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Pour vous qui lisez cet article aujourd’hui, le
festival de Cannes est terminé. Le palmarès est déjà connu. « Only God
forgives » ou « La grande belleza » y figureront-ils ?
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On espère bien que non, pour le second !
Pour le premier, tout est possible… Les deux derniers films de la sélection
officielle à connaitre une sortie nationale avant le dévoilement du palmarès
nous ont offert un grand écart vertigineux.
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Oh là ! Surtout, prévenons les lecteurs qu’ils
ne doivent pas se laisser abuser par la différence de note : « Only God
forgives » et « La grande belleza » sont aussi singuliers et
ambitieux l’un que l’autre ! Deux gestes forts qui surprennent tout
d’abord, avant d’enthousiasmer pour le premier… et de consterner pour le
second.
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Mais concentrons-nous sur le nouveau film de
Nicolas Winding Refn, surnommé « NWR ». Avec à son précédent film, « Drive »,
NWR a acquis un succès aussi considérable que ses autres films étaient restés confidentiels.
La virée hollywoodienne de « Drive » représentait l’opportunité rêvée
pour gagner en visibilité. Une opportunité que le réalisateur danois a su
saisir, en contenant sa singularité - mais pas sa maitrise. Les fans de
« Drive » non familiers avec les autres réalisations de Refn risquent
donc d’être déroutés : NWR est revenu à la radicalité.
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Radicalité ? Mais que caches-tu avec cet
adjectif ? Fais-tu référence à la manière dont le réalisateur découpe l’espace
en angles droits, réduit les dialogues au strict minimum, déroute en filmant
les rêves ou les visions de ses personnages ?
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C’est vrai que la mise en scène de NWR s’inspire
plus que jamais de celle de Kubrick… voire même de celle d’Almodovar ! Mais
avec « radicalité », je voulais surtout parler d’ultra violence. Refn
l’avoue : il est obsédé par la violence. On ne vous cachera pas que des
spectateurs ont quitté la salle à l’issue d’une scène particulièrement
insoutenable.
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Les fous ! Ils auraient dû partir avant. « Only
God forgives » est donc extrêmement choquant, non pas tant pour sa
violence-même que pour l’absence de justification de cette violence.
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Le réalisateur a déclaré avoir écrit le scénario
alors qu’il était… « en colère ». Justifiée ou non, la violence à
l’écran a pour effet de n’immerger que plus profondément le spectateur dans
l’expérience que constitue le film. NWR ne cesse déstabiliser avec des raccords
inattendus – il faut voir avec quelles séquences raccordent les scènes les plus
atroces du film ! Ce qui séduit avant tout est la singularité de ce film,
à la beauté vénéneuse et sanglante. Surtout, le réalisateur, dont la mise en
scène stylisée à l’extrême pourrait basculer aisément dans le ridicule, s’amuse
avec celle-ci en introduisant – oui ! – de l’humour dans son film.
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Je n’ai plus qu’à remarquer le cosmopolitisme d’« Only
God forgives » : produit par la France, réalisé par un danois, joué par
des acteurs américains, tourné à Bangkok !
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Le jury de Spielberg y sera-t-il sensible ?
On espère en tout cas qu’il ne sera pas séduit par la nouvelle réalisation de
Paolo Sorrentino. Son film se moque puis s’émeut du vide existentiel des personnalités
de la jet-set romaine – le spectateur, lui, se désole et s’irrite devant la
longueur interminable de ce film au propos riquiqui.
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On peut faire toutes les supputations possibles
à propos du palmarès… Mais au final, le choix ne dépendra que d’un seul
homme : Steven Spielberg.
On retiendra…
La puissance visuelle de
Nicolas Winding Refn.
On oubliera…
La longueur de « La
grande belleza ».
« Only God forgives » de Nicolas
Winding Refn, avec Ryan Gosling, Kristin Scott Thomas,…
« La grande belleza » de Paolo
Sorrentino, avec Toni Servillo, Carlo Verdone,…
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