dimanche 11 août 2013

SF sociale (Elysium)

Il n’a suffi que d’un seul long-métrage pour faire de Neill Blomkamp un des grand noms (bien que difficile à prononcer) de la science-fiction au cinéma. En 2009, il signait avec « District 9 » un mélange inédit de documentaire, d’action et de SF très intelligente : une des meilleurs œuvres cinématographique de science-fiction de la dernière décennie. Un coup de maitre d’autant plus frappant qu’il s’agissait de son premier long-métrage. Autant dire que son deuxième, au budget nettement plus conséquent que « District 9 », était l’un des événements de cette année très riche en space opera : « Elysium ».



De Johannesburg à Mexico
Avec « Elysium », Blomkamp renoue avec son ambition d’une SF intelligente à grand spectacle. En 2154, les plus riches ont abandonné la Terre surpeuplée pour un habitat spatial paradisiaque appelé Elysium : telle est la nouvelle métaphore sur laquelle s’appuie le scénario. Une métaphore pas si nouvelle puisqu’au fond, « District 9 » parlait déjà d’un semblable rapport de classe… sauf que depuis 2009, Blomkamp est toujours le seul à travailler ce sillon – si l’on excepte le ratage total de « Time out » d’Andrew Niccol. Le tournage de « District 9 » à Johannesburg renforçait encore sa symbolique déjà très puissante. Blomkamp reprend cette très bonne idée pour « Eylisum » en l’adaptant aux quartiers pauvres de Mexico – qui deviennent les décors naturels du film pour figurer les favelas du Los Angeles de 2154. C'est ce tournage en décors naturels qui distinguent les films de Blomkamp des autres space opera cinématographique : le futur qu'il nous décrit est déjà notre présent.
Un décor incroyable, qui, ajouté aux effets spéciaux, apportent aussi à ce futur un dépaysement incomparable, sale, poussiéreux, désertique et rouillé – tout le contraire de l’habitat spatial d’ « Elysium », hommage réussi à la station en forme de roue de « 2001 : l’odyssée de l’espace », dont l’apparition à l’écran est une image des plus impressionnantes et merveilleuses.

Chirurgie squelettique
Les idées les plus réussies d’« Elysium » concernent l’alliance du corps et de la machine, incarnée dans le personnage de Max, joué par Matt Damon. On pense parfois au cinéma de David Cronenberg tant les transformations, par leur bricolage, semblent contre-natures. Ainsi Matt Damon se démènera-t-il pour parvenir à un transfert cérébral direct d’informations, de cervelle à cervelle, au moyen d’une sorte de version rafistolée d’un port USB branchée dans sa tête – le scénario est assez proche de celui de l'oublié « Johnny Mnemonic ». Ainsi encore porte-t-il un exosquelette, vissé directement… sur son squelette lors d’une opération chirurgical difficile à regarder. Pourtant, Blomkamp réussit à rendre plus repoussant encore la technologie de reconstruction corporelle dont disposes les habitants d’Elysium.
Cette alliance d’homme et de mécanique, si elle a désormais été popularisée au cinéma depuis le duel final d’« Avatar », gagne ici une force qui la fait paraître neuve. Après avoir montré les opérations subies par le personnage de Matt Damon pour porter son exosquelette, les combats dans lesquels il est impliqué acquièrent une intensité sensationnelle. L’inventivité de  Neill Blomkamp dans les scènes d’action ne s’arrête pas là, et a de l’espace pour s’exprimer puisque « Elysium » est avant tout un film d’action, spectaculaire et extrêmement bien rythmé.

Flash-backs
« Elysium » est donc un film hautement impressionnant, servi par des acteurs totalement impliqués dans leur rôle (Matt Damon et Sharlto Copley, tous deux aussi méconnaissables que formidables), mais qui vise aussi à l’intelligence d’un second niveau de lecture. Toutefois, force est de constater que la métaphore de « Elysium » est moins puissante que celle de « District 9 », et ce, à cause du seul défaut du film : une introduction et des flash-backs racontant l’enfance de Max, et servant aussi à développer la métaphore-concept du film. Seulement, ces flash-backs ne sont pas convaincants. Leur utilisation semble maladroite et un peu naïve – surprenant alors que règne une telle maîtrise par ailleurs. Le concept du film et la fin, malheureusement, en pâtissent un peu.
Si « Elysium » souffre inévitablement de l’ombre de « District 9 » et de quelques erreurs, le film s’impose néanmoins comme un nouveau coup de maitre. Neill Blomkamp s’affirme plus que jamais comme un véritable auteur de blockbuster, aux films originaux et spectaculaires, haletants et intelligents.

On retiendra…
Un film d’action et de science-fiction à grand spectacle, très intense, splendide visuellement, et à la puissance décuplée par son sous-texte symbolique. Matt Damon et Sharlto Copley se surpassent.

On oubliera...
A cause de quelques mauvaises idées, la formule semble moins réussie que dans « District 9 ».

« Elysium » de Neill Blomkamp, avec Matt Damon, Alice Braga, Sharlto Copley, Jodie Foster,…

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