C’est un
des films qui a le plus fait parler de lui au dernier festival de Cannes…
« The last face » a été démoli comme rarement par la presse lors de
sa présentation en sélection officielle. A tel point que le lendemain de cette
présentation, la carrière commerciale du nouveau film de Sean Penne (presque 10
ans après le magnifique « Into the wild ») était réduite à néant. Dix
mois plus tard, « The last face » a quand même réussi à se frayer un
chemin jusqu’aux salles en France grâce à un distributeur courageux…
Extrêmement ridicule…
La
réputation cannoise désastreuse du film n’était pas infondée. La déjà célèbre
phrase en carton d’introduction si décriée n’a pas été supprimée : « La
violence de la guerre en Afrique n'est comparable pour les Occidentaux qu'à la
brutalité des rapports entre un homme et une femme qui s'aiment d'un amour
impossible. » Comment un film peut-il se relever après une telle
introduction ? Toute la bêtise de « The last face » est résumée
dans cet incipit.
Deux médecins
humanitaires occidentaux (Javier Bardem et Charlize Theron) tombent amoureux
pendant leur mission au Libéria ravagé par la guerre civile. Raconter une
histoire d’amour entre médecins dans un camp de réfugiés, dans un contexte de
misère extrême et d’urgence humanitaire, alors que la guerre gronde en
hors-champ, il fallait oser. D’où peut-être la sélection officielle du film à
Cannes : une manière de saluer le courage suicidaire de Sean Penn ?
Quel cinéaste aurait été assez fou pour croire en ce projet ? Sean Penn y
a cru et y croit encore. Ce n’est pas qu’il est fou, mais il est convaincu de
la nécessité de son propos : faire le portrait, héroïque mais réaliste,
des humanitaires.
Cette
conviction est sensible dans l’absence totale de second degré de son film. Il
n’y a pas une once d’ironie dans « The last face ». Et ce, alors même
que le ridicule est présent presque tout le temps. Impossible de ne pas citer
les apparitions de Jean Reno, une incongruité involontairement comique, qui
joue de plus un personnage nommé « Dr Love »… Aveuglé semble-t-il par
la force de son engagement humanitaire, Sean Penn multiplie les offenses au bon
goût et, plus grave, à la morale, car il n’y a évidemment rien de comparable
entre un massacre de guerre et une histoire d’amour hollywoodienne.
…mais sincère
La
conviction de Sean Penn est totale et aveugle, mais c’est peut-être ce qui en
toute dernière extrémité sauve son film du désastre total. Au moins est-il
(parait-il) sincère, même si c’est exprimé de manière extrêmement maladroite.
Son film est impressionnant sur sa description crue de l’action humanitaire
dans un camp de réfugié, la mise en scène n’épargnant rien au spectateur. La
frontalité de ces scènes d’horreur médicale (type accouchement par césarienne
sans anesthésie au milieu de la jungle) est excessive parce qu’elle pourrait
flirter avec la complaisance mais elle témoigne d’une volonté de réalisme qui
frappe la conscience. Malgré tout le ridicule et les erreurs du projet, le film
parvient quand même à émouvoir lors de plusieurs scènes fortes.
« The
last face » est donc un échec comme on en voit rarement à de tels niveaux. D'où, peut-être, son intérêt. Il apprend une chose : qu’un réalisateur doit être capable d’un certain
détachement vis-à-vis de ce qu’il filme.
On retiendra…
Le réalisme terrifiant du film
sur l’horreur médicale des camps de réfugiés.
On oubliera…
Le ridicule du film qui
provoque aussi un malaise moral : il met sur le même plan la misère
provoquée par la guerre civile et les tourments amoureux de médecins
humanitaires…
« The last face » de
Sean Penn, avec Charlize Theron, Javier Bardem,…
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