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Raoul Ruiz avait signé son chef-d’œuvre avec « Les
mystères de Lisbonne ». Ce film d’une durée extraordinaire (4h26) avait
été exploité dans les salles de cinéma en 2010 et diffusé sous la forme d’une
série télé de six épisodes en 2011 sur arte.
- 4h26… Voilà le genre de durée qui vous transforme
une séance de cinéma en trophée. Ça impressionne et c’est très distingué.
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J’ai peine à croire que tu ne te sois déplacé au
cinéma que pour ces raisons-là. Ce que je voulais voir, c’était cette nouvelle
forme que Ruiz venait de créer : un hybride inédit entre film et série
télévisée. Un concept qu’il comptait reprendre pour « Les lignes de
Wellington », avant qu’il ne décède lors de la préparation du tournage. Ecrit
par le même scénariste que « Les mystères de Lisbonne », Carlos
Saboga, le film raconte l’invasion du Portugal par les troupes napoléoniennes
du général Masséna en 1810. Sa compagne Valeria Sarmiento reprit le film et le
réalisa à sa place en son hommage.
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Et pourtant, au début de la projection, on se
croit de retour dans « Les mystères de Lisbonne ». « Les lignes
de Wellington » est aussi filmé en plans-séquences avec une caméra qui se
déplace lentement d’un point du décor à un autre, pour tisser l’écheveau d’une
myriade d’intrigues individuelles. Mais alors que dans le film de Ruiz ces
intrigues se multipliaient et s’emboitaient jusqu’au vertige, la forme plus resserrée
(2h31) et linéaire des « Lignes de Wellington » substitue à ce
vertige un suspense croissant au fur et à mesure que les troupes françaises se
rapprochent des fameuses lignes du général Wellington.
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On sent que le film aurait pu durer au moins
deux fois plus longtemps ! Le scénario de Carlos Saboga, en juxtaposant
plusieurs intrigues parfois très peu liées, semble aussi inépuisable en
intrigues que celui d’une série télévisée. « Les lignes de Wellington »
n’est pas un film de Raoul Ruiz mais bien de Valeria Sarmiento, et un de ses
choix fut de donner un forme plus brève à ce récit très riche.
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Ce procédé très libre de narration est
passionnant par la profusion de ces intrigues, mais leur multiplication conduit
inévitablement le spectateur à en trouver certaines plus intéressantes que d’autres.
Surtout, ce procédé permet de décrire avec une précision extraordinaire les
conséquences et les répercussions de cette invasion sur toutes les populations
impliquées dans le conflit. L’Histoire semble restituée dans toute sa
complexité.
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Beaucoup des personnages du film sont
interprétés par des grands acteurs européens venus rendre hommage à Ruiz,
parfois au prix d’apparitions parfois furtives. Mais la liste est trop longue
pour être citée !
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Et le cinéma portugais n’a pas fini de nous enthousiasmer,
avec la sortie mercredi d’un chef-d’œuvre : « Tabou » de Miguel
Gomes. On vous en parlera la semaine prochaine…
On retiendra…
Fresque épique vécue par le
prisme d’une multitude de points de vue différents, filmée en longs
plans-séquences et parsemée de références picturales : ces deux heures et
demie de film paraissent bien courtes.
On oubliera…
La multiplication des
intrigues a pour défaut de rendre certains segments moins captivants que d’autres.
A noter :
Comme pour « Les mystères
de Lisbonne », « Les lignes de Wellington » sera exploité sous
la forme d’une série télévisée. Trois épisodes seront diffusés en 2013 sur
arte.
« Les lignes de
Wellington » de Valeria Sarmiento, avec Adriano Luz, John Malkovich, Nuno
Lopes,…
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