samedi 11 janvier 2014

Légendes basques (Les sorcières de Zugarramurdi)


-          Maintenant que les bornes d’achat sont devenues la norme dans les multiplexes, les distributeurs n’hésitent plus à distribuer des films sous des titres plus ou moins imprononçables.
-          Tu devrais plutôt dire : difficiles à retenir. « Zugarramurdi » : ce nom bizarroïde est en fait un village de Navarre, en Espagne, connu pour ses grottes qui servirent au Moyen-Age à l’organisation de sabbats… jusqu’à ce que l’Inquisition intervienne.
-          Le réalisateur le plus fou du cinéma espagnol, Alex de la Iglesia, s’est inspiré de cette histoire pour son dernier film, une sorte de comédie horrifique qui ne ressemble à rien d’autre qu’à un film… d’Alex de la Iglesia.
-          Ce réalisateur voit ses films comme des montagnes russes : il faut que tout fuse, se déchaine, explose en permanence. Les rares moments de calme sont invariablement brisés, au moment le plus inattendu, par une nouvelle rupture qui relance la course. Cette mise en scène hystérique, forcenée, frénétique, crée le chaos par tous les moyens : ce qui implique parfois…
-          Souvent !
-          … la bifurcation de l’intrigue dans des directions complètement farfelues ou l’emprunt de raccourcis qui se fichent de toute cohérence. Le but étant de créer un tumulte perpétuel qui ne laisse pas le temps au spectateur de prendre du recul.
-          Atteindre cet état de confusion quasi-permanente implique aussi l’oubli de toute limite, tel dans ce film  la vraisemblance des effets spéciaux: de la Iglesia n’a pas froid aux yeux et s’offre des duels de sorcières troglodytes en apesanteur – il a quand même eu la décence de supprimer les câbles de suspension de l’image.
-          Mais qu’importe ! Seul compte la relance de ce délire qui ne cesse de déborder. Le plus fort dans tout ceci est que le réalisateur raconte effectivement quelque chose, grâce à des conversations parodiques aux préoccupations bien moins extravagantes que les soubresauts de l’intrigue. Ainsi, il est ici question du machisme et du féminisme.
-          Cependant, de la Iglesia n’atteint pas avec « Les sorcières de Zugarramurdi » le niveau de son chef-d’œuvre, le beau et sombre « Balada triste », farce noire et démente sur la guerre d’Espagne qui avait été récompensé par le Lion d’argent à Venise en 2010 et le prix du meilleur scénario (des mains de Tarantino !). « Les sorcières de Zugarramurdi » est quelques crans en-dessous, parce qu’il est dès le départ moins ambitieux, mais aussi parce qu’il s’épuise par moments.
-          Ce qui ne l’empêche pas de contenir de stupéfiants moments de beauté, comme lors de l’entrée d’un cortège en plein sabbat dans la grotte de Zugarramurdi… Décidément, une proposition cinématographique détonante.

On retiendra…
La mise en scène fou furieuse d’Alex de la Iglesia.

On oubliera…
Le scénario très inégal, les plongées récurrentes dans le registre nanar.


« Les sorcières de Zugarramurdi » d’Alex de la Iglesia, avec Hugo Silva, Mario Casas, Carmen Maura,…

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