« Dieu
habite à Bruxelles » claironne le matériel promotionnel du film. S’il y a
des « films à pitch », « Le tout nouveau testament » de
Jaco Van Dormael en est assurément un. Dieu, c’est Benoît Poelvoorde, et sa
femme, c’est Yolande Moreau. Avec un tel point de départ, c’est un sommet de
comédie et de « belgitude » qui nous semble promis, promesse que la
sélection du film à la Quinzaine des Réalisateurs ne démentait pas.
La question de la gentillesse
Or, le film
n’est pas si drôle que ça. Ce n’est pas qu’il échoue dans ses effets comiques,
c’est que la plupart du temps, il n’essaye même pas de l’être. La première
partie du film, où la famille divine est présentée, est la partie vraiment
comique du long-métrage. Mais lorsque la fille de Dieu descendra à Bruxelles
pour y écrire le Testament du titre, la comédie loufoque s’aiguille sur un film
à sketchs, en fait une succession de portraits : ceux des apôtres du
nouvel évangile, que la fille de Dieu va visiter un par un pour en faire ses
apôtres. Ces personnes sont toutes un peu farfelues, toutes un peu déçues par
leur vie, et au contact de la fille de Dieu, elles vont réapprendre à apprécier
l’existence et, pourquoi pas, accomplir le rêve auquel elles avaient renoncé…
Pour mettre en scène cette galerie de portraits, Jaco
Van Dormael a des idées. Certaines sont même très bonnes. On pense notamment au
comique de répétition que constituent les apparitions « Test ? »
de Kevin – ces mini-sketchs dans le film sont véritablement hilarants et leur
découverte peut justifier à elle-seule la vision du long-métrage. Mais la
plupart du temps, les idées de Dormael sont ou mauvaises (« Quelle est ta petite
musique intérieure ? »), ou mises au service d’un propos dégoulinant
de gentillesse. Devant beaucoup de séquences du film, on s’attend presque à ce
qu’un bandeau apparaisse en bas de l’écran pour nous dire :
« Attention, ceci est de la poésie ». Pour un peu, on rajouterait
même le sous-titre : « Laissez-vous porter ou restez indulgents ».
Ainsi, la
comédie déjantée où Dieu est joué par le pitre Poelvoorde se révèle être une
sorte de « feel good movie » dépressif d’une niaiserie confondante, où
l’on nous explique que même si la vie est triste, on peut la rendre belle.
Si je me
refuse à recommander ce film, je n’ai pas osé non plus l’accabler. Il me semble
que la gentillesse est trop souvent moquée (car elle ressemble à une faiblesse)
pour que je la condamne à mon tour. Alors oui, « Le tout nouveau testament »
est gentiment inoffensif et ne choquera personne. Mais si on fait abstraction
de ses regrets, on ne peut nier que c’est un long-métrage est atypique et
singulier.
On retiendra…
L’idée de départ, les
apparitions de Kevin, des trouvailles de mise en scène.
On oubliera...
La mise en scène qui surligne
en permanence son propos, la gentillesse du propos, à milles lieus de la
subversion de l’idée de départ.
« Le tout nouveau
testament » de Jaco Van Dormael, avec Pili Groyne, Benoît Poelvoorde,
Yolande Moreau,…
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