samedi 13 avril 2013

Dépression (Effets secondaires)



-          « Effets secondaires » est le vingt-cinquième film de Steven Soderbergh en vingt-quatre ans de carrière (si on excepte ses documentaires et courts-métrage). Cet inclassable réalisateur américain, qui obtient une Palme d’or avec son premier film « Sexe, mensonges et vidéo » réalisé à 26 ans (un record), livre depuis une dizaine d’années deux longs-métrages par an.
-          Un auteur ultra prolifique qui enchaine les réalisations à toute vitesse, mais officie aussi comme monteur et directeur de la photographie sur ses films... En 2013, cette véritable frénésie cinématographique qui dure depuis les années 2000 semble l’avoir complètement épuisé : « Effets secondaires » est en effet annoncé par le réalisateur comme son dernier film*.
-          J’ai du mal à croire qu’après tant d’années consacrées à cet art, Soderbergh arrête définitivement le cinéma.
-          C’est ce que je pensais aussi… jusqu’à ce que je voie « Effets secondaires ». Qu’il mette en pause sa carrière pour quelques années semble désormais une nécessité : Soderbergh est fatigué. La manière dont il a mis en scène « Effets secondaires » est tellement froide, mécanique, qu’il est difficile d’apprécier pleinement ce thriller - même en sachant que c’est le dernier.
-          « Effets secondaires » aurait pourtant pu être un grand film ! Si Soderbergh est fatigué, le scénariste Scott Z. Burns, lui, ne l’est pas. L’histoire, aussi étonnante que perturbante, est remplie de fausses pistes, ne cesse de changer de direction, d’instiller le doute chez le spectateur : un très bon scénario donc…
-          Qu’on ne peut évidemment pas vous raconter sous peine de vous gâcher la projection.
-          ... sur lequel Scott Z. Burns travaillait depuis neuf ans - il devait même, à l’origine, le réaliser.
-          Cela aurait sûrement mieux valu ! En soi, on ne peut dénigrer la mise en scène de Soderbergh. Mais, de « Contagion » (fin 2011) à « Effets secondaires »  le réalisateur a filmé de manière identique ses quatre derniers films. Si la précision clinique des plans faisait de « Contagion » un - voire le - sommet de la filmographie de l’auteur, elle lasse ici complètement. On a l’impression de revoir se jouer sous nos yeux le même film. L’absence de passion du réalisateur dans son œuvre, qui semble avoir été réalisée mécaniquement, annihile toute émotion.
-          Et c’est d’autant plus dommage que le scénario du film comportait une très bonne idée, jouant sur l’attente du spectateur et sa reconnaissance d’un schéma cinématographique connu… pour mieux le tromper. Une idée semblant donc parfaitement convenir à une réalisation du productif Soderbergh – mais c’était sans compter l’essoufflement du réalisateur, qui semble avoir étendu le concept à toute la longueur du film.

On retiendra…
Un scénario très fort et très dérangeant, l’interprétation de Rooney Maara et de Jude Law.

On oubliera…
La mise en scène trop froide qui donne à l’œuvre un aspect mécanique provoquant le désintérêt du spectateur au moment-même où le film devait décoller.

*A noter :
« Effets secondaires » est le dernier film de Soderbergh à sortir au cinéma... aux Etats-Unis (à ce jour). Son dernier film, « Behind the candelabra », est un téléfilm produit par HBO, sélectionné à Cannes, sorti en salles en France.

« Effets secondaires » de Steven Soderbergh, avec Rooney Maara, Jude Law, Channing Tatum,…

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire