Tout au
long de sa carrière, Luc Besson n’a cessé de répéter qu’il abandonnerait la
réalisation après son dixième film, de peur de commettre « le film de trop ».
Ce dixième film était « Arthur et les Minimoys » (2006), qui est
aussi l’un de ses meilleurs. Et puis il y a eu ses deux suites. Puis « Les
aventures extraordinaires d’Adèle Blanc-Sec ». Puis « The Lady ».
Et maintenant, « Malavita ».
Quelles
raisons ont poussé Luc Besson à ne pas s’arrêter à dix films ? La réponse
est si évidente qu’il vaut mieux plutôt se demander pourquoi le réalisateur
a-t-il annoncé pendant si longtemps cette limite des dix films. Ce qui est sûr,
c’est que sa crainte de faire « le film de trop » avec son onzième s’est
révélée terriblement exacte… une fois, puis deux, puis trois. Son quinzième
long-métrage, « Malavita », n’échappe pas à ce constat.
Cadre interchangeable
Adapté d’un
roman de Tonino Benacquista, « Malavita » raconte l’installation d’un
ancien parrain de la mafia new-yorkaise et de sa famille dans un village de Normandie.
Il y avait déjà là un gros obstacle à l’adaptation du roman sur grand écran :
la question de la langue. Produit pour le marché international, « Malavita »
a été tourné en anglais. Luc Besson n’hésite donc pas à filmer une France imaginaire
où tout le monde parle couramment anglais. Mais même dans une comédie, cela ne
passe pas.
Le
contraste entre le calme de la campagne normande et l’agitation de New York
aurait sûrement pu être une grande ressource comique. Mais le cadre n’est
absolument pas exploité, Luc Besson n’en fait rien du tout : la famille
Blake aurait tout aussi bien pu s’installer dans la campagne américaine. Le
réalisateur semble avoir filmé cette histoire sans aucune passion. On retrouve
la manière de filmer de Besson, toujours articulée autour d’images ou de répliques
censées être frappantes (notamment les transitions). Censées, car ici elles ne
le sont pas du tout : on a l’impression qu’avec « Malavita »,
Luc Besson vient de réaliser son premier téléfilm.
Le piège De Niro
Le film
repose en fait entièrement sur les épaules de Robert De Niro. On a souvent
écrit que de bons effets spéciaux ne font pas un bon film. « Malavita »
prouve que cet adage s’applique aussi aux acteurs : le film s’effondrerait
complètement sans la résonance constante qu’il entretient avec le passé
filmographique de l’acteur. C’est peut-être là que réside l’humour du film :
que Luc Besson ose citer dans cette comédie bâclée, sans ambition et
complètement commerciale des films comme « Le Parrain » ou « Les
Affranchis ».
On espère
que le réalisateur se réveillera sur le tournage de « Lucy », sa
nouvelle production, annoncée comme très ambitieuse…
On retiendra…
Pour la quatrième fois, Luc
Besson prouve qu’il avait raison lorsqu’il déclarait vouloir s’arrêter à dix
réalisations pour ne pas faire « le film de trop ».
On oubliera…
Pas drôle, réalisation aussi
inspirée que celle d’un automate, ridicule et pas du tout crédible, cette liste
de clichés qu’est « Malavita » s’achève lorsqu’elle convoque le
cinéma de Coppola ou de Scorsese.
« Malavita » de Luc
Besson, avec Robert De Niro, Michelle Pfeiffer, Tommy Lee Jones,…
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