C’est l’un
des réalisateurs les plus controversés d’Hollywood, à la carrière fascinante.
M. Night Shyamalan conquiert les critiques et le box-office dès son deuxième
film, « Sixième sens » (1999), grâce au procédé scénaristique du « twist
final » qui assurera les succès de ses longs-métrages suivants (« Incassable »,
« Signes », « Le village »)... Un triomphe impressionnant
qui donne à Shyamalan une liberté totale dont il finira peut-être par
s’enivrer : de 2006 à 2010, « La jeune fille de l’eau »,
« Le dernier maître de l’air » et dans une moindre mesure
« Phénomènes » sont des échecs publics et critiques retentissants. Le
réalisateur semble depuis s’être enfermé dans une fuite en avant : bien
qu’il essuie échec sur échec, les studios lui accordent des budgets de plus en
plus conséquents…
On pourrait
croire que son nouveau film « After earth », ne briserait pas cette
suite malheureuse, avec son budget supérieur à 100 millions de dollars et son
histoire imaginée par un autre grand mégalomane d’Hollywood, Will Smith. Or, il
n’en est rien : si le film est (malheureusement) une nouvelle déroute au
box-office, c’est indubitablement l’un des meilleurs du réalisateur.
Un retour éclatant
Pour la
première fois, M. Night Shyamalan s’attaque au genre le plus spectaculaire de
la science-fiction : le space opera. Tout comme le récent
« Oblivion », « After earth » enthousiasme pour sa
direction artistique et son scénario. Shyamalan nous plonge dans un futur
inattendu et original : costumes et décors, d’apparence brute et
naturelle, cachent leur sophistication. De même que le scénario, qu’on croirait
aussi simple qu’un jeu-vidéo, se révèle être une suite quasi ininterrompue de
bonnes idées. Dont celle, magnifique, de ces extra-terrestres devant susciter
la peur de leur proie pour les repérer.
La
référence au jeu-vidéo n’est pas anodine : M. Night Shyamalan livre ici un
film à la narration aussi clairement inspirée de la progression
jeu-vidéoludique que le scénario d’ « Inception » réutilisait la
construction en niveaux des jeux-vidéos. Passé une exposition des plus
dépaysantes et dérangeantes (grâce, on l’a déjà dit, à la formidable direction
artistique), « After earth » annonce un récit en ligne droite dont on
devine sans peine la conclusion sous forme de boss final. On redoute alors qu’une
telle mise en scène soit une mauvaise manière de faire avancer le film… Or,
celle-ci surprend finalement et convainc entièrement pour les surprises qu’elle
parvient à susciter. En effet, il y a non seulement celles, programmées, des
péripéties de cette quête, qui renouvellent à chaque instant le plaisir que
l’on a à suivre cette histoire (et qu’on ne peut évidemment pas détailler pour
ne pas gâcher la projection), mais aussi les écarts par rapport à cette ligne
droite. C’est dans ces écarts que Shyamalan aborde le sujet de la quête
identitaire qui irrigue tous ces films, tandis que la ligne droite reprend les
préoccupations écologiques qui avaient été si décriées par la critiques dans
« Phénomènes ». Et, jusqu’à la fin, on ne peut s’empêcher de se
demander si le scénario s’achèvera ou non sur un twist final… Un suspense qui
sera à jamais attaché à chaque nouveau film du réalisateur de « Sixième
sens ».
Surtout, Shyamalan
enthousiasme pour le merveilleux qu’il suscite. Comme Guillermo del Toro, le
réalisateur fait partie de ces conteurs capables de réenchanter un imaginaire, ici
celui du space opera. Au moment où tant d’autres échouent à s’affranchir de la
pesanteur des références, comme Joseph Kosinski avec « Oblivion ». « After
earth » est donc une très belle surprise, et l’une des plus belles
réussites d’un réalisateur que l’on croyait pourtant perdu.
On retiendra…
Shyamalan est de retour avec
une très belle fable de science-fiction.
On oubliera…
Les effets spéciaux
numériques, qui étrangement pas toujours de très bonne facture.
« After earth » de M. Night
Shyamalan, avec Jaden Smith, Will Smith,…
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