Tourné en
deux semaines à New York avec un budget ridicule pour un film de
science-fiction, « Europa report » est un bien curieux long-métrage.
Il raconte la première expédition lancée par l’homme sur la planète Europe, un
des satellites de Jupiter, célèbre pour être recouvert par un océan – la vie
pourrait s’y cacher…
Ce long-métrage
de l’équatorien Sebastián Cordero se présente comme un film de science-fiction
et d’horreur tourné en found footage (le
procédé inventé par « Le projet Blair Witch »). On y suit donc la
première mission spatiale lancée sur Europe, via les caméras disposés dans le
vaisseau et celles dont sont équipées les combinaisons spatiales, lors des
sorties des cosmonautes. Comme le titre l’indique, le film est en fait le
rapport vidéo de l’expédition.
Found footage
En réalité,
le film n’est pas vraiment terrifiant, à cause d’un scénario qui se devine
assez aisément – ou plutôt, qui n’essaye pas vraiment d’être original. Tout le
travail a été porté sur la mise en scène « found footage ». C’est par
là que le film fascine : ce reportage vidéo s’applique très bien à
l’histoire racontée, et donne des résultats admirables lors des séquences en
apesanteur. Le réalisme apporté par l’aspect documentaire, s’il ne suffit pas à
faire naître la peur, rend cependant très bien compte de l’isolement de
l’équipage. La fixité des plans, et l’étroitesse du répertoire de plans
disponibles pour mettre en scène cette histoire accentue la longueur du voyage
et fait bien ressentir l’emprisonnement souffert par les membres de
l’expédition.
Toutefois,
si le procédé est remarquablement bien utilisé (et comporte quelques surprises,
notamment à la fin), il l’est aussi abusivement parfois, comme lors des moments
de tension. La mise en scène du chaos renvoie alors le procédé dans ses
retranchements : l’image saute, se brouille, est coupée. Ça fonctionne une
fois, mais finit par lasser aux catastrophes suivantes. Il n’empêche : les
moments de crise sont souvent très chargés en émotion.
Visuellement numérique
Le tout
petit budget du film se remarque immédiatement lors des scènes à l’extérieur du
vaisseau, qui n’arrive que rarement à faire oublier leur virtualité. La
faiblesse des effets spéciaux va à l’encontre du procédé documentaire du film.
Sauf que, bizarrement, l’accentuation de l’artificialité du hors-vaisseau ne
dessert pas toujours le long-métrage : les personnages n’en semblent que
plus enfermés et perdus dans un monde étranger. Cette plongée dans le virtuel
gagne même un aspect allégorique.
Toutefois,
l’aspect reportage jusqu’au-boutiste empêche « Europa report » de
s’élever au-dessus de sa nature de film de genre – c’est un peu dommage, car le
film avait l’ambition, et les moyens, d’y parvenir.
On retiendra…
Un procédé original, utilisé
la plupart du temps avec brio.
On oubliera…
Le scénario assez banal, les
effets spéciaux sentent le numérique.
« Europa report » de Sebastián Cordero,
avec Christian Camargo, Embeth Davidtz, Michael Nyqvist, Sharlto Copley,…
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