mercredi 30 mai 2012

En différé de Cannes, la suite (Sur la route et Cosmopolis)



-          J’enrage ! Les lecteurs de cette semaine le savent, mais nous non ! Aurons-nous pu le voir ? Aura-t-il été critiqué dans cet article ou celui de la semaine dernière ? Raah !
-          Du calme ! Tu n’as pas besoin de te mettre dans un état pareil… Au moins pour « Sur la route ». Ce serait une gigantesque surprise si ce film remportait la récompense suprême.
-          Ah ! Hélas… Le film était si attendu que la sélection officielle du festival de Cannes ne pouvait pas ne pas l’accueillir. Des films en compétition c’était donc aussi le plus redouté : s’y trouvait-il pour sa qualité… ou pour contenter une attente disproportionnée ? ça va être douloureux, mais il faut dire la vérité, qui est du côté de la deuxième option.
-          Tant d’attente pour ça ! L’adaptation du roman de Jack Kerouac au cinéma, on en entendait parler depuis des dizaines d’années. De nombreux projets se sont succédés au bureau de Francis Ford Coppola, qui, depuis qu’il avait acheté les droits du roman en 1978, cherchait à en faire un film. Le livre lui tenait tellement à cœur qu’il renonça à l’adapter lui-même, puis à l’adapter tout court jusqu’à ce qu’il découvre « Carnets de voyage » du brésilien Walter Salles, un road-movie racontant la jeunesse d’Ernesto « Che » Guevara. L’idée lui a paru bonne : confier au réalisateur qui s’est imposé comme un maître du genre l’adaptation du livre à l’origine de tous les road-movie…
-       Pauvre Coppola. Si le cinéma était mathématique, son équation aurait abouti à un résultat extraordinaire. Mais le cinéma est un art. Et le « Sur la route » de Walter Salles en une piètre œuvre.
-          Pauvres lecteurs de Kerouac, oui. On ne peut pas vraiment dire que « Sur la route » soit un mauvais film. Le scénario ne trahit absolument pas le roman, la reconstitution de l’Amérique de 1949 est très réussie, la musique excellente, la plupart des acteurs sont bons voire très bons et les nombreux second rôles savoureux. Alors peut-être que ceux qui n’ont jamais entendu parler de l’œuvre de Jack Kerouac apprécieront-ils le film...
-          Même pas ! Ils le trouvent interminable !
-          … mais pour les lecteurs et les spectateurs avertis, il y manque l’essentiel : le souffle, l’esprit, le mouvement du roman. « Sur la route » dans sa version originale est une ligne droite, une prose qui ne revient jamais à la ligne, sans un seul paragraphe. Un texte qui ne se lit pas mais se dévale, sans que l’on puisse s’arrêter, d’une formidable puissance, parcouru d’éclats magnifiques, de scènes inoubliables. Des phrases dont la beauté vous marque… Des phrases que Salles a littéralement et donc bêtement traduit en images. Sa mise en scène est trop simple.
-          Qui l’aurait cru ? Quand il s’agit de créer du mouvement, faire ressentir un déplacement, le cinéma se fait battre à plate couture par la littérature. Le livre est un voyage. Le film reste une séance de cinéma.
-          Tandis que le deuxième film de la semaine, « Cosmoplis », est bien plus qu’une séance de cinéma, une incroyable réflexion d’une profondeur inattendue et difficilement appréciable. Là aussi, on pourrait qualifier ce film de road-movie.
-          Mais dans les bouchons !...
-          En compétition lui aussi, et où l’on retrouve Robert Pattinson, qu’on avait quitté dans la saga Twilight. Alors, qui de Kristen Stewart ou de lui aura le mieux rebondi à Cannes ?
-          Sans aucun doute Robert, qui présente dans ce nouveau film de David Cronenberg, un riche trader du futur qui, hum… discute avec son entourage. Dans sa limousine. Bloqué dans un embouteillage monstre. Dans un futur proche.
-          Oui, ce film est un des ovnis de cette année ; il se rapproche beaucoup du théâtre, avec une succession de dialogues s’une incroyable complexité et profondeur, autour de notre société et du rapport à l’argent.
-          Enfin, c’est ce que tu crois avoir compris ! Car il faut être particulièrement attentif et concentré pour réussir à suivre les développements philosophiques que s’échangent les personnages. Autant dire que nous n’avons pas tout suivi, loin de là.
-          Mais l’originalité de la forme, la performance des acteurs, et surtout la magnifique photo, la mise en lumière, qui fait paraître l’image à un point de netteté et de réalisme qu’elle ne l’est plus du tout, font de ce film peu courant une des bonnes surprises de ce festival.
-          Pour spectateurs avertis ! Mais le voyage vaut plus que largement le détour…

On retiendra…
Les performances des acteurs principaux et des seconds rôles, aussi réussis dans les deux films.

On oubliera…
Un manque cruel de souffle et de magie pour un road-movie et la complexité de Cosmoplis.

« Sur la route » de Walter Salles, avec Sam Riley, Garett Hedlund, Kristen Stewart,…
« Cosmopolis » de David Cronenberg, avec Robert Pattinson, Juliette Binoche, Sarah Gardon,…

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