« Cendrillon »,
« Promenons-nous dans les bois », « La belle et la bête » :
les contes ont la cote dans les salles obscures. Après les grosses productions
Disney et la tentative de résurrection d’un cinéma populaire fantastique
français, Matteo Garrone propose « Tale
of tales », une production ambitieuse italo-française, mais comme son
titre l’indique, tournée en anglais avec un casting international. Lui qui
avait remporté avec ces deux derniers films le Grand Prix du jury
(« Gomorra » en 2008 et « Reality » en 2012), il est
reparti cette année bredouille de Cannes. Une absence au palmarès logique tant
le film est classique dans sa forme et son propos. Mais qu’on ne s’y trompe
pas, ce classicisme n’a rien d’agaçant, ni même de négatif. « Tale of tales »
est loin d’être insignifiant, car il dispense un plaisir très simple de conteur
d’histoires. Une rareté en sélection officielle à Cannes.
Enchanteur et forain
Matteo
Garrone déploie dans ce film une mise en scène élégante au service d’un récit
entremêlant trois contes aux multiples rebondissements. Le plaisir que procure
la projection du film tient autant à cette mise en scène qu’à l’art avec lequel
ce récit est construit. Usant d’archétypes, le scénario fait avancer sans
s’appesantir ses trois fils principaux, avec une économie de dialogues étonnante
qui apporte une belle épure au film. Quant au montage alterné qui saute d’un conte,
il donne un intérêt feuilletonesque, qui
ne faiblit pas car sans cessé relancé.
L’élégance
de la mise en scène frappe d’abord par la direction artistique, remarquable. Les
décors, notamment, sont fabuleux. Garrone s’inspire et rend hommage au cinéma
de Méliès, à l’origine foraine du cinéma. L’usage du numérique est très modéré.
Le film veille à garder un aspect artisanal, au charme enchanteur. Il réussit
ainsi à renouer avec un merveilleux associé aux débuts du cinéma, et qui sied
si bien aux contes. La musique, très présente et très belle, est signée par
Alexandre Desplat. C’est elle-aussi une merveille.
Les
surprises du casting concourent aussi au plaisir du film, de l’apparition de
Vincent Cassel aux lubies de Toby Jones. « Le conte des contes » se
distingue enfin des autres films du genre par sa cruauté souvent très drôle.
Ces contes se moquent tous des travers humains, avec un humour presque noir qui
font de « Tale of tales » une tragi-comédie belle et désespérée sur
la condition humaine.
On retiendra…
Une esthétique et une élégance
donne un charme merveilleux à ce film très cruel.
On retiendra…
Garrone vise au classicisme, réactive
un émerveillement, mais n’invente rien.
« Tale of tales » de
Matteo Garrone, avec Salma Hayek, Vincent Cassel, Toby Jones,…