vendredi 23 octobre 2015

Cramoisi (Crimson peak)

« Crimson peak » : derrière ce titre étrange (qui se traduirait par « Sommet cramoisi ») se cache une histoire gothique de fantôme et de maison hantée. Un genre auquel Guillermo del Toro, le réalisateur génial des « Hellboy » et du « Labyrinthe de Pan », semblait prédestiné. Il s’y attaque avec sérieux, respect et habileté.


Sérieux et respectueux
N’était l’apparition récurrente à l’écran d’un spectre, le réalisateur semble avoir contenu pour cette histoire sa fantaisie débordante (voire délirante). Obéissant à une forme classique (dans le sens mélioratif du terme), del Toro traite cette histoire de maison hantée et de secrets familiaux au premier degré, se reposant pour faire vivre cette histoire sur les interprétations impeccables de Mia Wasikowska et Tom Hiddleston, dont le physique convient parfaitement à ces rôles archétypaux de baron séducteur mais maléfique et de jeune rêveuse perturbée par des démons.
Cependant, trop respectueux, tant dans ses références parfois trop explicites (l’indépassable (?) « Shining » en tête, mais aussi « La maison du diable »), que dans l’obéissance aux codes du genre, le fantasque Guillermo del Toro s’est peut-être montré trop sage en cherchant à s’inscrire dans le « canon » du film gothique. Le scénario de « Crimson peak » est très bien construit mais est mis en scène avec une telle attention qu’il se devine quelque peu à l’avance. Ainsi, la révélation du grand secret du film n’étonnera ainsi personne.

Beau et horrible
Et pourtant, Guillermo del Toro réussit quand même son coup. S’appuyant (c’est sa signature) sur des effets spéciaux traditionnels et des décors réels, le film diffuse un charme enchanteur, et fait naître une émotion qu’aurait noyé le numérique. L’effroi est d’autant plus vif lorsqu’il est provoqué par des effets simples, quasi forains, dont le réalisateur use avec habileté.
« Crimson peak » est surtout d’une beauté magnifique. Le manoir où se déroule la majorité de l’action est une collection de bonnes idées de décor, habilement exploitées, à l’image de ce gisement d’argile qu’exploite le baron et dans lequel s’enfonce le manoir. Le rouge de cet argile s’immisce partout dans le manoir et envahit peu à peu l’écran, jusqu’à un final très sanglant, surprenant car flirtant avec le gore. C’est assez douloureux à regarder, et pourtant c’est sublime. La très belle musique de Fernando Velazquez ajoute encore à l’émotion du final.
A la conclusion du film, le charme a opéré : saisi par la beauté macabre de cette histoire, on a déjà envie d’y refaire un tour. Ce qui est un marqueur certain de la réussite du long-métrage (et une caractéristique de tous les films de del Toro).

On retiendra…
La beauté du film, qui tient à ses décors fabuleux, à sa mise en scène soignée et sa superbe bande originale. Le final gore.

On oubliera…
Le scénario ne ménage aucune réelle surprise, inscrivant le film dans un respect du genre de la fiction gothique qui n’est que discrètement détourné.

« Crimson peak » de Guillermo del Toro, avec Mia Wasikowska, Tom Hiddleston, Jessica Chastain,…

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