samedi 26 janvier 2013

La course aux Oscars 2 : traque (Zero dark thirty)




-          Il y a trois ans, Kathryn Bigelow triomphait aux Oscars avec « Démineurs », face à James Cameron et son « Avatar »…
-          C’est à partir de ce moment-là que j’ai perdu tout intérêt pour la cérémonie des Oscars…
-          Il est vrai que le palmarès des Oscars n’est que rarement pertinent, mais il a une telle importance aux Etats-Unis que des films y sortent spécialement dans les semaines précédant le vote des nominations.
-    Inimaginable du point de vue français, puisque aucune production nationale ne s’est jamais positionnée pour les Césars !
-          Ces films sont censés représentés le meilleur du cinéma américain. Dans la réalité, c’est beaucoup plus compliqué. Mais avec le retour (au cinéma comme dans la course aux Oscars) de Kathryn Bigelow avec « Zero dark thirty », on est franchement du côté du meilleur.
-    Un titre beaucoup moins explicite que celui de départ. Quelques mois après son triomphe aux Oscars, en 2010, Bigelow annonce que son prochain film traiterait de la traque de Ben Laden. Son titre : « Kill Ben Laden ». Mais un an plus tard, Ben Laden meurt lors de l’opération « Neptune spear » ! Bigelow repousse alors le tournage et le scénariste Mark Boal réécrit entièrement le scénario, doté désormais d’un nouveau titre et d’une fin… définitive.
-          Ce n’est pas nous qui vous avons révélé la fin du film... « Zero dark thirty » a une ambition de vérité qui le rapproche d’un documentaire sur la traque de Ben Laden. Or, comme dans « Démineurs », Kathryn Bigelow veut nous faire partager le quotidien et les émotions d’un personnage - ici une agente de la CIA à l’origine du succès de la traque appelée Maya - mais en gardant l’objectivité et la neutralité d’un documentaire. Deux objectifs antagonistes qui tour à tour fragilisent le film (anesthésie émotionnelle de la première partie, psychologie pas très fine de Maya – on ne sait rien d’elle) ou le renforcent (la formidable dernière partie), et le rendent finalement encore plus passionnant.
-          La neutralité surprend énormément dans les scènes de torture de la première partie, où rien n’est caché – ni non plus défendu ou justifié, comme le laissait entendre la polémique qui secoue la sortie du film…
-  « Zero dark thirty » se transforme en chef-d’œuvre au moment de sa dernière partie. Lorsque l’opération « 0 dark 30 » est lancée, le film est saisissant de tension. Filmé de nuit avec une superbe photographie, accompagné d’une musique inquiétante d’Alexandre Desplat, cette dernière partie a des allures de film de science-fiction. Pour cause : l’impressionnante technologie dont dispose les marines de l’opération (tenues, hélicoptères). Et bien que l’on connaisse la fin, que la faillite de l’opération apparaisse comme impensable par la démesure des moyens déployés par l’armée, un terrible suspense parcourt cette séquence !
-          C’est aussi là que la mise en scène de Bigelow porte le plus à la réflexion... Les terroristes, vus sous la vision nocturne des soldats, se cachent dans les couloirs de leur maison comme des spectres, et l’équipement des soldats américains fait penser à des extra-terrestres s’emparant d’une planète étrangère.
-          On est donc bien loin du cinéma patriotique de Michael Bay : cette traque n’a rien de glorieux ! Aucun drapeau américain ne flottera. A la place, un magnifique plan final qui émeut par sa sobriété et le vide émotionnel qu’il suggère.
-          J’aimerais conclure sur la superbe BO du prolifique Alexandre Desplat. Ses partitions sont presque tous les ans nommées aux Oscars… sans qu’il ne gagne jamais. Et cette année, alors qu’il avait produit, en plus de celle de « Zero dark thirty », la magnifique bande son de « Moonrise kingdom », c’est la moins bonne que l’académie des Oscars a nommée (celle d’ « Argo ») !

On retiendra…
La dernière partie. Et une vision frontale des moyens employés par l’armée américaine pour obtenir des renseignements, l’interprétation de Jessica Chastain.

On oubliera…
Une opposition entre l’identification au personnage de Maya et la neutralité que réclame  la visée documentaire, qui rend moins passionnante la première partie que la seconde.

« Zero dark thirty » de Kathryn Bigelow, avec Jessica Chastain, Jason Clarke,...

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