samedi 20 avril 2013

Horizons (Oblivion)

Sortant de la publicité, Joseph Kosinski avait été placé aux commandes dès son premier film d’une superproduction Disney, « Tron : l’héritage ». Catastrophe scénaristique, le film s’était révélé très décevant, malgré une bonne direction artistique et, surtout, une incroyable musique de Daft Punk. Or, il semble bien que ce ratage soit plus dû aux impératifs d’une production Disney qu’à l’absence de talent de son réalisateur : avec « Oblivion », Joseph Kosinski, adaptant sa propre histoire, semble réaliser son vrai « premier film »… sous la bannière d’Universal, qui a récupéré les droits du film après que Disney les ait abandonnés – le film n’étant pas assez familial au goût du studio. « Oblivion » est un excellent blockbuster de science-fiction. Qui n’est ni une suite, ni un remake et ne vise pas non plus à l’établissement d’une franchise : c’est assez rafraichissant pour être signalé, mais c’est aussi loin d’être la seule qualité du film.
               

Un émerveillement visuel…
« Oblivion » frappe dès le début par la beauté de ses images. La direction artistique à l’épure soignée impressionne tout au long du film. « Oblivion » est aussi doté d’une magnifique BO électronique, signée par M83.
Ces deux qualités se retrouvaient déjà dans « Tron : l’héritage ». Sauf que c’étaient les seules : ce n’est pas le cas ici, puisqu’« Oblivion » est doté d’un excellent scénario, d’apparence aussi épurée que sa direction artistique, mais qui réserve en fait de multiples rebondissements. On aime particulièrement la première partie du film, qui se résume à une exploration de la Terre transformée en désert par un de ses derniers habitants, joué par Tom Cruise. Kosinski prend le temps d’installer son film, et ne court pas après l’action. Un rythme plutôt lent, presque antispectaculaire, qui détone par rapport au tout venant hollywoodien – le film maintiendra jusqu’au bout cette résistance aux effets pyrotechniques.

… abondamment référencé
L’émerveillement de ce début s’estompe un peu lorsque le premier rebondissement arrive, et que l’on se rend compte que le scénario du film n’est pas si original que ça. « Oblivion » n’invente rien (si ce n’est peut-être ces gigantesques machines vidant la Terre de son eau de mer) et accumule beaucoup de références à d'autres films de science-fiction. Pour n'en citer que deux, le « Solaris » de Tarkovski, et l’incontournable « 2001, l’Odyssée de l’espace », référence principale car on la retrouve tant dans la direction artistique que dans la mise en scène en quête d’épure. Mais sur ce point, à trop vouloir bien faire, Kosinski oublie de donner de l’épaisseur à ces personnages. L’épure, admirable ailleurs, n’aurait peut-être pas dû être poussée jusque-là. Si elle est logique chez Jack Harper, joué par Tom Cruise (qui tient ici comme dans le reste de sa filmographie le rôle d’un personnage d’apparence normale cachant en fait une identité ambiguë - rôle qui convient si bien à son jeu lisse), elle est bien plus gênante chez le personnage interprété par Olga Kurylenko, qui semble imperméable aux émotions.
Si « Oblivion » ne fait au final que recycler des thèmes connus de la science-fiction, il le fait d’une très belle manière. Passé chaque révélation, la direction que prend le film semble évidente au spectateur, mais le film étonne chaque fois en empruntant un autre chemin, qui ne fait pas forcément progresser l’intrigue. Cette avance par à-coups réussit à rendre surprenant un scénario qui, raconté d’une autre manière, paraîtrait plus convenu.

On retiendra…
L’extraordinaire direction artistique, la musique de M83, le rythme du film : tout concourt à assurer un très beau spectacle cinématographique.

On oubliera…
Rien de vraiment neuf dans l’histoire d’« Oblivion ». Un épilogue qui aurait dû être coupé au montage.

« Oblivion » de Joseph Kosinski, avec Tom Cruise, Olga Kurylenko, Andrea Riseborough,…

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