Brillante
Mendoza est un cinéaste à méthode. Avec « Ma’Rosa », son quatorzième
film en 11 ans (!), le cinéaste philippin reproduit une fois de plus sa mise en
scène percutante de réalisme, pour raconter les déboires d’une famille vivant
dans un bidonville de Manille. Et c’est toujours aussi impressionnant.
Sélectionné
et même récompensé à Cannes (Prix d’interprétation féminine pour Jaclyn Jose,
une des bizarreries du palmarès de l’édition 2016), « Ma’Rosa »
confirme que Mendoza a renoué avec l’inspiration, lui qui a traversé un relatif
passage à vide depuis « Captive » en 2012 (s’essayant notamment, avec
un résultat calamiteux, au film d’horreur avec « Sapi » – jamais
distribué en salles en France, et avec raison).
La méthode Mendoza
La méthode
de Brillante Mendoza est irrésistiblement efficace. Son cinéma semble filmé « en
direct », pris sur le vif, non dirigé. Il est fait de plans-séquences tournés au plus près des personnages que l’on suit dans le
moindre de leurs déplacements, d'où l'impression d'une narration « en
temps réel » où rien ne semble avoir été écrit à l'avance : c'est formidable
d’immersion. Brillante Mendoza réussit ainsi à allie à la puissance du cinéma de fiction la vérité du cinéma documentaire.
Le film est
donc déjà très frappant pour sa mise en scène. Même si celle-ci ne s'est pas
beaucoup renouvelée depuis les débuts de Mendoza, elle n’en est pas moins l’une des plus saisissantes qui
soient. Mais il est aussi frappant par le portrait terrible qu’il dresse de son
pays : une société très pauvre où la corruption est généralisée (la
découverte de l’étendue de la corruption est d’ailleurs l’un des plus gros chocs
ménagés par le scénario du film, implacable), où tous les rapports sont
gangrenés par l’argent (le grand sujet de Mendoza). La vie de Ma’Rosa, l’héroïne
du film, semble un parcours du combattant permanent – le suivre sur une journée
est déjà épuisant pour le spectateur… Même le climat est hostile, puisque tout
le film se déroule sous une tempête de pluie.
Toute la
misère du monde semble donc concentrée dans ce film, presque comme s’il en
faisait le catalogue. Ça pourrait paraître « trop », ça pourrait
paraître racoleur comme si Mendoza faisait un spectacle de la misère de son
pays… Mais non : sa mise en scène est tellement vive et immersive, que
pendant le film on ne se pose aucune question tant on est happé par ce qu’il se
passe, tant on y croit. C’est par ces accumulations folles que Mendoza produit
cette impression si forte de réel. Et plus cette impression est forte, plus sa
dénonciation est efficace.
« Ma’Rosa » est donc un film à qui l’excès réussit. Bonne nouvelle : Brillante
Mendoza est bel et bien de retour, et n’a rien perdu de sa vigueur.
On retiendra…
La mise en scène
ultra-réaliste qui produit une sensation d’immersion comme on n’en voit que
très rarement...
On oubliera…
Ce cauchemar quasi permanent
est une épreuve pour le spectateur.
« Ma’ Rosa » de
Brillante Mendoza, avec Jaclyn Jose, Julio Diaz,…
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