dimanche 1 septembre 2013

Rapport européen minoritaire (Europa report)

Tourné en deux semaines à New York avec un budget ridicule pour un film de science-fiction, « Europa report » est un bien curieux long-métrage. Il raconte la première expédition lancée par l’homme sur la planète Europe, un des satellites de Jupiter, célèbre pour être recouvert par un océan – la vie pourrait s’y cacher…
Ce long-métrage de l’équatorien Sebastián Cordero se présente comme un film de science-fiction et d’horreur  tourné en found footage (le procédé inventé par « Le projet Blair Witch »). On y suit donc la première mission spatiale lancée sur Europe, via les caméras disposés dans le vaisseau et celles dont sont équipées les combinaisons spatiales, lors des sorties des cosmonautes. Comme le titre l’indique, le film est en fait le rapport vidéo de l’expédition.


Found footage
En réalité, le film n’est pas vraiment terrifiant, à cause d’un scénario qui se devine assez aisément – ou plutôt, qui n’essaye pas vraiment d’être original. Tout le travail a été porté sur la mise en scène « found footage ». C’est par là que le film fascine : ce reportage vidéo s’applique très bien à l’histoire racontée, et donne des résultats admirables lors des séquences en apesanteur. Le réalisme apporté par l’aspect documentaire, s’il ne suffit pas à faire naître la peur, rend cependant très bien compte de l’isolement de l’équipage. La fixité des plans, et l’étroitesse du répertoire de plans disponibles pour mettre en scène cette histoire accentue la longueur du voyage et fait bien ressentir l’emprisonnement souffert par les membres de l’expédition.
Toutefois, si le procédé est remarquablement bien utilisé (et comporte quelques surprises, notamment à la fin), il l’est aussi abusivement parfois, comme lors des moments de tension. La mise en scène du chaos renvoie alors le procédé dans ses retranchements : l’image saute, se brouille, est coupée. Ça fonctionne une fois, mais finit par lasser aux catastrophes suivantes. Il n’empêche : les moments de crise sont souvent très chargés en émotion.

Visuellement numérique
Le tout petit budget du film se remarque immédiatement lors des scènes à l’extérieur du vaisseau, qui n’arrive que rarement à faire oublier leur virtualité. La faiblesse des effets spéciaux va à l’encontre du procédé documentaire du film. Sauf que, bizarrement, l’accentuation de l’artificialité du hors-vaisseau ne dessert pas toujours le long-métrage : les personnages n’en semblent que plus enfermés et perdus dans un monde étranger. Cette plongée dans le virtuel gagne même un aspect allégorique.
Toutefois, l’aspect reportage jusqu’au-boutiste empêche « Europa report » de s’élever au-dessus de sa nature de film de genre – c’est un peu dommage, car le film avait l’ambition, et les moyens, d’y parvenir.

On retiendra…
Un procédé original, utilisé la plupart du temps avec brio.

On oubliera…
Le scénario assez banal, les effets spéciaux sentent le numérique.

« Europa report » de Sebastián Cordero, avec Christian Camargo, Embeth Davidtz, Michael Nyqvist, Sharlto Copley,…

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