Depuis le
très beau « Incendies » en 2010, les portes de Hollywood se sont
ouvertes à Denis Villeneuve. Depuis, le réalisateur québécois y a enchaîné trois
chefs-d’œuvre dans autant de genre différents (le thriller
« Prisoners », le fantastique et très dérangeant « Enemy »,
le film policier « Sicario ») et aborde en 2016 la science-fiction avec
« Premier contact », sa première incursion dans le genre (avant
« Blade runner 2049 »).
Un neuf premier contact
De
« Rencontre du troisième type » à « Contact » (pour ne
citer que deux films au titre particulièrement explicite), combien de fois
l’histoire du premier contact de l’humanité avec une intelligence
extra-terrestre a-t-elle déjà été racontée au cinéma ? Pourtant,
« Premier contact » apparait bien comme le premier, tant le film
semble totalement neuf. C’est que son scénario est adapté d’une novella très
réputée de Ted Chiang, « L’histoire de ta vie », à l’intelligence
extraordinaire. Complexe, subtil, riche, ce scénario est une merveille, que
Denis Villeneuve met en scène avec l’efficacité kubrickienne qu’on lui
connait. Le scénario comprenant un jeu sur la temporalité, c’est même à
Christopher Nolan que l’on pense en regardant « Premier contact » –
ces deux auteurs se retrouvent sur leur admiration évidente pour
« 2001 : l’odyssée de l’espace »… Ici, Villleneuve réutilise le
silence, le jeu sur les perspectives, et le minimalisme conceptuel du Monolithe
de Kubrick pour accroitre l’intensité dramatique de cette rencontre de l’homme
avec l’extra-terrestre.
Il nous
fait s’identifier avec une si grande force au personnage principal de la
linguiste jouée par Amy Adams que l’on ressent comme rarement auparavant cette
peur immense face à l’incompréhensible, l’inconcevable que sont les extra-terrestres.
La peur est si grande que sa mission – établir un contact avec eux – nous
parait même complètement impossible tout d’abord. Jusqu’à ce que le personnage
d’Amy Adams ait l’idée de leur apprendre la langue (l’anglais). Ce sera ensuite
tout le sujet du film que d’expliquer la complexité et les limites de la
compréhension d’une langue, avec un souci et une rigueur unique pour un film de
SF, qui balaie d’habitude systématiquement cette question de la barrière de la
langue…
Twist
Mais ce n’est
pas là la seule richesse de « Premier contact », qui comporte aussi tout
une construction scénaristique et de montage qui se clôt par un twist d’une force
à vous mettre les larmes aux yeux, révélé vers la fin du film. C’est très beau
et émouvant. La seule chose que l’on peut d’ailleurs regretter de ce film,
c’est la manière dont ce twist est un peu surexpliqué à la toute fin. Le
réalisateur étale sa révélation du twist en une succession de micro-suspenses inutiles,
le schéma global ayant déjà été saisi par le spectateur. Les seuls spectateurs
sur qui ces micro-suspenses pourraient fonctionner sont malheureusement ceux déjà
perdus à ce moment par le scénario du film, et avec lesquels le réalisateur semble donc du
coup bien cruel…
« Premier
contact » est le plus beau film de science-fiction de l’année. C’est avec
plus de sérénité et d’espoir que l’on attendra donc la sortie l’année prochaine
de « Blade runner 2049 » !
On retiendra…
Le scénario formidable d’intelligence
et la mise en scène toujours aussi puissante de Villeneuve, plus un twist final
très émouvant.
On oubliera…
Denis Villeneuve surplombe ses
spectateurs au moment de révéler son twist.
« Premier contact »
de Denis Villeneuve, avec Amy Adams, Jeremy Renner, Forest Whitaker,…
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