Deux films ont fait l’événement à Cannes cette année, deux films dits « cosmiques » qui sont « The tree of life » et « Melancholia ». Le premier, ultra attendu a reçu la Palme d’or mais beaucoup murmurèrent qu’elle aurait pu être décernée à « Melancholia », si son réalisateur Lars von Trier n’avait pas été déclaré « persona non grata » à Cannes. A la place, c’est par le prix d’interprétation féminine pour Kirsten Dunst qu’a été récompensé le film, deux ans après celui que Charlotte Gainsbourg avait déjà gagné avec l’œuvre précédente du réalisateur, « Antichrist ». Ces deux films cosmiques ne pouvaient pas être plus opposés.
En s’exprimant par euphémismes, on pourrait dire que « Melancholia » n’est pas un film joyeux. Le film raconte la fin du monde, la collision entre la Terre et la planète Melancholia, et il n’y a donc pas lieu de se réjouir dans cette apocalypse. Ce n’est pas Hollywood, Lars von Trier n’est pas Roland Emmerich, lui qui montrait la fin du monde dans « 2012 » comme un truc « trop fun »… La fin du monde est vue à travers le regard de deux sœurs, Justine la mélancolique (Kirsten Dunst) et Claire (Charlotte Gainsbourg) qui lui est si opposée qu’on a du mal à croire qu’elles soient vraiment sœurs, si ce n'est par l’affection qu’elles se portent. L’approche de la planète Melancholia semble répondre à un appel de Justine, et métaphorise ou plutôt « littéralise » son désir de destruction mélancolique.
Car il n’est question que de ça ici : la mélancolie (« melancholia » en latin). Si le film est si extraordinaire, c’est qu’il semble bien être la somme de tous les travaux artistiques réalisés sur ce sujet, l’œuvre mélancolique par excellence, qui contient toutes les références. Le mélancolique souffre d’un trop grand savoir qui lui fait dédaigner les futilités de ce monde, il est à la recherche d’une vérité absolue hélas invisible sur cette Terre illusoire. Le film débute par un prologue phénoménal, une succession de plans fixes hyper ralentis à l’allure de tableaux, magnifiques, qui évoquent certains points futurs du film et montrent la collision fatale de la Terre avec Melancholia. Le spectateur sait déjà qu’il n’y a plus d’espoir, sait déjà que tout est joué et que tout ce qu’il verra après le prologue sera vain : le voici donc déjà dans la position du mélancolique.
L’énumération de tout ce qui, dans « Melancholia », fait référence à la mélancolie pourrait encore continuer pendant des heures tant l’œuvre est aboutie. Rien n’est laissé au hasard, puisque tout est digression dans ce film : le spectateur sait déjà que tout est fini. Kirsten Dunst incarne avec perfection la mélancolique, avec son regard tourné vers un ailleurs inaccessible à sa sœur et au spectateur, complètement déconnectée de la réalité d’abord puis semblant y reprendre pied lorsque la planète s’approche. Charlotte Gainsbourg n’est pas moins talentueuse, son personnage est encore plus bouleversant : la sérénité de sa sœur face à la fin du monde lui est inaccessible, elle qui a un fils…
Lors de la dernière séquence, Lars von Trier touche au sublime, avec le final le plus émouvant vu au cinéma depuis bien longtemps. De quoi achever le spectateur devant tant de tristesse et d’émotion. Mais il a promis que son prochain film serait joyeux et même « rigolo » – ce qui serait une première pour la réalisateur.
On retiendra…
Impossible d’ignorer ce qu’est la mélancolie une fois le film vu. Voici donc l’œuvre ultime sur ce sujet, formidablement poignante et déchirante. Assurément un des plus grands films de l’année.
« Melancholia » de Lars von Trier, avec Kirsten Dunst, Charlotte Gainsbourg,…
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