mardi 6 août 2013

Une locomotive sans souffle (Lone ranger, naissance d’un héros)

Depuis l’immense réussite tant artistique que financière du premier « Pirates des caraïbes » de Gore Verbinski, Disney s’est plus que jamais lancé dans une production de franchises. Le rachat de Marvel, Pixar, Star Wars ne sont que des exemples de la stratégie de production du studio, qui ne conçoit désormais ces films que comme de simples maillons d’une chaine mercantile beaucoup plus vaste – s’étendant des jouets au parc d’attraction. Le studio ne s’est toutefois pas encore totalement fermé à la seule production effrénée de suites tirées des univers dont elle possède déjà les droits (allant même jusqu’au « reboot » de vieilles franchises comme « Tron »). Disney semble bien conscient qu’il ne pourra pas sortir indéfiniment des suites à « Pirates des caraïbes » ou aux films « Marvel » sans court-circuiter à plus ou moins long terme la machine à dollars (encore qu’on peut se poser la question dorénavant avec le nombre de films « Star Wars » annoncé suite au rachat de LucasFilms). Il tente donc, chaque année, de lancer une nouvelle franchise. On ne peut en effet plus vraiment parler de films, tant la production de ces œuvres a perdu toute visée artistique : « Prince of Persia », « John Carter », et maintenant « Lone ranger, naissance d’un héros »…


Western mécanique et sans âme
C’est avec une consternation croissante que l’on suit les aventures du cow-boy justicier John Reid et de son acolyte indien Tonto. Consternation devant le gâchis d’une telle superproduction qui évoque du début à la fin son modèle évident, à savoir « Pirates des Caraïbes ». Gore Verbinski est rappelé à la réalisation, et celui-ci a entrainé avec lui Johnny Depp. L’un comme l’autre, ils répètent le même numéro que celui de « Pirates des caraïbes ».
Johnny Depp, hyper grimé, surjoue un indien fou dont les tics drôles bizarres seront expliqués par la révélation de son passé, à l’image d’un certain Jack Sparrow.
Gore Verbinski revisite le western comme il l’avait fait du film de pirates, en y insufflant du fantastique (qui aurait dû être encore plus poussé dans le projet original du film, puisque celui-ci allait jusqu’à mêler cow-boys et loups garous – projet revu à la baisse par Disney).
Le problème tient peut-être à ce que le western soit justement le genre le plus visité par le cinéma, et qu’en donner une nouvelle vision convaincante demande beaucoup de brio. Or Gore Verbinski n’a pas la liberté de Quentin Tarantino (« Django unchained »). L’exotisme était là dans les pirateries caribéennes ou l’orientalisme merveilleux de « Prince of Persia »... mais même en s’y acharnant, Gore Verbinski ne peut pas faire de l’Ouest américain une contrée exotique. Ce handicap est encore alourdi par la musique atroce de Hans Zimmer, qui ne cesse de convoquer les thèmes d’Ennio Morricone. A ce stade-là, on ne peut plus parler de clichés ou de stéréotypes.
Dans cette machinerie trop bien huilée, quelque chose manque : la nouveauté, la fraîcheur. Tout ne semble que redite. Les mimiques de Johnny Depp n’ont jamais été aussi énervantes. On est pressé de descendre de ce train à vapeur qui avance mécaniquement, sur des rails tout tracés, sans jamais en dévier. Arrivé au bout du chemin, il ne reste plus qu’à constater l’échec. Parfois malgré tout divertissant, il aurait été supportable s’il n’avait été aussi long.

On retiendra…
Une introduction plutôt inventive.

On oubliera…
Verbinski, Depp, Zimmer : pour chacun d’entre eux, « Lone ranger » est un film de trop.


« Lone ranger, naissance d’un héros » de Gore Verbinski, avec Armie Hammer, Johnny Depp,…

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