mercredi 2 novembre 2011

Spielberg, ad hoc pour Tintin ? (Les aventures de Tintin : le secret de la Licorne)


-          Avais-tu vu dans ton enfance « Tintin et les oranges bleues » (1964)  ou « Tintin et le mystère de la toison d’or » (1961) ?
-          Non, mais j’ai vu la série de dessins animés. J’en ai retenu la musique…
-          J’avais vu en cassette ces deux films, et même à l’époque je me souviens m’être bien ennuyé. Ces deux films étaient pour le moment les deux seules adaptations cinématographiques de l’univers d’Hergé. Leur seul mérite est d’avoir prouvé que Tintin ne pouvait pas passer au cinéma en prises de vue réelles. La faute à la fameuse houppette : aucun acteur ne peut jouer avec sans être ridicule !
-          Il n’y avait pas ce problème-là dans les dessins animés, qui m’ont semblé plus réussis. Mais ils se contentaient du strict minimum au niveau de l’adaptation: celle-ci consistait littéralement en une animation du dessin d’Hergé. Aucune surprise ne pouvait donc surgir de cette série, qui n’avait aucun intérêt pour qui avait lu les albums, et qui n’apportait rien à l’œuvre d’Hergé.
-          Je suis d’accord avec toi, il faut forcément trahir pour adapter une œuvre au cinéma. Mais là où réside toute la difficulté est : jusqu’où cette trahison peut-elle aller ?
-          La réponse des spectateurs à cette question cruciale dépendra (entre autres) de leur degré de tintinophilie. Mais personne ne pourra reprocher à Spielberg le choix de la motion capture pour son adaptation, la technologie incroyable qui avait déjà démontré toute sa puissance dans « Avatar ». Le résultat à l’écran est stupéfiant et semble bien conforme à la ligne claire d’Hergé.
-          D’accord, du point de vue technique le film de Spielberg est une réussite. Mais on peut avoir plus de réserves quant au scénario. Celui-ci respecte dans les grandes lignes l’histoire du « Secret de la Licorne », mais est complété par des scènes tirées d’autres albums et surtout par des scènes d’action… assez problématiques. La technique de la motion capture autorise au réalisateur à se détacher complètement du réel et ainsi livrer des courses-poursuites à la manière d'"Indiana Jones" sous forme de plans-séquences impossibles mais extraordinaires. Augmenté de la 3D, le spectacle est assuré, même si par moments on se croirait dans un jeu-vidéo. Mais les BD n’ont jamais contenu autant d’action.
-          Le film de Spielberg est mené à un rythme trop frénétique par rapport à la lecture des cases figées d’Hergé. Le plaisir est grand pour le spectateur du film, mais bien moindre pour le lecteur des bandes-dessinées qui ne reconnaîtra plus l’univers de Tintin dans ce déchaînement d’action qui fait de « Tintin » un réel  blockbuster américain, beaucoup moins sage que les adaptations franco-belges que tu as cité au début.
-          Si Tintin et les Dupont/d sont très convaincants, on ne reconnait pas vraiment le capitaine Haddock (joué par Andy Serkis, le Gollum du « Seigneur des Anneaux ». Mais même si on y ajoute le manque d’humour du film par rapport aux BD, ce Tintin-là reste une grande réussite et un très bon divertissement.
On retiendra…
La motion capture, une technologie qui semble désormais évidente pour retranscrire le dessin d’Hergé au cinéma sans faire un film d’animation.

On oubliera…
Le rythme trop effréné du film, qui transforme par moments l’univers de Tintin en parc d’attraction.

A noter :
Peter Jackson, producteur du film, et Steven Spielberg, réalisateur, échangeront leur rôle pour le deuxième épisode qui sera tourné lorsque Peter Jackson aura terminé de travailler sur son adaptation de Bilbo le Hobbit (deux films en décembre 2012 et 2013).
Quant à Spielberg, absent des écrans depuis 2008, il revient avec trois films d’ici l’été 2013.

« Les aventures de Tintin : le secret de la Licorne » de Steven Spielberg, avec Jamie Bell, Andy Serkis,…

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