lundi 12 décembre 2011

Honte (Shame)


-          « Shame » n’est que le deuxième film de Steve McQueen, mais celui-ci s’est déjà fait un nom grâce à des vidéos expérimentales d’art contemporain et en remportant la Caméra d’Or à Cannes en 2008 pour « Hunger ». Autant dire que son deuxième film était très attendu. Le projet a de quoi intriguer : dans « Shame », Michael Fassbender incarne un cadre trentenaire new-yorkais nommé Brandon, obsédé par le sexe et devant faire face à l’irruption de sa sœur, forcée de s’installer chez lui.
-          On pourrait croire au synopsis d’une comédie, mais « Shame » n’est absolument pas drôle et terriblement sérieux. Il ne fait aucun doute que Steve McQueen est un grand réalisateur : la composition des plans, le montage, la photographie sont impressionnants. Une séquence est particulièrement virtuose, un travelling latéral suivant la course en ligne droite de Michael Fassbender à travers les rues désertes de New-York, chorégraphiée avec la musique de Bach résonnant dans les écouteurs du personnage.
-          Mais cette maîtrise technique est hélas mise au service d’un scénario décevant, car vide de sens. Il est étonnant de voir une telle maîtrise mise au service d’une histoire presque risible. L’addiction sexuelle de Brandon semble grotesque au départ, le film ne lui montrant pas d’autre occupation que celle d’assouvir ses pulsions. Comment peut-on être aussi obnubilé et pouvoir encore assurer son travail de cadre, posséder une telle fortune, tout cela sans que personne ne se doute de rien ?
-          Ah, mais les spectateurs n’auraient peut-être jamais cru à cette histoire avant que n’éclate l’affaire DSK ! Le film résonne étrangement avec l’actualité, et la coïncidence aurait pu être plus grande encore si « Shame » avait été sélectionné au festival de Cannes plutôt qu’à Venise…
-          Même si l’actualité peut nous amener à tempérer notre jugement par rapport à la crédibilité de l’histoire, le scénario de « Shame » n’en reste pas moins très inférieur à sa mise en scène. L’addiction sexuelle de Brandon n’a aucune explication, n’est reliée à rien, et est donc incompréhensible pour le spectateur. De fait, peu nous importe que le personnage soit honteux ou non de ses activités : ces moments d’apitoiement deviennent tout aussi pénibles que les orgies - parfois interminables et toujours insoutenables – que le réalisateur nous inflige. De « Shame » on pourra donc apprécier l’adresse de son réalisateur, mais rien de plus : le film manque désespérément de sens.

On retiendra…
La maitrise de la mise en scène, l’interprétation de Michael Fassbender (récompensé à Venise).

On oubliera…
Le scénario, sans profondeur, rendant le film vain et presque ridicule.

A noter :
La censure française est incompréhensible ces temps-ci. « Shame » n’est interdit ici qu’aux moins de 12 ans, ce qui semble bien trop léger. Aux Etats-Unis, c’est l’interdiction la plus dure qui a été choisie…

« Shame » de Steve McQueen, avec Michael Fassbender, Carey Mulligan,…

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