler que ça peut
aussi aussi être ça, les émotions du cinéma…
On retiendra…
La belle photographie de
Christophe Beaucarne.
On oubliera…
La pièce de théâtre dont est
issu le film, et partant le film lui-même.
« Suzanna Andler » de Benoît Jacquot, avec Charlotte Gainsbourg, Niels Schneider,…