Présenté par Thierry Frémaux comme le film le plus bizarre de l’édition 2011 du festival de Cannes, « Pater » justifie amplement cette réputation d’ovni. La forme du film est d’autant plus surprenante pour qui n’a jamais vu de films d’Alain Cavalier (du moins ceux de sa deuxième période, puisque apparemment il a commencé par réaliser des films « classiques ») comme ce fut mon cas.
Dans « Pater », Alain Cavalier et Vincent Lindon se filment tour à tour, parfois accompagnés d’autres personnages/acteurs, en train de jouer pour le film ou de commenter ce que le tournage leur apporte. Le premier décide au début du film qu’il incarnera un président de la République, et choisit le second comme premier ministre, en lui confiant l’écriture d’une loi fixant l’écart maximal entre les salaires des employés et du patron au sein d’une même entreprise.
On est tout d’abord interloqué par cette idée toute bête « Et si tu me filmais pendant que je fais le président ? Tu pourrais faire le premier ministre !» censée faire film. Mais on est très vite emporté par le jeu qu’offre alors la mise en scène en apparence si simple qu'elle a une l'allure faussement "amateur" (Cavalier se filme chez lui ou chez Lindon, la caméra apparaît plusieurs fois dans le champ), mais qui se révèle être un piège pour le spectateur. En effet, il n’est plus possible dans ce cinéma-là de distinguer le jeu de la vérité, la réalité de la fiction, la mise en scène de l’improvisation.
Par exemple, Vincent Lindon (au visage parcouru de tics, jamais vus chez lui précédemment, ce qui montre à quel point il est naturel dans le film) avoue à la caméra qu’il se sent capable d’assumer la charge de premier ministre à condition d’être entouré des bonnes personnes. Impossible par la suite lorsqu’il s’exprime de savoir si c’est son personnage de fiction qui parle ou si c’est réellement lui. Le film en dit énormément sur le métier d’acteur. De même, la relation liant Cavalier à Lindon est triple : lorsque le premier parle au second, ce peut être comme un réalisateur s’adressant à son acteur, un président à son premier ministre, et même un père à celui qu’il considère comme un fils (d’où le titre). Les trois sont inextricablement mêlés et donnés à voir en même temps. Tous ces questionnements quant à la sincérité de ce que l’on voit rendent « Pater » passionnant.
Par exemple, Vincent Lindon (au visage parcouru de tics, jamais vus chez lui précédemment, ce qui montre à quel point il est naturel dans le film) avoue à la caméra qu’il se sent capable d’assumer la charge de premier ministre à condition d’être entouré des bonnes personnes. Impossible par la suite lorsqu’il s’exprime de savoir si c’est son personnage de fiction qui parle ou si c’est réellement lui. Le film en dit énormément sur le métier d’acteur. De même, la relation liant Cavalier à Lindon est triple : lorsque le premier parle au second, ce peut être comme un réalisateur s’adressant à son acteur, un président à son premier ministre, et même un père à celui qu’il considère comme un fils (d’où le titre). Les trois sont inextricablement mêlés et donnés à voir en même temps. Tous ces questionnements quant à la sincérité de ce que l’on voit rendent « Pater » passionnant.
Le film s’amuse à décrire le quotidien des politiques, en visant une certaine universalité. La scène où est montré à Lindon, alors candidat aux présidentielles, une photo compromettante de son adversaire a résonné étrangement lors de la projection du film au festival de Cannes, au lendemain de l’arrestation de DSK. Comme si le cinéma avait eu une longueur d’avance. Mais c’est une pure coïncidence, qui n’est pas sans saveur, due à cette suite de micro-péripéties attendues d'une vie politique que Cavalier et Lindon ont imaginé et filmé pour nourrir leurs rôles fictionnels.
« Pater » est donc un film littéralement extra-ordinaire, drôle et passionnant, nouveau et inclassable.
On retiendra…
L’opposition entre la simplicité de la mise en scène et la multiplicité des niveaux de lecture.
« Pater » de Alain Cavalier, avec Alain Cavalier, Vincent Lindon,…