mercredi 5 septembre 2012

Braquage, nom commun (Hold-up)


Avec « Insomnia » en 1997, le norvégien Erik Skjoldbjærg avait frappé les esprits. Le film a même fait l’objet d’un remake hollywoodien, réalisé par Christopher Nolan, en 2002. Mais depuis ce qui était alors son deuxième film, aucune autre œuvre de Skjoldbjærg n’avait été distribuée en France… jusqu’à « Hold-up », réalisé en 2010 et sorti au début du mois d’août, son cinquième film.


Documentaire
« Hold-up » raconte sur un ton très réaliste le braquage le plus spectaculaire que connut la Norvège, le 5 avril 2004, dans la ville de Stavanger. Un ton très réaliste, car Skjoldbjærg fait de son film un quasi-documentaire. Le montage retransmet en temps réel et presque sans musique les mouvements des différents groupes (employés de la banque de dépôt, policiers, braqueurs), en indiquant en inserts l’heure et le lieu où se déroulent la scène, ainsi que les noms des personnages. La caméra suit au plus près les mouvements des personnages, leurs déambulations dans les couloirs, dans les rues de la ville au volant de leurs voitures… permettant à chaque fois au spectateur d’avoir le point de vue des différents protagonistes sur l’histoire. Lorsque deux actions se passent simultanément, le montage ne fait pas de va-et-vient entre les deux groupes, les deux visions du même événement. Il laisse la scène se terminer, puis passe au groupe suivant en revenant en arrière chronologiquement (« cinq minutes plus tôt »), montrant parfois la même scène mais sous un point de vue différent.
Ces retours en arrière ne rendent pas pour autant la compréhension des événements plus aisée. Mais s’ils brouillent un peu le spectateur, ils apportent une fraicheur bienvenue à un montage sinon mécanique.

L’anti-spectacle
Le parti pris de réalisme documentaire du réalisateur n’est en effet pas des plus passionnants, et ne convainc donc pas vraiment. « Hold-up » est un film mitigé. On peut applaudir le radicalisme de cette mise en scène, sauf que celle-ci appauvrit terriblement le film, qui en devient aussi quelconque que son titre. Oui, la réalité est bien plus ennuyeuse et bien moins palpitante que les films de braquage hollywoodiens, comme le souligne l’un des braqueurs au début du film. Mais Skjoldbjærg aurait quand même pu rendre ces actions minutées plus fascinantes. Par son jusqu’au-boutisme anti-spectaculaire, « Hold-up » est en quelque sorte le « Policier, adjectif » du film de braquage.
De plus, Skjoldbjærg fait parfois quelques écarts avec sa ligne réaliste. Le ralenti précédant le moment où un braqueur enfonce un marteau contre la vitre de la banque a un sens, et relance le film de manière bienvenue. Mais la fin abrupte où les intertitres expliquant le parcours des différents protagonistes après le braquage sont entrecoupés de scènes du film déjà vues, bêtement illustratives, et renvoyant de plein fouet au spectateur l’artificialité du montage et de tout ce qu’il vient de voir. Il est dommage de discréditer toute l’entreprise de sa mise en scène avec une fin bâclée par manque d’inspiration…
Reste une vision assez saisissante de la place où se tient la banque de dépôt, traversée tout au long du film par les citoyens de Stavander, qui ne remarquent pas ou trop tard qu’un braquage a lieu. Un braquage aussi anti-spectaculaire pour eux que pour nous, spectateurs…

On retiendra…
Le choix de mise en scène du réalisateur, qui fait de son film un quasi-documentaire.

On oubliera…
Le choix de mise en scène du réalisateur, qui fait de son film un quasi-documentaire.

« Hold-up » d’Erik Skjoldbjærg, avec Marit Synnøve Berg, Frode Winther Gunnes,…

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire