lundi 1 décembre 2014

The nanar(tist) (The search)

Il revient. Michel Hazanavicius, le réalisateur des comédies parmi les plus drôles, les plus intelligentes et les plus cinéphiles qui soient (les deux « OSS 117 » mais aussi « La classe américaine »), après avoir célébré le cinéma dans le vibrant hommage au muet qu’est « The artist » (2011) et après avoir été lui-même célébré par une pluie de récompenses (dont l’Oscar du meilleur film et du meilleur réalisateur), Michel Hazanavicius revient au cinéma avec « The search ».
           « The search » n’a rien d’une comédie. Il s’agit d’un lointain remake d’un film de 1948 (« Les anges marqués », Fred Zinnemann) dont l’intrigue a été contemporanéisé à la seconde guerre de Tchétchénie. C’est un film sur la guerre, représentée dans toute son horreur, de la fabrique de bourreaux aux destructions civiles.


Surligner…
                On aurait pu ici saluer le courage de Michel Hazanavicius. C’est un réalisateur qui ose un brusque changement de registre, qui pense à se renouveler, même abruptement, qui ne s’installe pas dans un territoire cinématographique pour éviter d’y être enfermé – un réalisateur libre et sincère. On aurait pu le faire si on n’avait pas vu « The search ». De ces intentions, après la projection, il ne reste plus rien, si ce n’est un engagement d’une force que l’on ne soupçonnait pas chez Hazanavicius. « The search » est un ratage cinématographique dont l’ampleur est encore accentuée par les récompenses récoltées par le réalisateur avec son précédent film et la sélection du film en compétition à Cannes.
                Malheureusement, tout va très vite et il ne faut pas chercher bien longtemps avant de se rendre compte que « The search » est mauvais. Hazanavicius prend par la main le spectateur et lui délivre un discours parfois si simple qu’il en devient bête. Il n’y a pas de doute, Hazanavicius est révolté par ce qu’il raconte. On comprend qu’il veut être certain que son cri d’effroi soit entendu. Mais ses efforts pour être compris, ce souci de de bien faire, sont si évidents, qu’ils bêtifient le film. En passant de la comédie au drame, Hazanavicius semble avoir oublié toute son intelligence.

… est irritant
Ainsi, l’enfant (Abdul Khalim Mamatsuiev), censé nous attendrir, s’avère prodigieusement agaçant tant son silence est exploité sans subtilité par la mise en scène pour délivrer encore et encore des messages déjà compris. A ses côtés Bérénice Béjo n’est jamais crédible dans son rôle. Elle joue si faux qu’elle n’a peut-être jamais été aussi mauvaise. Cette absence de justesse rend la plupart de ses scènes de grands moments de gêne. On se surprend même à baisser les yeux de l’écran lorsqu’elle apparait, dans une tentative désespérée de diminuer la portée du désastre en cours de projection.
Mais rien n’arrête Hazanavicius, qui, pendant 2h15, surligne tout, sans autre subtilité que son montage en forme de serpent qui se mord la queue – que l’on devine très vite. Les mauvaises idées de mise en scène sont permanentes, la plus spectaculaire d’entre elle étant le moment où l’enfant est surpris en train de danser. Cette scène invraisemblable, on comprend qu’elle est pensée comme un sommet d’émotion, et sa longueur conçue pour nous tirer toutes les larmes de notre corps, mais ces intentions sont si évidentes, paraissent si calculées, que la scène ne provoque rien sinon de l’irritation devant un tel gâchis.
          La seule chose que l’on pourrait sauver de « The search » est l’implacable évolution du jeune russe (Maxim Emelianov), qui, pour échapper à la prison, intègre l’armée. Rien de nouveau cinématographiquement, mais cette horreur-là glace trop pour que l’évidence des intentions diminue la portée de celles-ci. Cependant, ce cinéma de l’humiliation est aussi le plus facile pour faire réagir ses spectateurs…
        Ça ne suffit donc pas à rattraper ce film, si catastrophique qu’il restera comme une aberration, un anachronisme, un accident dans la carrière de Michel Hazanavicius.

On retiendra…
Le portrait du soldat russe montrant la fabrique des bourreaux, s’il n’est pas original et peut paraître facile, contient des scènes très fortes.

On oubliera…
A peu près tout : « The search » est un désastre.


« The search » de Michel Hazanavicius, avec Abdul Khalim Mamatsuiev, Bérénice Bejo, Maxim Emelianov,…

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