samedi 15 octobre 2011

N&B (The artist)


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-          Stop ! ça ne marche pas du tout ! Si on ne passe pas au parlant, jamais nous n’irons au bout de cette chronique.
-          Je te l’avais dit que c’était une mauvaise idée ! Est-ce qu’on écrivait en couleurs les fois précédentes ? Pourtant les films n’étaient pas en noir et blanc !
-          Non, mais ça aurait pu être drôle. Enfin, les lecteurs auront sûrement compris maintenant que cette semaine nous parlerons de « The artist », le nouveau film de Michel Hazanavicius.
-          Qui d’autre que lui aurait osé réaliser au XXIème siècle un film muet en noir et blanc, capable de remporter un grand succès au box-office* ? Depuis « OSS 117 : le Caire, nid d’espions», Hazanavicius a démontré qu’il savait allier humour, intelligence et succès populaire dans une comédie.
-          En effet, les deux « OSS 117 » (un troisième est en préparation), non contents d’être très drôles, étaient bourrés de références cinématographiques. Hazanavicius avaient recréé les années 50-60 dans ces deux films non seulement par les décors et les costumes mais aussi en réutilisant les méthodes de tournage et les trucages de l’époque. En allant jusqu’au bout de sa méthode, il ne pouvait que poursuivre sa remontée du temps en reproduisant toujours au plus près le cinéma de l’époque - remonter le temps… jusqu’aux films muets.
-          Que « The artist » soit son meilleur film à ce jour n’est donc pas étonnant. Le réalisateur impressionne par sa restitution du cinéma de années 20, réussit à faire rire et arrive à une grande intensité dramatique à la fin. Le film surprend encore plus que les précédents par son aspect technique.
-          …auquel on ne saurait toutefois le réduire ! « The artist » n’est pas qu’un simple pastiche des films muets, le scénario est encore une fois très intelligent puisqu’il raconte le passage à Hollywood du muet au parlant. La mise en scène d’Hazanavicius rappelle la richesse de celle des films muets, mais joue aussi constamment sur la parole… dans un film muet. De quoi donner une certaine actualité au film.
-           « The artist » rappelle que l’arrivée du parlant dans les années 30, en mettant brutalement fin aux films muets, a été suivi d’une très forte baisse de qualité de la production cinématographique pendant plusieurs années. Le temps que les réalisateurs et les acteurs apprennent à utiliser ce nouvel outil, beaucoup de navets ont été commis et oubliés. C’est aujourd’hui la même chose qui se produit avec la 3D, annoncé comme une révolution similaire au parlant, et que les producteurs ont pour l’instant bien du mal à exploiter convenablement depuis la sortie d’« Avatar »… L’arrivée en 2011 de « The artist » n’est donc pas anodine.

On retiendra…
Le jeu sur la parole, qui permet au film de dépasser le stade du simple pastiche du cinéma muet.

On oubliera…
L’interprétation de Jean Dujardin. Elle n’est pas du tout à oublier et est à vrai dire excellente, mais l’acteur n’apporte rien de nouveau par rapport à ce qu’il avait déjà fait lors des « OSS 117 ». On en attendait plus pour un prix d’interprétation masculine à Cannes.

A noter :
*D’autres films muets en noir et blanc ont déjà été réalisés dernièrement, comme « Juha » de Kaurismaki (réalisateur aussi en compétition à Cannes cette année), sorti en 1999, mais seulement dans très peu de salles et à vrai dire complètement oublié depuis. « The artist » semble promis à un autre destin !

« The artist » de Michel Hazanavicius, avec Jean Dujardin, Bérénice Bejo,…

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