dimanche 4 mars 2018

La vie aquatique (La forme de l’eau)

Le réalisateur des deux « Hellboy » est, enfin, célébré unanimement à travers le monde, grâce à son dernier film, « La forme de l’eau », qui a réussi l’exploit de remporter le Lion d’or à Venise l’année dernière et de figurer en tête des nominations aux Oscars. Une reconnaissance critique et surtout publique fort bienvenues pour ce réalisateur, qui depuis le succès du si beau « Le labyrinthe de Pan » (2006), a eu bien du mal à monter ses projets : de « Les montagnes hallucinées » à « Le Hobbit », on ne compte plus le nombre de films annoncés puis abandonnés (temporairement ?) par Guillermo del Toro, faisant du réalisateur un « génie frustré ».


Science du détail
Bien qu’il remporte un succès beaucoup plus large, « La forme de l’eau » ne contient aucune rupture dans sa forme comme dans son fond avec le reste de la filmographie du réalisateur. Mais s’il touche particulièrement, c’est sûrement parce que ce film-ci est une histoire d’amour, placée sur un registre drôle et émouvant, qui lui donne un côté « feel good movie » qui fait rapidement mouche. Il est difficile de résister aux personnages, formidablement typés. La science du détail de Guillermo del Toro fait ici merveille : chacun d’eux, mêmes les plus mauvais, sont attachants, inoubliables. L’impression de bien-être procurée par le film n’empêche pas pour autant des moments noirs. L’image est résolument sombre (la lumière du jour est absente), et le film ménage de soudaines explosions de violence, qui sont si brusques qu’elles en deviennent drôles.
Comme tout film de del Toro, « La forme de l’eau » est évidemment un agrégat d’hommages et de références, de tous les genres – jusqu’à la comédie musicale, dans l’un des passages les plus émouvants et magiques (car si près du grotesque). Par exemple, le design (merveilleux) de la créature évoque autant Abe, l’être amphibie de « Hellboy », que « L’étrange créature du lac noir » (1954) – dont del Toro devait un temps réaliser un remake. Mais le film regorge aussi de références politiques, sociales, personnelles. Ce fourre-tout visuel, allié à l’impression de « feel good movie », rappelle le cinéma de Jean-Pierre Jeunet (à sa meilleure époque).
En somme, « La forme de l’eau » est un film enchanteur (malgré sa noirceur), qui espérons-le, ouvrira de nouvelles portes à Guillermo del Toro.

On retiendra…
L’émotion procurée par le film, sa drôlerie, et sa poésie visuelle.

On oubliera…
La forme du conte donne aux métaphores un côté évident qui diminuent leur puissance.

« La forme de l’eau » de Guillermo del Toro, avec Sally Hawkins, Doug Jones, Michael Shannon,…

jeudi 15 février 2018

La revanche d’une blonde (Revenge)

« Revenge » est bien plus singulier que ne laisse penser son titre passe-partout. Il s’agit d’un film « de genre » (appellation polie pour dire « film d’horreur » et dérivés) d’une réalisatrice française, Coralie Fargeat, racontant une chasse à l’homme – l’expression exacte serait plutôt : une chasse à la femme. Très violent, le film est interdit aux moins de 12 ans, et n’a pas dû passer loin de l’interdiction aux moins de 16 ans.


Contraintes et liberté
Tourné dans le désert marocain, « Revenge » a une identité visuelle forte : la photographie très colorée rappelle la bande dessinée. Ces superbes images sont accompagnées d’une excellente musique électro de Rob, suffisamment maîtrisée pour ne pas faire tomber le film dans le clip – de peu. La mise en scène a plein de bonnes idées, sait ménager des pièges aux spectateurs, et surtout réussit petit à petit à transformer l’horreur du début en défouloir jouissif. Elle se distingue en particulier par des brusques gros plans (sur une mastication ou la chute de gouttes de sang par exemple) qui suspendent et intensifient l’action.
Mais « Revenge » est aussi un premier film. On le devine en cours de projection. Il pâtit d’une volonté de trop bien faire qui se manifeste par des effets de montage très appuyés, une insistance sur des symboles évidents (une pomme dévorée par des insectes au début du film est particulièrement agaçante, un téléachat lors du combat final aussi), en bref une volonté de trop bien faire. Trop soignée, trop calculée, la réalisation de « Revenge » apparait bizarrement comme corsetée… alors même qu’elle est au service d’une histoire de libération !
Un autre point notable à propos du film est son bilinguisme. Le film a été tourné en anglais et en français. Le mélange des deux langues étonne au départ… mais n’est pas utilisé par le scénario, ou presque. On devine donc en cours de projection que ce bilinguisme a été une stratégie pour aider au financement du film (ce qui est effectivement vrai). Cette contrainte sur la langue n’a pas été transformée en atout narratif, au contraire de certaines autres contraintes (telle que l’absence d’acteur connu au casting par exemple), et reste donc à l’état de bizarrerie.
Malgré ces imperfections, « Revenge » pourra divertir, et même plus : son côté féministe soulève de nombreuses questions et suscite la réflexion.

On retiendra…
Les bonnes idées de mise en scène, le passage de l’angoisse à la comédie, la photographie stylisée, la musique.

On oubliera…
La trop évidente maîtrise de la réalisation qui rend mécanique cette histoire de libération.

« Revenge » de Coralie Fargeat, avec Matilda Lutz, Kevin Janssens,…

dimanche 28 janvier 2018

Publicité détournée (3 billboards, les panneaux de la vengeance)

Martin McDonagh n’était jusqu’à présent l’homme que d’un seul film : « Bons baisers de Bruges ». Un flamboyant coup d’essai cinématographique (d’un dramaturge expérimenté), sorti en 2008 et devenu culte, contrairement à son deuxième film, « 7 psychopathes », passé inaperçu. « 3 billboards, les panneaux de la vengeance » (titre français très peu inspiré) n’est donc que son troisième film en dix ans, mais il a remis McDonagh au-devant de la scène.


Cocktail de contraires
« 3 billboards » figure en effet parmi les favoris aux Oscar 2018, porté notamment par sa résonance avec l’actualité. Cette histoire d’une femme entêtée luttant âprement pour que soit recherché l’assassin et le violeur de sa fille dans l’Amérique profonde évoque forcément le mouvement « Time’s up » et l’Amérique de Trump. Mais le film a bien d’autres atouts.
Le plus frappant est cette alliance de burlesque, de grotesque et de tragique propre à l’auteur : dans une même scène McDonagh porte au plus haut à la fois le rire et le drame. A sa manière, le mélange est osé… et ne convainc pas toujours au début. Cependant, le film est si énergique – rythmé et intense – et les péripéties du scénario si improbables que cette bizarre mais rare combinaison de mélodrame et d’humour noir finit par emporter.
De plus, les acteurs font vivre des personnages marquants. Ils apparaissent d’abord comme de spectaculaires caricatures mais leur richesse sera peu à peu révélée par l’intrigue, jusqu’à en devenir émouvants. Une trajectoire qui reflète celle du film tout entier, qui commence dans la rage et s’achève sur ce qui est presque de la tendresse.
L’indéniable qualité de ces audaces d’écriture basées sur l’alliance des contraires apporte beaucoup au film… et le dessert aussi parfois, car ces audaces rendent trop visibles justement cette écriture, ce qui provoque des effets de « décollement du réel » qui font décrocher du film. Comme ces lettres posthumes postées aux différents personnages, qui certes sont drôles (par leur ton) et tristes (car c’est un mort qui s’exprime), mais servent trop bien la mécanique de l’intrigue pour qu’on les croit vraisemblables (elles contiennent même une explication psychologique (redondante) de chaque personnage !).
« 3 billboards » est donc un film original, mémorable et particulièrement actuel. Il interpelle et ne peut laisser indifférent… tout en étant loin d’être le chef-d’œuvre promis par la campagne pour les Oscar.

On retiendra…
L’alliance des contraires : mélodrame et humour noir, rage et tendresse… L’énergie du film et la force de ses interprètes.

On oubliera…
L’alliance des contraires ne fonctionne pas toujours… Des passages sont aussi surécrits.


« 3 billboards, les panneaux de la vengeance » de Martin McDonagh, avec Frances McDomand, Sam Rockwell, Woody Harrelson,…

Les 17 films de 2017


Par sa beauté visuelle inouïe, la radicalité de sa mise en scène et de son montag – presque inespérée pour ce type de production , son intelligence et surtout l’émotion procurée, « Blade runner 2049 » est pour moi Le film de l’année 2017. Vient après le projet si longuement attendu de James Gray, « The lost city of Z ». Les longs-métrages de ce duo de tête, ainsi que « Au revoir là-haut », ont pour points communs d’être des films de genre spectaculaires réalisés par des cinéastes d’auteur qui n’ont rien cédé sur leur exigence, et servis par des photographies exceptionnelles.

1.       Blade runner 2049
2.       The lost city of Z
3.       La lune de Jupiter
4.       Au revoir là-haut
5.       Un beau soleil intérieur
6.       The square
7.       Good time
8.       120 battements par minute
9.       Un jour dans la vie de Billy Lynn
10.   Certaines femmes
11.   I am not a witch
13.   Le jour d’après
14.   Okja
15.   Song to song
16.   Jackie
17.   Problemos

Comme chaque année, des films s’imposent en tête avec évidence – ce fût le cas des deux derniers cités –, puis le classement se fait de plus en plus flou. On notera  la première apparition dans ce top rituel d’un film qui n’a pas pu sortir sur les écrans, « Okja » de Bong Joon-Ho (ce qui était bien dommage) car produit par Netflix. Sur ce sujet, 2018 s’annonce comme l’année de tous les bouleversements, pendant laquelle la remise en question des barrières entre cinéma en salle/cinéma dématéralisé et cinéma/série, portées par la montée des nouveaux géants de la SVOD, va devenir incontournable.
A noter que je n’ai pas (encore) vu la saison 3 de « Twin peaks » (considéré comme le meilleur film de l’année par une partie de la presse française), et que je suis aussi passé à côté de « Get out ».

dimanche 21 janvier 2018

Pépite oubliée (Wanted)

« Wanted » est un improbable film qui a (un tout petit peu) refait surface depuis la mort de l’une de ses stars, Johnny Hallyday. Le chanteur tenait en effet l’un des rôles-titres, aux côtés de Renaud, Gérard Depardieu et Harvey Keitel ! On ne sait pas comment ce film s’est monté, mais on peut supputer que soit sur une idée de casting, ou plutôt des idées de casting : « faire se rencontrer des stars françaises avec une star américaine » (même si la star américaine en question est vieillissante et n’est plus ce qu’elle était), « faire se rencontrer Johnny Hallyday et Renaud », « faire se rencontrer Gérard Depardieu et Johnny Hallyday » ? Ce casting impressionnant (et unique dans l’histoire du cinéma !) est l’attrait principal de ce film largement méconnu – alors qu’il aurait tout pour devenir culte.


Degré(s) de comique
« Wanted » (ou « Crime spree » en VO, le film étant américain) est le premier long-métrage de l’américain Brad Mirman, qui était jusque-là « connu » comme scénariste (« Highlander 3 » notamment, en 1995)[1]. Et effectivement, Mirman se montre plus expérimenté sur son écriture que sur sa mise en scène. Si le scénario est vraiment celui d’une comédie de braquage, qui atteint son but au premier degré (le comique fonctionne régulièrement), la réalisation se prend parfois trop au sérieux et se perd dans des effets de style assez embarrassants… mais très drôle au troisième degré (et aux suivants). On touche là à ce qui fait toute la qualité de « Wanted » : d’être drôle à différents degrés, simultanément, le premier inclus (ce qui n’en fait pas un nanar !). Au point que lorsqu’on rigole, on ne sait plus trop identifier à quel degré le film est drôle... Un exemple : Johnny, Renaud et Gégé s’échangent des répliques en anglais (le film se déroule majoritairement à Chicago), ce qui est ridiculement drôle – mais certains de ses dialogues sont vraiment drôles !
Le film possède une candeur très réjouissante. La maladresse de certains effets de montage répond à l’amateurisme de la direction d’acteurs (Johnny et Renaud manquent complètement de naturel), mais ce qui ressort avant tout c’est le plaisir qu’a eu Brad Mirman à créer son film. Il s’est vraiment amusé avec son casting, et son plaisir est aujourd’hui communicatif (c’était manifestement moins le cas à l’époque de sa sortie, puisque le film n’a pas atteint les 400 000 entrées en France !).
On n’ira pas jusqu’à déclarer que « Wanted » est un bon film, celui-ci restant assez embrouillé et plein de gratuités, telle la scène où Johnny et Renaud (qui ne jouent pas leur propre rôle) se battent pour écouter l’un de leur tube respectif sur un poste de radio. Mais il a gagné en intérêt avec le temps. Il est tellement unique (et conscient de cette unicité !) et si drôle (peu importe le degré) qu’il mériterait à être plus connu. D’où cette critique !
Le meilleur du film est à la fin, ou plutôt après : essayez de deviner de quand date « Wanted ». Il est effarant de constater qu’il n’est pas si vieux que ça !

On retiendra…
Un des meilleurs castings de l’histoire du cinéma français (Johnny Hallyday, Renaud et Gérard Depardieu)… forcé de s’exprimer en anglais (puisqu’il s’agit d’une histoire de braquage à Chicago !).

On oubliera…
L’amateurisme de la réalisation et des acteurs-chanteurs français, le scénario improbable tiré par les cheveux.

« Wanted » de Brad Mirman, avec Gérard Depardieu, Harvey Keitel, Johnny Hallyday, Renaud,…




[1] « Connu » n’est peut-être pas le bon terme, puisque ce cinéaste n’a pas encore de fiche Wikipédia en anglais (!), mais en français et en allemand.

vendredi 19 janvier 2018

Fragments de torpeur thaïlandaise (Bangkok nites)

Katsuya Tomita est japonais, mais il connait manifestement très bien la Thaïlande. Pour essayer d’expliquer ce qu’est « Bangkok nites », on pourrait en effet le résumer comme un portrait de ce pays. Le film raconte comment y sévit la pire forme du capitalisme mondialisé, le tourisme sexuel (et psychotrope), favorisé par des rapports coloniaux encore latents avec le Japon. L’œuvre de Tomita n’est pas encore très fournie (quatre films, dont seuls les deux derniers sont sortis en salles en France), mais elle est déjà très dense, rien que par l’ampleur de ces films – « Bangkok nites » dure plus de 3h !


Réalisme hallucinatoire
Le film commence fort : dès la scène d’ouverture, on est dans la sidération. Les premières minutes exposent brillamment les mécaniques de la société qui sera décrite tout au long du film, avec une mise en scène faussement simple à la grande puissance visuelle. Après cette embardée initiale, le film se calme en gardant un rythme égal, pendant que la mise en scène fait lentement évoluer le portrait social, qui semblait coller au présent le plus contemporain (déjà très riche), vers un portrait à plusieurs composantes, d’une grande profondeur. Le réalisateur réussit en effet à faire surgir (parfois littéralement) de sa description du présent ses racines historiques, dans une construction subtile, complexe et très belle.
La narration fait toute l’originalité du travail de Katsuya Tomita. Les scènes s’enchaînent, mais elles ne sont que lâchement liées par une intrigue, qui se révèle petit à petit mais reste très flottante. Cela produit une sensation de réalisme, puisque les événements semblent advenir « naturellement », sans obéir à une logique narrative dépassant les personnages. On ne comprend ainsi pas vraiment si les scènes qui nous sont montrées ont une importance, voire si elles ont un sens, ou s’il ne s’agit tout simplement que de de montrer du « présent ».
Par cette manière très diffuse de raconter une histoire, le film acquiert vite une structure brumeuse se rapprochant de celle des rêves… Ou plutôt d’hallucinations, puisque de manière surprenante, le réalisateur se permet de manière inopinée des tentatives stylistiques qui paraissent toujours incongrues (irruptions de bruitages, de ralentis, plans figés, sursaturation de l’image,…) car elles ne sont jamais reproduites. Ces hallucinations secouent le film de sa torpeur, tout en le rapprochant encore plus de la texture des rêves. Ces hallucinations peuvent être aussi prises au sens propre : le réalisme déployé par le film n’empêche pas de brèves apparitions de fantômes et même de créature mythologique. Des apparitions qui font forcément penser au cinéma du cinéaste thaïlandais Apichatpong Weerasethakul, dont le film se rapproche.
« Bangkok nites » ne peut ainsi être mieux décrit que par l’expression « réalisme hallucinatoire ». Mais la beauté de ce style parait à la longue un peu vaine lorsque, même sur la fin, la fiction reste obstinément éthérée, au point de virer à l’insignifiance ou à l’incompréhensible.

On retiendra…
Un portrait sidérant de la Thaïlande, racontée par le biais d’une fiction très lâche développant un « réalisme hallucinatoire » unique.

On oubliera…
La longueur du film est parfois pesante, de même que la signification hermétique de certaines des scènes finales.


« Bangkok nites » de Katsuya Tomita, avec Subenja Pungkorn, Katsuya Tomita,…

mercredi 10 janvier 2018

Lemaitre Dupontel (Au revoir là-haut)

On imagine que la lutte pour acquérir les droits d’adaptation du prix Goncourt 2013, énorme succès en librairie, a été féroce. C’est finalement Albert Dupontel qui a réussi à s’imposer, à l’heureuse surprise générale. Grâce au succès public et critique de « 9 mois ferme », l’acteur-réalisateur a pu accéder à un projet au budget ambitieux, exigé par ce film d’époque. Or, connaître le succès et accéder à des productions de plus grande ampleur et donc plus risquée financièrement conduisent plutôt à l’académisme.


Futur classique
Mais Dupontel n’a rien cédé : dans « Au revoir là-haut », il se montre toujours aussi fou, virtuose et drôle qu’auparavant, tout en étant encore plus spectaculaire. Le pari était encore moins gagné d’avance que sur un tel sujet – la Grande Guerre et ses conséquences – le cinéma français avait déjà livré de très bon films français récents, tels que « Un long dimanche de fiançailles » de Jean-Pierre Jeunet (2004) et « La chambre des officiers » de François Dupeyron (2001). Mais aucun n’a l’ampleur d’ « Au revoir là-haut ».
Quelque que soit le prisme choisi pour analyser le film, « Au revoir là-haut » apparaît comme une réussite. Son scénario retranscrit le foisonnement de péripéties et de personnages du roman sans embrouiller le spectateur ni paraître compliqué. L’image est somptueuse. Les cadrages virtuoses dont est adepte Dupontel s’enchaînent ici sans virer à l’épate, tant l’on est profondément happé par la narration. Ils s’intègrent très bien au cadre épique et tragique de ce film, bien mieux en tout cas que la dernière comédie du réalisateur où les mouvements compliqués de caméra ressemblaient à de la sophistication gratuite. La direction artistique, qui s’exprime notamment à travers les masques portés par la gueule cassée Edouard Péricourt, apporte une forme poétique inespérée à l’image, très émouvante. Les acteurs composent de formidables numéros, des premiers aux seconds rôles, même les plus éphémères (Michel Vuillermoz, épatant). Seule facilité, l’interprétation par Dupontel de son personnage doucement ahuri manque d’originalité. Mais on comprend que le réalisateur n’ait pas eu l’énergie de se lancer dans une nouvelle performance alors qu’il réalisait le film.
Par son style affirmé, Albert Dupontel réussit à produire un mélange très émouvant de tragique et de comédie. Un grand film, tout simplement.

On retiendra…
Le style Dupontel, fait d’outrances et de sophistications comiques, augmenté d’une puissance visuelle inattendue apportée par une incroyable direction artistique, restitue avec beaucoup d’émotions le mélange de comédie et de drame de cette histoire.

On oubliera…
L’interprétation de Dupontel, pas du tout surprenante.


« Au revoir là-haut » d’Albert Dupontel, avec Albert Dupontel, Nahuel Perez Biscayart, Laurent Lafitte,…