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L’année se termine… et alors que l’on croit
avoir tout vu, arrive un chef-d’œuvre qui élargit encore l’idée que vous vous
faisiez des pouvoirs du cinéma…
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Hum. Je pense que le plus dur, dans cette
critique, sera de ne pas trop en faire – mais pourtant, il nous faut vous
convaincre que « Tabou » de Miguel Gomes est la ou l’une des
expériences cinématographiques les plus belles et étonnantes de l’année.
Présenté à Berlin au début de l’année, il n’arrive qu’en décembre en France.
Pourquoi n’a-t-il pas gagné l’Ours d’or à Berlin - mais un prix récompensant
« son caractère novateur » (le prix Alfred-Bauer) ?
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Non, le plus dur sera de ne pas trop en
dévoiler. Le mieux, comme toujours, est de déposer ce journal et de courir au
cinéma abc à la prochaine séance du film. Disons juste que « Tabou »
est en noir et blanc. Son histoire est en deux parties. Et « Tabou »
est… muet ?
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Le terme ne convient pas. Miguel Gomes, réalisateur
portugais, a monté son film d’une manière inédite. La deuxième partie du film
est muette, seulement accompagnée d’une voix-off, ou parfois d’une musique.
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Je t’avais dit qu’on allait trop en dire… Ce
procédé, que l’on retrouve d’abord dans le prologue du film, vous ensorcelle
immédiatement. « Tabou » est un souvenir qu’on aimerait revivre, et c’est
aussi un film sur la nostalgie : je ne peux pas imaginer aujourd’hui de
meilleure forme pour exprimer ce sentiment que celle qu’a donnée Miguel Gomes à
son film.
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Pour décrire ce qu’est le souvenir de cette
projection, il n’y a pas de meilleure expression que le titre de la première
partie : « Paradis perdu ».
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Je t’avais dit qu’on en ferait trop. Quel que
soit le point de vue sous lequel vous le regardez, « Tabou » est un
chef-d’œuvre. Sa mise en scène, au-delà de ce dont nous vous avons déjà parlé,
ménage une multitude de surprise et de rupture de tons. Les deux parties du
film elle-même en sont déjà une. Le noir et blanc, indissociable du fait qu’il
soit muet, est extraordinaire.
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Après une telle séance, la fin du monde peut
avoir lieu.
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Ne dis pas ça. Il est probable que sortiront
encore plusieurs bons films d’ici la fin de l’année.
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Bon ou pas, on vous parlera du retour de Peter
Jackson pour le dernier article de l’année. En attendant, faites attention au
crocodile.
On retiendra…
La forme inédite qui fait ressentir au spectateur le
sujet-même du film.
On oubliera…
Après l’avoir vu, on craint de trouver injustement
mauvais le prochain film que l’on compte aller voir.
« Tabou »
de Miguel Gomes, avec Ana Moreira, Carloto Cotta,…
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