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Cannes approche ! Il va falloir qu’on choisisse
avec soin le film de cette semaine, pour se mettre au diapason des prochaines
critiques. « Post tenebras lux » aurait été un excellent choix, mais
il n’est diffusé que dans six salles en France, et aucune n’est à Toulouse…
Mais de quoi va-t-on parler cette semaine ?
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Hein ? Comment ça, de quoi allons-nous
parler ? Mais tu as déjà posté la critique à Contact hier, tu ne t’en
souviens pas ?
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Quoi ? Mais… à propos de quel film ?
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Enfin ! « Trance », la nouvelle
réalisation de Danny Boyle ! C’est bizarre que tu n’en aies aucun souvenir…
Un film où un homme, devenu amnésique après avoir volé un tableau, essaye de se
souvenir par des séances d’hypnose où il l’a caché ? Non ? A vrai
dire, je comprends que tu l’aies oublié : « Trance », c’était
quand même un sacré navet.
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J’en attrape mal à la tête, à essayer de me rappeler
de la projection… Pourquoi était-ce si nul ? Aide-moi à me souvenir !
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A ce niveau-là, lister tout ce qui ne va pas
serait trop dur : il vaut mieux que je te parle de ce qui est bien. Mais…
A moins que moi aussi je ne devienne amnésique, je ne trouve presque pas d’arguments
en faveur du film !
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Tu ne m’aides pas, là !
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Bon, je vais quand même essayer de te dire
pourquoi ce film est raté. Ce qui horripile au plus haut point est la mise en
scène de Danny Boyle : hyper rapide, elle ne cesse de fuser et d’accélérer,
tout en se gardant bien de ne pas perdre le spectateur. Le réalisateur
fantasmait sûrement un film où le spectateur, en permanence en proie au doute,
serait plongé pendant la projection dans une intense réfléxion. Mais non. On
comprend tout, tout est expliqué. Et le film ne se réduit qu’à une suite invraisemblable
de péripéties, de retournements de situations de plus en plus
abracadabrantesques – Danny Boyle n’arrête pas de foncer, il ne veut pas que le
spectateur s’ennuie ! - au point de devenir… comiquement involontaires.
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C’est dommage que je ne m’en souvienne pas… On
dirait un exercice de style…
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Ça aurait pu, en effet. La manière dont Boyle
réduit ses personnages à des caricatures, alors que le film est censé explorer
leur psychologie, ferait en effet croire à un échec artistique volontaire. J’ai
complètement décroché au moment de la séquence la plus bêtement mise en scène du
film : une énième séance d’hypnose où le voleur, luttant contre son
amnésie, retrouve sa mémoire symbolisée par… un Ipad jouant une vidéo. La
littéralité de ses séances d’hypnose était déjà difficilement supportable, mais
avec une telle bêtise, Danny Boyle franchit le point de non-retour. Une frontière que le réalisateur anglais fait l'exploit de traverser plusieurs fois, puisqu'un nouvel uppercut est asséné au spectateur lorsqu'il découvre la misogynie du film.
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Attends… Je crois que, enfin, ça me revient… Quelque
chose qui avait à voir avec la dernière phrase du film…
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Exact ! Je comprends ce qui t’arrive !
Aveu de son propre échec ? La dernière parole invite (indirectement,
évidemment) le spectateur à… oublier le film. Je vois que tu as fait ton choix.
On retiendra…
Euh ? On attend avec
encore plus d’impatience l’ouverture de Cannes.
On oubliera…
Un mauvais scénario tout sauf
transcendé par une mise en scène atroce de Danny Boyle. Rien à sauver.
« Trance » de Danny
Boyle, avec James McAvoy, Vincent Cassel, Rosario Dawson,…
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