lundi 21 mai 2012

En différé de Cannes (Moonrise kingdom et De rouille et d'os)



-          Enfin ! Depuis la sortie au cinéma en février du dernier film de la sélection officielle cannoise de 2011, l’extraordinaire « Hanezu » de Naomi Kawase, on s’ennuyait ferme dans ce premier semestre de l’année sans chefs-d’œuvre réellement mémorables… Heureusement, le festival de Cannes a commencé. Même si nous ne sommes pas en mesure d’assister aux projections là-bas…
-          Si seulement il existait un INSA à Cannes ! Pour que des rédacteurs de Contact y soient admis…
-          … les distributeurs ont été généreux cette année en sortant quatre films de la sélection officielle à une semaine d’intervalle. Place aux deux premiers : d’un côté le film d’ouverture, « Moonrise kingdom » de l’américain Wes Anderson, et de l’autre le nouveau film de Jacques Audiard, « De rouille et d’os », sorti le lendemain.
-          Dans « Moonrise Kingdom », Wes Anderson déploie son imaginaire sur une île américaine fictive dans les années 60. Deux enfants décident de fuguer ensemble, l’un d’un camp de scouts, l’autre d’une famille autoritaire. Ils sont poursuivis à travers l’île par des adultes se révélant pas plus matures qu’eux, ce qui conduit à nombre de situations hautes en couleur et particulièrement drôles. Wes Anderson est un réalisateur atypique à l’univers très particulier, poétique et fou, immédiatement identifiable. Plus présente que jamais et parfaitement maîtrisée, sa mise en scène géométrique (sa spécialité est le travelling latéral) obsédée par l’ordre, méticuleusement ordonnée… est pourtant extrêmement poétique ! C’est le paradoxe du travail de Wes Anderson, qui rend son œuvre si singulière. Les couleurs chamarrées, les plans inventifs et souvent cocasses, l’esthétique propre au réalisateur, font de ce film un nouveau chef-d’œuvre, drôle, nostalgique et ludique, dans la filmographie d’Anderson. Trois après le film d’animation « Fantastic Mr Fox », qui était lui aussi… fantastique.
-          A cette altitude, il est difficile de départager les deux films. Et pourtant, celui de Jacques Audiard m’a encore plus enthousiasmé. Considéré comme l’un des plus grands réalisateurs français contemporains, Audiard prouve une fois de plus qu’il n’a pas usurpé sa réputation avec « De rouille et d’os ». Le film est porté par un casting franco-belge impressionnant, où l’acteur Matthias Schoenaerts réussit à faire de l’ombre à Marion Cotillard. Révélé au début de l’année avec « Bullhead », sorte de « La Belle et la Bête » bouchère, Schoenaerts crève de nouveau l’écran en jouant un homme brutal, qui ne pense qu’à se dépenser et ne connait pas de sentiments… Ce personnage ne cesse de surprendre, son comportement étant si peu prévisible. Ses réactions sont ou choquantes ou comiques. Le film brasse une multitude de situations et de personnages secondaires, mais garde pour sujet central la relation se nouant entre Cotillard et Schoenaerts, émouvante, drôle et passionnante. Après avoir raté de peu la Palme d’or en 2009 avec « Un prophète », Audiard espère bien l’obtenir cette année. Rien n’est moins sûr cependant : on sent qu’Audiard peut encore faire mieux. De même pour Anderson, son film étant trop refermé sur lui-même et l’imaginaire de son réalisateur…
-          Mais nous ne sommés pas jurés à Cannes… Ces deux œuvres font partie de celles  qu’il ne faut pas seulement recommander mais commander d’aller voir ! Et avant la fin du Festival de Cannes si possible, pour paraître plus « in »… C’est toujours intéressant de pouvoir parler des films en sélection officielle lors des dîners mondains.

On retiendra…
Les mises en scène éblouissantes d’Audiard et Anderson, l’interprétation de Matthias Schoenaerts et la musique d’Alexandre Desplat.

On oubliera…
Heu… Alors voyons… Il pleuvait pour aller au cinéma ? Ah non, même pas…

« Moonrise kingdom » de Wes Anderson, avec Bruce Willis, Edward Norton, Bill Murray,…
« De rouille et d’os » de Jacques Audiard, avec Matthias Schoenaerts, Marion Cotillard,…

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire