mardi 25 juin 2013

Le paradoxe Z (World war Z)

La production de l’adaptation du roman de Max Brooks, « World war Z », a été un véritable feuilleton. Les scénaristes se sont succédés pour réécrire le scénario de ce film, qui n’était pas totalement terminé lorsque le tournage a commencé. Lorsque celui-ci se termina, en octobre 2011, deux nouveaux scénaristes, Damon Lindelof et Drew Goddard, furent engagés pour réécrire la fin, qui sera tournée six mois plus tard. Le budget du film explosât à 200 millions de dollars… ce qui en fait, et de loin, le film de zombie le plus cher de l’histoire. En conséquence, le film est converti en 3D - alors qu’il est réalisé par Marc Forster, disciple de Paul Greengrass et adepte de la mise en scène stroboscopique. Avec « Quantum of Solace », il avait livré quelques une des scènes d’action les plus rapidement montées vues au cinéma - et aussi les plus illisibles.
Bref, tout courait à la catastrophe. De quoi faire de « World war Z » l’un des blockbusters les plus intéressants de l’année 2013.


Titanesque
Si « World war Z » est le film de zombie le plus cher jamais produit, c’est aussi le plus ambitieux. Le gigantisme de cette invasion zombie suscite une peur que n’avait encore jamais réussi à créer un autre film du genre. La partie du film qui se déroule à Jérusalem est, de loin, le moment le plus époustouflant du film… et donc, aussi, celui qui met le plus mal à l’aise. La vision de Jérusalem prise d’assaut par des milliers de zombies est aussi terrifiante qu’originale.

Tension vs vraisemblance
Cependant, c’est lors de cette même séquence que le film perd un peu de sa cohérence : auparavant latente, le film bascule alors pleinement dans la logique de jeu-vidéo propre au genre du film de zombie. Le cauchemar de l’invasion mort-vivante ne cesse de poursuivre Brad Pitt, de péripétie en péripétie, jusqu’à épuisement de toute vraisemblance. Dès que son personnage atterrit à l’un des quatre coins du globe, la place ne tarde pas à être envahie par les zombies ! Ce perpétuel enchainement de scènes d’envahissement est un choix scénaristique créant une tension captivante, s’accroissant à chaque péripétie – mais ce même enchainement produit du même coup à chaque nouvelle péripétie une diminution de la crédibilité de ce qui est montré, diminution qui affaiblit la tension parallèlement à sa suscitation. Ce double mouvement paradoxal a toujours été l’un des enjeux des films de zombie. La solution la plus privilégiée ces dernières années étant d’accentuer l’enchainement des scènes d’invasion au mépris de toute vraisemblance, pour susciter ou l’effroi par l’effet d’avalanche, ou le divertissement second degré.
Or, c’est au sérieux que prétend Marc Forster : il n’y a pas une once d’humour dans « World war Z », qui ne vise pas à la série Z, si ce n’est quelques moments d’ironie. Ce premier degré pâtit d’une exposition trop rapide, puisque Marc Forster ne prend pas vraiment le temps de dessiner ses personnages avant de les jeter dans l’apocalypse. En conséquence, « World war Z » ne fait pas (si) peur, excepté quelques beaux effets de sursaut - auxquels il est difficile de résister en 3D.

Zombie, péplum et huis-clos
Toutefois, le film s’en sort quand même, grâce au gigantisme déjà cité de ces visions, et surtout grâce à sa dernière partie, le plus grand moment de tension du film. C’est paradoxalement lorsque « World war Z » met de côté ses ambitions d’invasion mondiale pour se transformer en huis-clos que le film convainc le plus, et finit par enthousiasmer ! Faut-il en conclure que le genre s’accommode peu avec le péplum ?
Ce paradoxe fait de « World war Z » le film de zombie le plus remarquable sorti ces dernières années, et aussi l’un des blockbusters les plus originaux et risqués. Dommage, toutefois, qu’il ne réinvente rien et se contente de refaire du déjà-vu en plus gros.

On retiendra…
L’ambition de ce film de zombie qui livre des visions véritablement cauchemardesque. La dernière partie du film, un grand moment de tension.

On oubliera…
Le côté jeu-vidéo du film, écueil du genre qui n’a pas été résolu ici.


« World war Z » de Marc Forster, avec Brad Pitt, Mireille Enos,…

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