vendredi 19 août 2011

L'été américain 5 : Le pire vient de la France (Colombiana)

Suite aux très mauvais résultats de sa société EuropaCorp pour son dixième anniversaire, Luc Besson avait assuré avoir réagi et réformé en profondeur son entreprise. A part sur un volet : « la créativité » qui est selon lui le point fort d’EuropaCorp. « Colombiana », nouvelle production internationale du studio souffre pourtant cruellement d’un manque total d’idées, et force à s’interroger sur la prétendue « créativité » d’EuropaCorp. Il n’y en a aucune dans « Colombiana », un film si standardisé, mécaniquement écrit et réalisé, qu’il provoque dès les premières minutes un ennui abyssal et une exaspération sans bornes devant tant de bêtise.


Une réalisation à la bassesse de son scénario
Luc Besson n’a donc plus d’idées. Co-auteur du scénario, il livre ici un mélange entre « Nikita » et « Léon » dont la seule variation tient à la nationalité (colombienne, bien sûr) de son héroïne. Un tel recyclage est bien agaçant, et on comprend de suite qu’il n’y a absolument rien à attendre du scénario, cousu de fil blanc. Ce qui est déjà éminemment problématique.
Mais il y a pire encore : la réalisation d’Olivier Mégaton, un des réalisateurs interchangeables de l’écurie EuropaCorp (où seul Luc Besson a une réelle identité). Sa spécialité, c’est le film d’action et c’est tout ce qui l’intéresse. Il se retrouve tout pataud face aux scènes qu’il est obligé de filmer entre deux fusillades.
On est d’abord pris de nausée les cinq premières minutes à cause d’un montage rapide qui met à la suite les uns des autres des plans en mouvement d’une durée inférieure à une seconde… alors que c’est une scène de dialogue ! Paul Greengrass, lui se calme lorsque ses personnages parlent, et maîtrise parfaitement le rythme de ses films, ce que ses copieurs tel Mégaton ici ne savent pas faire. La réalisation acquiert certes plus de cohérence lors des scènes d’action où le montage est en adéquation avec ce qui est montré, notamment lors du combat final très efficace et plutôt impressionnant.

Mécanique accablante
Mais le reste n’est qu’une énorme mécanique, aussi bien sur la forme avec un montage qui enchaîne les plans sans imagination et les scènes répétitives et sans originalité, que sur le fond avec une histoire racontant les agissements d’une tueuse qui a tout prévu à l’avance, et qui exécute tout machinalement. La plus grosse erreur du scénario est que son héroïne en sait toujours plus que le spectateur. Pendant tout le film, on la voit appliquer ses plans apparemment mûrement réfléchis pour s’infiltrer dans une prison ou une demeure. Tout ayant été préparé, elle a toujours un coup d’avance sur ses ennemis, et jamais elle ne se fait surprendre. Comme elle a tout prévu, tout est prévisible. Et la voir suivre son plan automatiquement et même somnambuliquement, devient très frustrant et aussi passionnant que regarder les aiguilles de sa montre tourner pendant les 125 minutes du film.
Et même si ces aiguilles ont la plastique de Zoe Saldana et tirent des coups de feu, cela ne suffit pas à sauver l’un des pires films de cet été. En outre, et pour terminer de nous achever, Luc Besson se refuse désormais de tuer ses personnages, incapable qu’il est de se fermer à la possibilité d’une suite, laissant la fin ouverte et prête au lancement d’une nouvelle franchise. On lui souhaite bonne chance : « Colombiana » en aura bien besoin au box-office.

On retiendra…
Le combat final, seule scène d’action véritablement impressionnante.

On oubliera…
Le manque hadal d’originalité. L’enchaînement mécanique du film.

« Colombiana » de Olivier Mégaton, avec Zoe Saldana, Amandla Stenberg,…

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire