Initiée par Steven Soderbergh, cette adaptation d’une série
télévisée des années 60 a un temps intéressé Georges Clooney puis Tom Cruise,
avant que Soderbergh ne prenne sa « retraite » cinématographique. Le
projet de film a alors été confié alors à Guy Ritchie, l’auteur de l’inénarrable
« Revolver », et a donc nettement perdu en allure.
« Agents très spéciaux » cherche à ressusciter
l’esprit devenu classique des films d’espionnage de l’époque de la Guerre
Froide, mais avec humour. Il raconte en effet la collaboration forcée d’un
agent secret américain et de son homologue russe, pour déjouer un complot
international. Repris par Ritchie, ce projet était voué à l’échec :
« Agents très spéciaux » est une nouvelle démonstration, longue de
deux heures, de la nullité du cinéma de ce réalisateur.
La mitraillette
de Tchekhov
On a le sentiment
que quel que soit leur sujet, les films de Ritchie ne seront jamais bons. Ritchie
considère la narration comme une mécanique. Les péripéties s’enchainent, d’une
manière toujours extrêmement logique. Les scènes sont montées bout à bout sans
qu’aucune ne décolle de sa nécessité de faire progresser l’intrigue. On sent en
permanence que ce qui est montré a une raison, que ce qui est montré a été
pensé par le réalisateur. Impossible, donc, d’être emporté par l’histoire. A ce
stade, Guy Ritchie n’emploie plus la technique du « fusil de
Tchekhov », mais invente la « mitrailleuse de Tchekhov ».
Comme son cinéma est très premier degré car tout y fait
sens, Ritchie s’emploie a complexifier les montages de ses films, les faisant
paraître à des puzzles. Ses personnages, espions manipulateurs, effectuent régulièrement
des gestes anodins qui paraissent un peu bizarres sur le coup, mais sur lesquels
la mise en scène insiste. Ces gestes sont invariablement rattrapés par le montage
pour en expliquer le sens, plus tard, dans des très courts flash-back. Ce
procédé est suremployé par Guy Ritchie, au point de devenir répétitif jusqu’à
la lassitude, puis l’ennui. Il ne fait qu’insister sur l’artificialité de la
mise en scène. Cette sophistication dessert donc complètement le film tant elle
est lourde et prévisible. Certains la prennent pour de la virtuosité. Le
problème, c’est que l’on sent bien que Gy Ritchie fait partie de ces
« certains ».
Le réalisateur n’a toujours pas modéré sa prétention. Se
croyant le parangon du « cool », Ritchie multiplie les effets de tape-à-l’œil
tel que les split screens et les répliques qui claquent, courant en permanence
après une « classe » complètement factice. Le problème est toujours
le même : en faisant porter l’attention des spectateurs sur ses procédés
de mise en scène (« Regardez comme je suis virtuose ») plutôt que sur
l’histoire, Ritchie désinvestit les spectateurs de celle-ci, et plus rien ne
provoque d’émotion.
Des stéréotypes
très lourds
Il est tout de même une émotion que Guy Ritchie souhaite
communiquer à ses spectateurs autre que l’admiration pour son propre talent, c’est
le rire. Les différences culturelles entre les agents secrets des deux blocs ont
sûrement été la source d’un grand nombre de scènes comiques dans la série
télévisée originelle. Etait-ce déjà le cas dans le matériau de départ, ou les
traits ont-ils été grossis pour le spectateur du XXIème siècle (pour
qui la Guerre Froide appartient à l’Histoire) ? Quoi qu’il en soit, les
confrontations entre les deux agents sont des pures caricatures, extrêmement
grossières, désolantes plutôt que drôles. Pour interpréter des personnages
aussi stéréotypés, Henry Cavill et Armie Hammer n’ont pas d’autres choix que le
cabotinage.
Lourd, m’as-tu vu et sans consistance, cet « Agents
très spéciaux » de Guy Ritchie fera donc regretter à jamais le projet de
Soderbergh avec Tom Cruise.
On retiendra…
Une réplique drôle.
On oubliera…
La réalisation prétentieuse de Guy Ritchie, qui vide le
film de toute son émotion.
« Agents très spéciaux, code U.N.C.L.E » de Guy
Ritchie, avec Henry Cavill, Armie Hammer, Alicia Vikander,…
S'il te plait fait la critique des Nouvelles Aventures d'Aladin, juste pour que tu sois obligé d'aller voir le film :D
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