En 2009, J.
J. Abrams révolutionne une saga cinématographique de science-fiction ridicule,
célèbre pour son kitsch qui n’a fait qu’empirer en vieillissant :
« Star Trek ». Cette franchise increvable, qui s’étalait alors sur
dix films et presqu’autant de nanars, connait alors, sous la caméra d’Abrams,
bien plus qu’une résurrection : une nouvelle naissance, tant le
« Star Trek » du futur réalisateur de « Super 8 » surpasse
ces prédécesseurs. Une nouvelle naissance que poursuit le réalisateur avec la
sortie de « Star Trek into darkness », douzième film (!) de la saga.
Fluorescence éblouissante
C’est avec
une immense joie que l’on retrouve la vision d’Abrams de « Star Trek
» : grâce à une direction artistique renversante et à sa mise en scène aux
accents spielbergiens, celui-ci a réussi à transformer les codes de la saga en une
splendeur visuelle. C'est peu dire que l’univers de « Star Trek » a perdu toute
trace de kitsch. Le champ est traversé d’explosions de couleurs fluorescentes,
de lens flare, forgeant une identité visuelle forte que l’on ne peut que célébrer
de nouveau dans cette suite.
L’introduction,
avec sa planète extra-terrestre à la végétation rouge fluo, est le plus bel
exemple de la merveille visuelle qu’est devenu « Star Trek ». Des
costumes (mention spéciale à la tenue de vulcanologue ou aux combinaisons
spatiales) aux décors, « Star Trek into darkness » ne cesse d’éblouir,
et avec encore plus de force en 3D. Sans oublier la musique de Giacchino,
compositeur attitré d’Abrams, toujours aussi épique.
La méthode Abrams
« Star
Trek » passionnait aussi pour son scénario : J. J. Abrams, grâce à
une histoire bluffante de boucle temporelle, jouait avec le passé du matériau
qu’il remodelait (via notamment le rôle de Leonard Nimoy, l’interprète
historique de Spock). Si « Star Trek into darkness » ne joue plus sur
la découverte de l’univers de la saga – plutôt qu’un voyage dans les étoiles, c’est une
sorte de chasse à l’homme sur fond de terrorisme que nous propose le film –, il
joue toujours sur une réappropriation aussi intelligente que savoureuse du
passé de la saga. Le film s’articule autour d’un personnage à l’identité
mystérieuse, dont le dévoilement fera basculer le film dans un vertige de
référence.
« Star
Trek into darkness » est l’occasion pour Abrams de pousser à ses limites certains
ressorts scénaristiques : le film est une escalade graduelle de
retournements de situations propices à des scènes d’action et, surtout, à des
acrobaties spatiales évoquant celles d’un « Mission Impossible » sous
apesanteur, qui font toute l’originalité et le charme de ce space opera hors du
commun. L’occasion, aussi, de revisiter de la manière la plus élégante qui soit
les autres films de la saga : il est fortement conseillé d’avoir vu le deuxième
opus pour apprécier les remaniements qu’opère Abrams dans « Star Trek into
darkness ».
La manière
dont le réalisateur recycle les influences pour en imposer une forme nouvelle aussi
puissante qu’émouvante est unique, et confirme une nouvelle fois le statut d’auteur
d’Abrams au sein d’Hollywood.
Vive Spock !
Ce qui,
enfin, séduisait dans « Star Trek » et que l’on retrouve dans « Star
Trek into darkness » est l’humour, essentiel dans le travail de recyclage et
de redéfinition d’Abrams, qui hisse sans peine ces deux films parmi les
meilleurs divertissements hollywoodiens de cette décennie.
L’insensibilité
de Spock est la source ici d’une ironie spectaculaire – il parait incroyable qu’aucun
des films de la saga n’ait exploité jusqu’alors le potentiel comique du
personnage ! De quoi démontrer une fois de plus le talent et l’audace de
celui qui s’est imposé en quatre films comme l’un des réalisateurs les plus
importants d’Hollywood.
On retiendra…
Abrams poursuit son travail de
résurrection visuellement époustouflant d’une saga dont il serait euphémique de
dire qu’elle ne s’est jamais aussi bien portée. Action, humour et émotion :
une réussite absolue.
On oubliera…
Des retournements de
situations qui peuvent parfois virer au procédé.
« Star Trek into darkness » de J. J.
Abrams, avec Chris Pine, Zachary Quinto, Benedict Cumberbatch, Zoe Saldana,…
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