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En 2008, Laurent Cantet recevait la Palme d’or
pour « Entre les murs », alors qu’aucun film français ne l’avait reçu
depuis vingt et un an. Cinq ans plus tard, il revient au cinéma avec une
nouvelle adaptation de roman, « Foxfire, confession d’un gang de
filles ».
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Le moins qu’on puisse dire est que Cantet n’a
absolument pas tenté de rebondir sur le succès d’« Entre les murs ». Laurent
Cantet est parti au Canada tourner, en anglais évidemment, cette histoire du
gang « Foxfire » en rébellion contre le machisme de la société
américaine des années 1950. Son film aussi n’est pas passé par Cannes, Venise
ou Berlin...
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Sans que l’on sache si cela est délibéré ou non…
Pourtant, bien qu’avec cette oeuvre, Laurent Cantet ne répète pas le miracle
d’« Entre les murs », à cause d’un dispositif trop ouvert et en butte
à la reconstitution historique, « Foxfire, confession d’un gang de
filles » est une nouvelle prouesse.
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Prouesse car le style semi-documentaire
développé par le réalisateur est toujours aussi fructueux : pour incarner
ce nouveau groupe d’adolescents après la classe d’ « Entre les
murs », Laurent Cantet est encore allé chercher actrices non
professionnelles avec lesquelles il a longuement travaillé et répété. Le
résultat est saisissant, et, couplé à une reconstitution minutieuse mais
intelligente de l’Amérique des années 1950, permet au réalisateur d’atteindre
un réalisme tel qu’on est surpris de découvrir à la fin du film que celui-ci
est adapté d’un roman. Surtout, Cantet renouvelle son étude toujours aussi
passionnante de la dynamique d’un groupe, de sa naissance à sa dislocation, qui
paraît impossible à mener avec une autre méthode.
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Les péripéties du roman l’obligent toutefois à
se concentrer sur deux figures principales, la narratrice de l’histoire,
archiviste du gang, et la meneuse, au risque parfois de négliger les autres
membres du groupe, dans la seconde partie du film.
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Cela traduit simplement la perte de cohérence de
ce gang, qui commence à ployer sous le nombre toujours plus élevé de ces
recrues. La mise en scène de Laurent Cantet, qui nous plonge au cœur du groupe
tout en gardant un regard extérieur, nous fait ressentir toutes ses émotions
dont l’impressionnante ivresse de liberté de ces débuts…
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Dommage qu’il bafoue sa mise en scène réaliste
dans les dernières minutes du film. En laissant les mêmes actrices incarner
leur personnage vieilli, l’aspect documentaire de son œuvre s’évapore d’un seul
coup. Un faux pas final que l’on ne peut que regretter, mais qui n’ôte rien à
la puissance de cette œuvre, qui lance avec « Renoir » de Gilles
Bourdos l’année cinématographique 2013 d’une très belle manière !
On retiendra…
Les interprétations du groupe
d’actrices, l’approche documentaire de Laurent Cantet.
On oubliera...
Un choix malheureux dans les
dernières minutes du film.
« Foxfire, confession
d’un gang de filles » de Laurent Cantet, avec Raven Adamson, Katie
Coseni,...
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