La
production de l’adaptation du roman de Max Brooks, « World war Z », a
été un véritable feuilleton. Les scénaristes se sont succédés pour réécrire le
scénario de ce film, qui n’était pas totalement terminé lorsque le tournage a
commencé. Lorsque celui-ci se termina, en octobre 2011, deux nouveaux
scénaristes, Damon Lindelof et Drew Goddard, furent engagés pour réécrire la
fin, qui sera tournée six mois plus tard. Le budget du film explosât à 200
millions de dollars… ce qui en fait, et de loin, le film de zombie le plus cher
de l’histoire. En conséquence, le film est converti en 3D - alors qu’il est
réalisé par Marc Forster, disciple de Paul Greengrass et adepte de la mise en
scène stroboscopique. Avec « Quantum of Solace », il avait livré
quelques une des scènes d’action les plus rapidement montées vues au cinéma -
et aussi les plus illisibles.
Bref, tout
courait à la catastrophe. De quoi faire de « World war Z » l’un des
blockbusters les plus intéressants de l’année 2013.
Titanesque
Si « World
war Z » est le film de zombie le plus cher jamais produit, c’est aussi le
plus ambitieux. Le gigantisme de cette invasion zombie suscite une peur que n’avait
encore jamais réussi à créer un autre film du genre. La partie du film qui se
déroule à Jérusalem est, de loin, le moment le plus époustouflant du film… et
donc, aussi, celui qui met le plus mal à l’aise. La vision de Jérusalem prise d’assaut
par des milliers de zombies est aussi terrifiante qu’originale.
Tension vs vraisemblance
Cependant,
c’est lors de cette même séquence que le film perd un peu de sa cohérence :
auparavant latente, le film bascule alors pleinement dans la logique de
jeu-vidéo propre au genre du film de zombie. Le cauchemar de l’invasion mort-vivante
ne cesse de poursuivre Brad Pitt, de péripétie en péripétie, jusqu’à épuisement
de toute vraisemblance. Dès que son personnage atterrit à l’un des quatre coins
du globe, la place ne tarde pas à être envahie par les zombies ! Ce
perpétuel enchainement de scènes d’envahissement est un choix scénaristique créant
une tension captivante, s’accroissant à chaque péripétie – mais ce même
enchainement produit du même coup à chaque nouvelle péripétie une diminution de
la crédibilité de ce qui est montré, diminution qui affaiblit la tension parallèlement
à sa suscitation. Ce double mouvement paradoxal a toujours été l’un des enjeux
des films de zombie. La solution la plus privilégiée ces dernières années étant
d’accentuer l’enchainement des scènes d’invasion au mépris de toute
vraisemblance, pour susciter ou l’effroi par l’effet d’avalanche, ou le
divertissement second degré.
Or, c’est
au sérieux que prétend Marc Forster : il n’y a pas une once d’humour dans « World
war Z », qui ne vise pas à la série Z, si ce n’est quelques moments d’ironie.
Ce premier degré pâtit d’une exposition trop rapide, puisque Marc Forster ne
prend pas vraiment le temps de dessiner ses personnages avant de les jeter dans
l’apocalypse. En conséquence, « World war Z » ne fait pas (si) peur,
excepté quelques beaux effets de sursaut - auxquels il est difficile de
résister en 3D.
Zombie, péplum et huis-clos
Toutefois,
le film s’en sort quand même, grâce au gigantisme déjà cité de ces visions, et
surtout grâce à sa dernière partie, le plus grand moment de tension du film. C’est
paradoxalement lorsque « World war Z » met de côté ses ambitions d’invasion
mondiale pour se transformer en huis-clos que le film convainc le plus, et
finit par enthousiasmer ! Faut-il en conclure que le genre s’accommode peu
avec le péplum ?
Ce paradoxe
fait de « World war Z » le film de zombie le plus remarquable sorti
ces dernières années, et aussi l’un des blockbusters les plus originaux et
risqués. Dommage, toutefois, qu’il ne réinvente rien et se contente de refaire du
déjà-vu en plus gros.
On retiendra…
L’ambition de ce film de
zombie qui livre des visions véritablement cauchemardesque. La dernière partie
du film, un grand moment de tension.
On oubliera…
Le côté jeu-vidéo du film,
écueil du genre qui n’a pas été résolu ici.
« World war Z » de Marc Forster, avec
Brad Pitt, Mireille Enos,…
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