lundi 14 janvier 2013

Firefox (Foxfire, confession d'un gang de filles)



-          En 2008, Laurent Cantet recevait la Palme d’or pour « Entre les murs », alors qu’aucun film français ne l’avait reçu depuis vingt et un an. Cinq ans plus tard, il revient au cinéma avec une nouvelle adaptation de roman, « Foxfire, confession d’un gang de filles ».
-          Le moins qu’on puisse dire est que Cantet n’a absolument pas tenté de rebondir sur le succès d’« Entre les murs ». Laurent Cantet est parti au Canada tourner, en anglais évidemment, cette histoire du gang « Foxfire » en rébellion contre le machisme de la société américaine des années 1950. Son film aussi n’est pas passé par Cannes, Venise ou Berlin...
-          Sans que l’on sache si cela est délibéré ou non… Pourtant, bien qu’avec cette oeuvre, Laurent Cantet ne répète pas le miracle d’« Entre les murs », à cause d’un dispositif trop ouvert et en butte à la reconstitution historique, « Foxfire, confession d’un gang de filles » est une nouvelle prouesse.
-          Prouesse car le style semi-documentaire développé par le réalisateur est toujours aussi fructueux : pour incarner ce nouveau groupe d’adolescents après la classe d’ « Entre les murs », Laurent Cantet est encore allé chercher actrices non professionnelles avec lesquelles il a longuement travaillé et répété. Le résultat est saisissant, et, couplé à une reconstitution minutieuse mais intelligente de l’Amérique des années 1950, permet au réalisateur d’atteindre un réalisme tel qu’on est surpris de découvrir à la fin du film que celui-ci est adapté d’un roman. Surtout, Cantet renouvelle son étude toujours aussi passionnante de la dynamique d’un groupe, de sa naissance à sa dislocation, qui paraît impossible à mener avec une autre méthode.
-          Les péripéties du roman l’obligent toutefois à se concentrer sur deux figures principales, la narratrice de l’histoire, archiviste du gang, et la meneuse, au risque parfois de négliger les autres membres du groupe, dans la seconde partie du film.
-          Cela traduit simplement la perte de cohérence de ce gang, qui commence à ployer sous le nombre toujours plus élevé de ces recrues. La mise en scène de Laurent Cantet, qui nous plonge au cœur du groupe tout en gardant un regard extérieur, nous fait ressentir toutes ses émotions dont l’impressionnante ivresse de liberté de ces débuts…
-          Dommage qu’il bafoue sa mise en scène réaliste dans les dernières minutes du film. En laissant les mêmes actrices incarner leur personnage vieilli, l’aspect documentaire de son œuvre s’évapore d’un seul coup. Un faux pas final que l’on ne peut que regretter, mais qui n’ôte rien à la puissance de cette œuvre, qui lance avec « Renoir » de Gilles Bourdos l’année cinématographique 2013 d’une très belle manière !

On retiendra…
Les interprétations du groupe d’actrices, l’approche documentaire de Laurent Cantet.

On oubliera...
Un choix malheureux dans les dernières minutes du film.

« Foxfire, confession d’un gang de filles » de Laurent Cantet, avec Raven Adamson, Katie Coseni,...

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