dimanche 19 janvier 2014

Coup de foudre (Tonnerre)

Après que son formidable moyen-métrage « Un monde sans femmes » ait eu l’honneur d’une sortie en salles en 2012, accompagné du court-métrage « Le naufragé », Guillaume Brac passe au long avec « Tonnerre », en compétition à Locarno en 2012.



Silencieux coup de tonnerre
« Tonnerre » : derrière ce titre qui claque se révèle une très douce chronique d’un épisode de la vie sentimentale de Maxime (Vincent Macaigne), rockeur trentenaire hébergé par son père (joué par un très drôle Bernard Menez) dans la ville de Tonnerre, en Bourgogne, le temps d’un hiver.
« Tonnerre » est surtout le désordre provoqué, dès les premières minutes du film, par la rencontre de Maxime avec Mélodie, jeune journaliste du quotidien local : c’est un coup de foudre. Mélodie est jouée par Solène Rigot, véritable révélation, souvent désarmante de naturel et au visage à la beauté quasi enfantine rappelant celle de Mélanie Thierry.
Guillaume Brac excelle dans la mise en scène des doutes et des hésitations du quotidien, et peut pour cela s’appuyer sur l’interprétation drôle et touchante de Vincent Macaigne. Ce qu’il dépeint relève bien, en effet, de l’ordinaire et du quotidien. Le réalisme du film tient à sa très forte inscription locale. On devine que certaines scènes sont jouées par des acteurs non professionnels habitant Tonnerre ou ses environs. Brac rend cette histoire commune et ce paysage ordinaire, poétiques, beaux et émouvants.

Poétique du quotidien
Visuellement, Brac réenchante les paysages de cette petite ville de l’Yonne par l’emploi de la pellicule 16 mm pour filmer ce territoire et ses habitants. Le grain très piqué de l’image s’accorde merveilleusement avec les chutes de neige de ce décor saisi en plein hiver. Surtout, la photographie fait ressortir les couleurs de manière quasi tranchante. Cela donne un éclat chromatique incomparable à l’image, des tenues de ski à la peau des comédiens, dont la moindre coloration est captée (notamment les rougeurs, qu’elles soient dues au froid ou aux sentiments – judicieux choix de l’hiver !). Une patine de l’image qui la rend aussi plus proche et plus douce. Beaucoup de scènes apparaîtront comme aussi familières que des souvenirs de vacances hivernales, par leur justesse et leur émotion. 
Cette poésie du quotidien passe aussi par les situations délicatement comiques, flottantes ou embarrassées que traverse Maxime. Une sorte de torpeur qui recèle pourtant des moments de noirceur d’autant plus inattendus. Guillaume Brac entrelace enfin cette histoire d’apparence commune d’une multitude d’échos, dont le jeu entre le titre et le sujet du film n’est que le premier exemple.
Avec ce long-métrage, Guillaume Brac confirme son talent : c’est véritablement la naissance d’un auteur.

On retiendra…
Poétique et chromatique, une histoire sentimentale d’une force douce qui sait aussi surprendre. Vincent Macaigne, toujours épatant, et Solène Rigot, une révélation.

On oubliera…
Flottant, le rythme du film se repose parfois, même si c’est pour mieux préparer le virage final.


« Tonnerre » de Guillaume Brac, avec Vincent Macaigne, Solène Rigot, Bernad Menez,…

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