dimanche 2 octobre 2011

Ovale rouge (Carré blanc)


-          Tu veux encore parler d’un film dont personne n’a entendu parler ?
-       Et dont personne n’entendra parler ! Mais malgré la déception, le projet semblait trop intéressant pour que cette rubrique ne lui soit pas consacré cette semaine : « Carré blanc » de Jean-Baptiste Leonetti a décidément tout d’un ovni. Outre le fait que ce soit un premier film et qu’il dépasse à peine une heure, c’est surtout un film de science-fiction… français ! Genre que le cinéma français n’explore que très peu, et à raison, car ses incursions sont (presque) toujours des échecs.
-          Et ce n’est pas « Carré blanc » qui y changera quelque chose, puisque le film est lui-aussi raté.
-          Non, il ne l’est pas complètement, ou en tout cas pas autant que la référence absolue en matière de SF française ratée, « Dante 01 » de Marc Caro. Mais tu m’as coupé : la dernière et peut-être la plus grande des bizarreries de « Carré blanc » est son interdiction aux moins de 16 ans.
-          Que je n’ai pour ma part pas du tout comprise, les quelques scènes de violence de ce film  n’étant jamais montrée de manière frontale. Sûrement vaut-elle pour l’ambiance dégagée, décrivant une société totalitaire où tout est cauchemar. Ou pour donner du sens au titre, le carré blanc étant la première signalétique d’avertissement instituée à la télévision en France (il indiquait alors qu’un film n’était pas « tout public »).
-          La mise en scène ne ménage pas le spectateur et s’attache à créer un climat d’angoisse tout au long du long-métrage : beaucoup de plans sont des zooms qui créent une sensation d’enfermement, les paroles sont rares, le montage est désordonné et désorientant. Le malaise qu’inspire la mise en scène est la principale qualité du film.
-          Sauf que celle-ci est mise au service d’une histoire trop faible. « Carré blanc » ne va pas plus loin que la description par le regard du couple interprété par Sami Bouajila et Julie Gayet (complètement inattendus dans un tel film) de la société dans laquelle ils évoluent. Le film s’arrête au moment-même où la description cesse, où le spectateur ignorait enfin ce qui pouvait suivre.
-          La société présentée par « Carré blanc » est censée être une « anticipation » de la nôtre : pour être embauché, les candidats à un poste de cadre doivent passer des évaluations horribles les torturant psychologiquement et physiquement, les faibles sont tués impitoyablement ou se suicident avant, leurs cadavres récupérés à des fins qu’il vaut mieux taire, la radio ne diffuse plus que des messages gouvernementaux en faveur de la natalité ou des reportages de croquet, et une seule et unique musique. C’est si dur et abominable que ce qui était censé être une critique des dérives de notre société actuelle perd toute crédibilité et ne laisse finalement qu’un mauvais souvenir dans l’esprit du spectateur. Le film se révèle alors aussi vide et vain qu’un exercice de style.

On retiendra…
La mise en scène clinique et radicale. L’interprétation des acteurs.

On oubliera…
Le scénario, qui passe totalement à côté de son objectif évident.

« Carré blanc » de Jean-Baptiste Leonetti, avec Sami Bouajila, Julie Gayet,…

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