mercredi 16 mars 2016

Les abysses de l’esprit (Evolution)

Voilà un film bien étrange. C’est en effet un film français… de science-fiction. Plus exceptionnel encore, « Evolution » est même un bon film de science-fiction (récompensé au festival du film de Saint-Sébastien).


Métaphores visuelles
Ce deuxième long-métrage de Lucile Hadzihalilovic raconte la vie d’une communauté isolée où tous les adultes sont des mères et tous les enfants des garçons. A l’image du film, l’intrigue est minimaliste : il s’agira de lever petit à petit le mystère de cette communauté. L’intrigue est si étique que le film ressemble d’ailleurs à un court-métrage étiré un peu abusivement en un long. Mais la lenteur qu’on pourrait qualifier de  contemplative a en fait une raison : la soumission totale de cette œuvre audiovisuelle au pouvoir de ses images. Ce qui prime en effet, et ce qui a peut-être motivé sa réalisation du film, ce sont ces images fortes que le film déroule dans son rythme engourdi (un rythme qui n’est pas sans raison narrative – mais en dire plus révélerait des pans de l’intrigue). Les dialogues sont rares, et lorsque les personnages parlent, c’est souvent pour ne rien dire d’important.
« Evolution » est donc visuellement très beau, et très évocateur – on sent que cette histoire tient à cœur à la réalisatrice. Elle a réussi à insuffler un mystère persistant à chacune des images, en utilisant notamment l’étrangeté de ces décors naturels – des plages de Lanzarote aux fonds marins, tous les paysages semblent extra-terrestres –, au risque de verser parfois de l’illustration. La rétention d’informations est l’autre source du mystère du film, et c’est aussi là qu’il trouve sa limite. Car une fois que le spectateur a percé à jour le fonctionnement de la communauté, la lenteur du film, qui épaississait auparavant le mystère, devient subitement insistante et lourde. Une accélération aurait été souhaitable dans sa dernière partie.
« Evolution » n’en reste pas moins un film marquant, singulier, décalé, qui en interloquera plus d’un.

On retiendra…
Un mystère déployé narrativement comme visuellement, par de très belles images.

On oubliera…
La lenteur du film ne crée plus sur la fin du film du mystère mais de l’ennui.


« Evolution » de Lucile Hadzihalilovic, avec Max Brebant, Julie-Marie Parmentier, Roxane Duran,…

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