samedi 28 septembre 2013

Mauvais moment (Malavita)

Tout au long de sa carrière, Luc Besson n’a cessé de répéter qu’il abandonnerait la réalisation après son dixième film, de peur de commettre « le film de trop ». Ce dixième film était « Arthur et les Minimoys » (2006), qui est aussi l’un de ses meilleurs. Et puis il y a eu ses deux suites. Puis « Les aventures extraordinaires d’Adèle Blanc-Sec ». Puis « The Lady ». Et maintenant, « Malavita ».
Quelles raisons ont poussé Luc Besson à ne pas s’arrêter à dix films ? La réponse est si évidente qu’il vaut mieux plutôt se demander pourquoi le réalisateur a-t-il annoncé pendant si longtemps cette limite des dix films. Ce qui est sûr, c’est que sa crainte de faire « le film de trop » avec son onzième s’est révélée terriblement exacte… une fois, puis deux, puis trois. Son quinzième long-métrage, « Malavita », n’échappe pas à ce constat.


Cadre interchangeable
Adapté d’un roman de Tonino Benacquista, « Malavita » raconte l’installation d’un ancien parrain de la mafia new-yorkaise et de sa famille dans un village de Normandie. Il y avait déjà là un gros obstacle à l’adaptation du roman sur grand écran : la question de la langue. Produit pour le marché international, « Malavita » a été tourné en anglais. Luc Besson n’hésite donc pas à filmer une France imaginaire où tout le monde parle couramment anglais. Mais même dans une comédie, cela ne passe pas.
Le contraste entre le calme de la campagne normande et l’agitation de New York aurait sûrement pu être une grande ressource comique. Mais le cadre n’est absolument pas exploité, Luc Besson n’en fait rien du tout : la famille Blake aurait tout aussi bien pu s’installer dans la campagne américaine. Le réalisateur semble avoir filmé cette histoire sans aucune passion. On retrouve la manière de filmer de Besson, toujours articulée autour d’images ou de répliques censées être frappantes (notamment les transitions). Censées, car ici elles ne le sont pas du tout : on a l’impression qu’avec « Malavita », Luc Besson vient de réaliser son premier téléfilm.

Le piège De Niro
Le film repose en fait entièrement sur les épaules de Robert De Niro. On a souvent écrit que de bons effets spéciaux ne font pas un bon film. « Malavita » prouve que cet adage s’applique aussi aux acteurs : le film s’effondrerait complètement sans la résonance constante qu’il entretient avec le passé filmographique de l’acteur. C’est peut-être là que réside l’humour du film : que Luc Besson ose citer dans cette comédie bâclée, sans ambition et complètement commerciale des films comme « Le Parrain » ou « Les Affranchis ».
On espère que le réalisateur se réveillera sur le tournage de « Lucy », sa nouvelle production, annoncée comme très ambitieuse…

On retiendra…
Pour la quatrième fois, Luc Besson prouve qu’il avait raison lorsqu’il déclarait vouloir s’arrêter à dix réalisations pour ne pas faire « le film de trop ».

On oubliera…
Pas drôle, réalisation aussi inspirée que celle d’un automate, ridicule et pas du tout crédible, cette liste de clichés qu’est « Malavita » s’achève lorsqu’elle convoque le cinéma de Coppola ou de Scorsese.


« Malavita » de Luc Besson, avec Robert De Niro, Michelle Pfeiffer, Tommy Lee Jones,…

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire