lundi 3 décembre 2012

Ruiz Blas (Les lignes de Wellington)



-          Raoul Ruiz avait signé son chef-d’œuvre avec « Les mystères de Lisbonne ». Ce film d’une durée extraordinaire (4h26) avait été exploité dans les salles de cinéma en 2010 et diffusé sous la forme d’une série télé de six épisodes en 2011 sur arte.
-        4h26… Voilà le genre de durée qui vous transforme une séance de cinéma en trophée. Ça impressionne et c’est très distingué.
-          J’ai peine à croire que tu ne te sois déplacé au cinéma que pour ces raisons-là. Ce que je voulais voir, c’était cette nouvelle forme que Ruiz venait de créer : un hybride inédit entre film et série télévisée. Un concept qu’il comptait reprendre pour « Les lignes de Wellington », avant qu’il ne décède lors de la préparation du tournage. Ecrit par le même scénariste que « Les mystères de Lisbonne », Carlos Saboga, le film raconte l’invasion du Portugal par les troupes napoléoniennes du général Masséna en 1810. Sa compagne Valeria Sarmiento reprit le film et le réalisa à sa place en son hommage.
-          Et pourtant, au début de la projection, on se croit de retour dans « Les mystères de Lisbonne ». « Les lignes de Wellington » est aussi filmé en plans-séquences avec une caméra qui se déplace lentement d’un point du décor à un autre, pour tisser l’écheveau d’une myriade d’intrigues individuelles. Mais alors que dans le film de Ruiz ces intrigues se multipliaient et s’emboitaient jusqu’au vertige, la forme plus resserrée (2h31) et linéaire des « Lignes de Wellington » substitue à ce vertige un suspense croissant au fur et à mesure que les troupes françaises se rapprochent des fameuses lignes du général Wellington.
-          On sent que le film aurait pu durer au moins deux fois plus longtemps ! Le scénario de Carlos Saboga, en juxtaposant plusieurs intrigues parfois très peu liées, semble aussi inépuisable en intrigues que celui d’une série télévisée. « Les lignes de Wellington » n’est pas un film de Raoul Ruiz mais bien de Valeria Sarmiento, et un de ses choix fut de donner un forme plus brève à ce récit très riche.
-          Ce procédé très libre de narration est passionnant par la profusion de ces intrigues, mais leur multiplication conduit inévitablement le spectateur à en trouver certaines plus intéressantes que d’autres. Surtout, ce procédé permet de décrire avec une précision extraordinaire les conséquences et les répercussions de cette invasion sur toutes les populations impliquées dans le conflit. L’Histoire semble restituée dans toute sa complexité.
-          Beaucoup des personnages du film sont interprétés par des grands acteurs européens venus rendre hommage à Ruiz, parfois au prix d’apparitions parfois furtives. Mais la liste est trop longue pour être citée !
-          Et le cinéma portugais n’a pas fini de nous enthousiasmer, avec la sortie mercredi d’un chef-d’œuvre : « Tabou » de Miguel Gomes. On vous en parlera la semaine prochaine…
On retiendra…
Fresque épique vécue par le prisme d’une multitude de points de vue différents, filmée en longs plans-séquences et parsemée de références picturales : ces deux heures et demie de film paraissent bien courtes.

On oubliera…
La multiplication des intrigues a pour défaut de rendre certains segments moins captivants que d’autres.

A noter :
Comme pour « Les mystères de Lisbonne », « Les lignes de Wellington » sera exploité sous la forme d’une série télévisée. Trois épisodes seront diffusés en 2013 sur arte.

« Les lignes de Wellington » de Valeria Sarmiento, avec Adriano Luz, John Malkovich, Nuno Lopes,…

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